Le pouvoir, ça grise. La célébration de l’an dix de l’alternance en a administré la preuve la plus éloquente hier. Ceux qui sous le régime socialiste, arpentaient les rues de la capitale, rechignent aujourd’hui à s’adonner à ce qui jadis, était leur sport favori.
Sont-ils grisés par le pouvoir au point de détester marcher avec la populace qu’ils avaient pourtant convié à cet exercice, histoire de célébrer le dixième anniversaire de leur changement de statut. On ne peut l’affirmer. Cependant, le déroulement des faits le laisse subodorer.
Pape Diop et Abdoulaye Faye ont été les seuls à se mêler à cette marée humaine pour aller à « l’assaut » du palais de la république, avant de monter dans leur véhicule et laisser la grande masse de désœuvrés poursuivre sa randonnée. Il est clair qu’une fois qu’on a goûté aux lambris dorés de la cour, avec bureaux, salons, chambres à coucher et voitures climatisés, il devient suffocant de marcher à travers les rues polluées de Dakar.
Il est vrai également qu’il est plus confortable d’attendre sagement sous la tente, que de se taper des kilomètres à pied qui, forcément usent les souliers, mais aussi épuisent les muscles.
Cette attitude serait elle le signe d’un divorce avec ce peuple qui l’avait adoré au point de le porter au pouvoir avec une période de grâce exceptionnelle. Ou est ce, les huées des commerçants de Sandaga qui protestaient contre « la cherté de la vie et l’inaccessibilité des couches démunies aux soins médicaux », qui ont poussé les deux téméraires à s’engouffrer dans leurs luxueuses limousines pour aller attendre sagement devant les grilles du palais.
En tout état de cause, force est de reconnaître qu’il y a un hiatus entre les tenants du pouvoir et les populations, car aucun membre du gouvernement n’a daigné se taper ses quelques kilomètres entre la poste de Médine et les grilles du palais.
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