Une Ag tenue samedi dernier au Centre culturel de Louga a semé la division au sein de la communauté maure du Sénégal dont une partie considère que le Président Wade a mieux géré le Cheikh Abdourahmane Fall «Tilala» que cette communauté. Par Pape DIAKHATE
«Abdoulaye Wade n’a pas géré la communauté maure, il a géré Tilala.» Ces propos sont de Madiama Fall, se présentant comme le coordonnateur de la Commission de pilotage du Mouvement national des maures du Sénégal. Il considère «la page Tilala tournée. Ce n’était pas la personne qu’il fallait à la tête de notre mouvement». L’Ag tenue samedi était «pour maintenir l’unité de la communauté maure et éviter sa dislocation». Pour cela, une structuration s’impose et passe par la tenue d’un congrès dans une des régions du Sénégal. «Nous voulons avoir des personnes démocratiquement élues par la communauté maure pour éviter des choses qui ne vont pas nous mener loin», souligne-t-il.
«Après avoir adhéré de manière massive au Parti démocratique sénégalais le 21 février 2001, pour soutenir le Président Wade dans son élan de développement du Sénégal, nous sentons aujourd’hui que notre ethnie est laissée en rade», a soutenu Madiama Fall. Cependant, précise-t-il, son Mouvement n’est pas contre Wade, mais avec lui. Seulement, il s’interroge : «Est-ce que le président de la République accepte de manière formelle que la communauté maure participe au développement du Sénégal ?» C’est pour mettre en œuvre tout cela que s’est tenu le conclave de Louga. Et il en est ressorti qu’«une audience s’impose avec le président de la République pour permettre à la communauté maure de se sentir impliquée dans la gestion du Sénégal». Cette occasion devra aussi permettre de lui rappeler que «ses promesses n’ont pas été tenues».
«Les maures du Sénégal face à leur destin, en conclave à Louga.» Cette phrase sur une banderole à la devanture du Centre culturel régional contraste avec la physionomie de l’Ag qui, à défaut de remplir la salle, s’est tenue sur la scène de spectacle. Selon le coordonnateur du mouvement, les régions de Louga, Saint-Louis, Thiès, Dakar et Tambacounda ont été représentées «et au plus haut niveau». La défection des autres régions, il la met sur le compte de problèmes de communication.
Si les initiateurs de ce conclave expliquent le choix de Louga par sa position de carrefour plus facile à rallier, le responsable régional de la Communauté des maures du Sénégal n’a pas tardé à monter au créneau. «Il s’agit de cinq responsables de la communauté n’ayant demandé à personne son avis, mus par l’empressement devant des insinuations de proximité entre Tilala et Macky Sall et son prétendu éloignement vis-à-vis de Me Wade, qui prétendent parler au nom de tout le monde», a répliqué Raamdaan Diakhaté. Il soutient avoir convaincu beaucoup d’invités des autres régions à ne pas venir. Outre Madiama Fall de Kébémer, il a cité parmi les initiateurs de la rencontre Adja Dado Diop de Pikine, présidente nationale des femmes, Cheikh Fall de Médina Gounass (Dakar), responsable des jeunes, Bahaïda Babou de Malika, chargé de mission, un nommé Khassim, ancien chef de protocole de Tilala, et Mamadou Dieng de Kébémer. Aux yeux du responsable local des maures, ces personnes sont aussi responsables que Tilala de la gestion de leur communauté. Et il les considère comme des spécialistes de la pirouette pour avoir été tour à tour avec Abdou Diouf jusqu’à la fin de son règne, Ahmet Khalifa Niasse ensuite avec «cinq cent mille maures», Abdoulaye Wade enfin par l’acte d’allégeance de «trois cent mille maures».
Correspondant