Dakar, 18 mars (APS) – Le journaliste Mamadou Sy Albert dresse dans son ouvrage consacré au cinquantenaire de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), une nouvelle reconfiguration de l’espace universitaire où les joutes intellectuelles font place à une cantinisation, une marchandisation à outrance, une baisse du niveau intellectuel des acteurs universitaires et un appauvrissement culturel généralisé.
‘’L’autre facette de l’UCAD, c’est aussi cet environnement peu propice à la sécurité, à la paix et à la quiétude de l’esprit’’, constate le journaliste dont l’ouvre s’intitule : ‘’UCAD cinquante ans après…Les mutations profondes de la communauté universitaire’’.
‘’Les commerçants font désormais partie du quotidien de l’espace universitaire, fait-il observer. Ils sont dans les résidences universitaires, dans les halls des facultés et autour de l’université. Jamais de mémoire d’universitaire, pareil phénomène dont on ne mesure les conséquences sur le fonctionnement de l’enseignement supérieur n’a existé dans le campus’’.
Selon l’auteur, ‘’cette culture de +cantinisation+ des espaces pédagogique et social aura des conséquences douloureuses sur le visage de l’université dans les prochaines années et la gestion des espaces publics’’.
Les autorités académiques ont récemment mené une opération de désencombrement et plusieurs cantines ont été détruites. Leurs propriétaires envisagent de déposer une plainte contre les autorités de l’université et celles de la commune d’arrondissement de Fass, Gueule-Tapée et Colobane.
Ils réclament 500 millions de francs CFA à titre de dédommagement et veulent revenir s’installer à cet endroit d’où ils sont déguerpis. Les cantines détruites abritaient des cybercafés, des restaurants et d’autres services qui faisaient le bonheur des étudiants.
‘’Les scolarités sont devenues des marchés, déplore le journaliste. L’atmosphère de la rentrée académique n’a rien à envier aux marchés Sandaga et Tilèn. Il n’y a aucun ordre sinon celui imposé par les muscles’’.
Il préconise, dans ce contexte, que le système d’encadrement des nouveaux étudiants soit repensé, eu égard au changement de mentalité à l’origine ‘’des ravages qui se mesurent à l’aune des difficultés rencontrées par les étudiants au moment de la rédaction de leurs mémoires de maîtrise et même des thèses.
‘’L’univers culturel se réduit à l’offre de la Bibliothèque universitaire de Dakar, selon lui, de sorte que ‘’des efforts sont à fournir en matière d’accès à la documentation scientifique, à la culture générale et l’animation des campus pédagogiques s’impose pour améliorer les insuffisances de l’environnement culturel et spirituel’’.
‘’Ce qui se passe dans l’administration des Facultés et les scolarités mérite d’être connu’’, également. ‘’Le personnel administratif, technique et de service ne parle pas français’’, relève encore Mamadou Sy Albert.
‘’C’est à se demander si les agents universitaires répondent réellement aux besoins et aux exigences d’une administration d’une université qui a pour credo l’excellence dans le domaine de l’enseignement et de la recherche’’, selon le journaliste, depuis 2004 aux Presses universitaires de Dakar en tant que chargé de communication.
Il en conclut que ‘’l’usage systématique des langues nationales a, dans une large mesure, affaibli le français et créé le contexte d’appauvrissement culturel généralisé’’.
Ce qui fait que, selon lui, ‘’il faudra réfléchir sur les liens entre la baisse de niveau des étudiants, la qualité des enseignements et cette administration peu préparée à accompagner des enseignants et des étudiants’’ travaillant à produire des idées et à faire de la recherche.