Le pacte entre Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry n’aura cessé d’entraver la course de la maire de Lille. Jusqu’à la petite phrase prononcée lors du JT de Claire Chazal.
Est-ce une fatalité? La candidature de Martine Aubry est-elle à jamais liée au destin de Dominique Strauss-Kahn?
A regarder l’intervention de DSK dimanche soir sur TF1, la réponse est évidente: oui. La maire de Lille a passé ces dernières semaines à gommer l’image d’une candidature de substitution, à nier l’existence même d’un « pacte », à affirmer qu’entre elle et « Strauss », « rien n’était réglé ». Et voilà que lui- même affirme avoir voulu « être candidat » et confirme l’existence d’un « pacte ».
C’est le dernier épisode d’un feuilleton, dans lequel les ambitions politiques de Martine Aubry et de DSK n’ont cessé de se croiser.
Tout un symbole: le 28 juin, elle déclare solennellement sa candidature à l’Elysée depuis son fief lillois. L’élue pense avoir conjuré le sort. Elle se fait enfin entendre. Pas longtemps.
Trois jours plus tard, l’affaire DSK rebondit avec fracas. Les propos de l’accusatrice Nafissatou Diallo ne sont plus crédibles. Patatras! On ne parle plus que de Dominique Strauss-Kahn. Plus un mot, ou presque, sur Martine Aubry. Difficile dans ces conditions d’imprimer une dynamique. Ses rivaux, notamment dans le camp de François Hollande, la ramènent avec perfidie au rôle de « candidate par substitution ». Les orphelins de la Strauss-kahnie, dont certains la rejoignent, semblent, eux, déboussolés, voire démotivés.
Après l’abandon des charges contre DSK à la fin de l’été, la presse assaille à nouveau Aubry de questions. Un vrai sparadrap… « J’aimerai qu’on attende la parole de Dominique », s’agace-t-elle le 30 août, sur le plateau de Canal+. « J’attends que Dominique Strauss-Kahn s’exprime comme je viens de vous le dire pour la troisième fois ».
Leur pacte était censé sceller une entraide entre les deux anciens ministres de Lionel Jospin en vue du congrès de Reims, puis la primaire. Il aura tourné au pacte de neutralisation réciproque. Résumons: des mois d’observation mutuelle, d’une rive à l’autre de l’Atlantique. Des mois à esquiver les questions sur la présidentielle. Et pour Aubry, une attitude sibylline qui aura alimenté le procès en manque d’envie élyséenne.
Avec le dénouement du DSKgate, Aubry doit maintenant se rabibocher avec une frange de l’électorat féminin et veiller à tourner la page de ce feuilleton judiciaire. Pas simple. « Encore aujourd’hui, chacune de ses interventions est travaillée pour qu’aucun mot ne puisse être interprété comme un message en direction de DSK », confie un proche de la candidate.
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