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La CIA et le MI6 collaboraient avec Kadhafi

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Des documents découverts à Tripoli révèlent que les services de renseignement américains et anglais ont livré des informations sur des opposants au régime du colonel Kadhafi.

La CIA et le MI6 ont travaillé étroitement avec les services de renseignement de Mouammar Kadhafi en donnant des informations sur des opposants aux régimes ou en livrant des terroristes présumés à la Libye pour qu’ils soient interrogés, selon des archives découvertes dans un immeuble des services secrets libyens à Tripoli par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW).

Sous l’administration de l’ancien président George W. Bush, la CIA a ainsi livré de présumés terroristes au régime du colonel Kadhafi en suggérant les questions que les Libyens devaient leur poser, rapporte le Wall Street Journal, en citant ces documents découverts au siège de l’agence de la sécurité extérieure libyenne.

«Chapitre très sombre des renseignements américains»
Le cas d’Abdel-Hakim Belhaj, commandant des forces rebelles anti-Kadhafi qui contrôlent désormais Tripoli, est particulièrement significatif. Ancien chef du Groupe islamique combattant (GIC) libyen, un mouvement aujourd’hui dissous qui était proche d’al-Qaida, Belhaj dit avoir été torturé par des agents de la CIA dans une prison secrète, avant d’être renvoyé en Libye. Dans des documents datant de mars 2004, des Américains semblent avoir organisé sa reddition, tout en réclamant qu’il «soit traité humainement» et que ses droits «soient respectés».

À cette époque, l’agence américaine avait par ailleurs établi «une présence permanente» en Libye. L’information figure dans une note d’un des hauts responsables de la CIA, Stephen Kappes, adressée au chef des services secrets libyens de l’époque Moussa Koussa. Ce dernier, qui fut aussi ministre des Affaires étrangères, est arrivé à Londres le 30 mars après avoir fait défection, et est reparti vers le Qatar.

Peter Bouckaert, de HRW, qui a trouvé les documents, a qualifié les liens entre Washington et le régime de Kadhafi de «chapitre très sombre dans l’histoire des services de renseignement américains». «En 2004, les Etats-Unis avaient réussi à convaincre le gouvernement libyen de renoncer à son programme d’armes nucléaires et d’aider à arrêter les terroristes qui visaient les Américains», justifie un responsable américain cité par le journal, qui rappelle que la Libye tentait à cette époque de rompre son isolement diplomatique.

«Salutations du MI6»Le quotidien anglais The Independent publie des informations similaires. Il cite un document américain classé «secret» annonçant que les services américains étaient «en mesure» de livrer «physiquement» aux Libyens un homme, Cheikh Moussa, présenté comme membre d’un groupe lié à al-Qaida.

Le journal pointe aussi les relations entre les services libyens et britanniques à la même époque. Selon lui, la Grande-Bretagne a aussi communiqué des informations sur des opposants en exil du régime Kadhafi. Dans une lettre du 16 avril 2004, les services secrets britanniques informent leurs homologues libyens qu’un militant libyen vient d’être libéré en Grande-Bretagne. Les archives comprennent des lettres et fax adressés à Moussa Koussa, portant les mentions «Salutations du MI6».

Plusieurs documents ont aussi trait à la visite très médiatisée de Tony Blair à Tripoli en 2004, montrant que c’est l’ancien premier ministre britannique qui a insisté pour être reçu par Kadhafi sous sa tente, une note assurant même que «les journalistes allaient adorer». Selon les notes retrouvées à Tripoli, les services secrets britanniques ont aussi aidé à rédiger le discours où Kadhafi annonçant qu’il renonçait aux armes de destruction massives.

avec le parisien

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