Pyongyang a annoncé dimanche 26 juillet son premier cas « suspecté » de Covid-19 dans le territoire, détecté dans la ville de Kaesong, qui a été mise en confinement et placée en état d’« urgence maximale ». Les autorités affirment qu’il s’agit d’un fugitif, mais Séoul n’a pas d’informations sur une tentative de passage illégal de l’une des frontières les plus surveillées au monde.
Elle se disait intouchée malgré les 1 400 km de frontière poreuse avec la Chine. La Corée du Nord a fait état dimanche de son premier cas « suspecté » de coronavirus. Il s’agirait d’une personne qui « est rentrée le 19 juillet après avoir franchi illégalement la ligne de démarcation » qui fait office de frontière avec la Corée du Sud, a annoncé l’agence officielle KCNA.
La ville de Kaesong (Sud), près de cette zone, a été mise en confinement et s’est placée en état d’« urgence maximale » pour enrayer le fléau.
Si confirmé, il s’agirait du premier cas officiellement recensé de Covid-19 en Corée du Nord où l’infrastructure du système de santé est particulièrement inadéquate pour traiter une telle épidémie.
Pas d’information sur un éventuel passage illégal de frontière
L’agence KCNA présente la personne suspectée de porter le virus comme « un fugitif qui s’est rendu dans le Sud il y a trois ans » et a été retrouvé dans la ville de Kaesong, à la frontière avec la Corée du Sud. Cette personne aurait ainsi réussi à franchir la frontière lourdement fortifiée qui sépare les deux pays.
La ville de Kaesong, vue depuis la zone démilitarisée séparant les deux Corées, le 25 septembre 2013. REUTERS/Lee Jae-Won/File Photo
Toutefois, en Corée du Sud, il n’y a pas eu d’informations sur une quelconque tentative de passage frauduleux de cette frontière. Celle-ci est marquée entre autres par des zones minées et est l’une des frontières les plus surveillées militairement du monde.
Selon l’agence KCNA, la personne en question « a été dans un premier temps mise sous stricte quarantaine ». Tous ceux « qui sont entrés en contact avec cette personne et celles qui sont allées dans cette ville ces cinq derniers jours font l’objet d’une enquête approfondie ».
Aucun cas officiel malgré 1 400 km de frontière poreuse
Pyongyang avait auparavant assuré qu’il n’y avait aucun cas de coronavirus et que les frontières du pays resteraient fermées. Cela alors que la Chine et la Corée du Nord partagent 1 400 kilomètres de frontière particulièrement poreuse durant l’hiver, lorsque les rivières gelées facilitent les passages clandestins. Quotidiennement, des dizaines de ressortissants de la Corée du Nord franchissent la frontière pour acheminer des produits de contrebande. Selon les analystes, ils ont probablement transporté le virus dans ce pays isolé, avant même la fermeture des frontières.
« Sans doute le coronavirus a-t-il été importé dans le Nord depuis la Chine », a dit Go Myong-hyun, un analyste de l’Institut Asan pour des études politiques, soulignant le trafic frontalier élevé entre les deux pays et le nombre important de cas rapportés par Pékin.
« Vicieux virus »
Suivez toute l’actualité internationale en téléchargeant l’application RFI
Pour faire face à la « situation dangereuse (…) qui pourrait conduire à une catastrophe mortelle et destructrice », le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a convoqué samedi 25 juillet une réunion d’urgence du bureau politique pour adopter un « système d’urgence maximal et émettre une alerte de haut niveau » pour contenir l’épidémie, a affirmé l’agence officielle.
Malgré des mesures de quarantaine stricte, « on dirait que le vicieux virus est entré dans le pays », a dit Kim Jong-un selon KCNA.
Pour sa part, le voisin du sud a signalé samedi 25 juillet une recrudescence des cas : la Corée du Sud a enregistré son bilan le plus élevé en près de quatre mois, avec 113 nouveaux cas, dont 86 concernent des personnes arrivées de l’étranger.
Rfi