En cette période de pandémie du Covid19, les décisions des autorités administratives ne manquent pas, même s’il faut s’interroger légitimement sur leur efficacité.
Toutefois, pour le moment, le mot d’ordre demeure de combattre le coronavirus par tous les moyens possibles.
C’est dans ce contexte que s’inscrit d’ailleurs la note n° 1284/MEC/CAB/DC/SIMEN/andf du 21 avril 2020 du Ministre de l’éducation nationale qui, dans le cadre de la mise en œuvre de l’initiative « APPRENDRE A LA MAISON », invite les enseignants et les Inspecteurs d’académie à s’inscrire pour suivre la formation à la création de classes virtuelles.
Si la pertinence de ce projet n’est pas discutée, il en demeure autrement quand à l’efficacité et l’efficience du programme à intégrer le monde rural dans les classes virtuelles.
Nous rappelons, suivant le rapport de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) de 2016, que plus du tiers des ménages au Sénégal (38,9%) ne dispose pas d’électricité. Ce taux est essentiellement composé des ménages ruraux qui représentent 68,9%.
Le Ministre voudrait (je lui donne vraiment du crédit) que l’ensemble des élèves aient accès aux classes virtuelles sur l’ensemble du territoire. C’est vraiment louable et salutaire à la fois, pour ce siècle des innovations technologiques.
Mais, il est évident que le monde rural ne pourra pas accéder aux classes virtuelles sans avoir accès à l’électricité. L’internet rime avec électricité. Sans électricité, sans internet, donc pas de classes virtuelles.
Si au 21ème siècle, il existe encore plus de 38% de ménages qui ne disposent pas d’électricité, cela montre que l’État a encore du travail à faire.
En se limitant uniquement au programme « APPRENDRE A LA MAISON », nous comprenons ô combien l’électricité est devenue une nécessité et non un luxe.
Ne sacrifions pas l’avenir des enfants issus du monde rural !
Mouhamadou Bassirou Baldé avocat.