En inventant le football, en 1880, les britanniques étaient loin de s’imaginer qu’il aurait ce rayonnement planétaire et qu’il aurait imposé son dictat sur toutes les activités du monde, en dépit de la très forte opposition des français qui étaient particulièrement effrayés par ses dérives liées au professionnalisme (transferts, paris d’argent) que l’on considérait, à l’époque, comme la pire des défauts des anglais (1). Au-delà de cette importante considération, c’est la première fois que l’Afrique organise cette grandiose ‘’fête du football’’, prions donc pour qu’à défaut d’une mention honorable, nous ne soyons pas ridicules, tant au niveau de l’organisation que de la compétition proprement dite. Certes, l’Afrique a été honorée, mais elle ne doit guère s’enflammer et perdre sa lucidité ; car avec tout ce qui l’attend comme tâches, le réveil pourrait être très douloureux ; ainsi, il est important pour les intellectuels – dont les religieux – de prendre de la distance par rapport à l’emballement médiatique, pour analyser le phénomène avec la plus grande objectivité, tant au niveau du bilan que des perspectives. En vérité, le football est devenue une vraie passion pour des millions d’individus et surtout un très gros bisness, brassant des milliards de dollars ; il est devenu le lieu d’une très grande spéculation financière ; en témoignent les sommes faramineuses mobilisées pour l’achat et les transferts de joueurs ; cette situation est à l’origine d’une suspicion légitime de blanchissement d’argent sale. Quoiqu’il en soit, il n’est point nécessaire d’être expert pour savoir que le foot est dans une énorme bulle ; et il faut donc s’attendre à se qu’elle se rompe, à l’instar des autres activités spéculatives, surtout dans ce contexte de crise économique et financière qui est entrain d’accabler l’occident et le reste du monde.
Certes, le foot est une distraction et l’homme a besoin de s’épanouir et de rêver, mais les africains qui sont frappés de tous les maux (pauvreté, crise alimentaire et énergétique, sida et autres pathologies) ont aussi besoin de lucidité et devraient donc avoir d’autres priorités. Oui, l’Afrique n’a pas le droit de céder à la dictature du foot qui ne profite qu’à une certaine oligarchie ; elle a besoin de travailler pour améliorer son sort ; elle ne doit pas se contenter d’une autosatisfaction d’avoir été à la hauteur de l’organisation d’une manifestation aussi grandiose que la Coupe du monde ; ainsi, il s’agit-là d’un faux challenge ; oui, les vrais challenges sont ailleurs. En vérité, ce n’est pas le foot qui assurera à l’Afrique le destin dont elle aspire légitimement ; oui, le foot n’a jamais développé aucun pays ; il est avant tout une passion et donc forcément associé à la violence et à la turpitude – c’est connu, la coupe du monde est actuellement associée à la prostitution et aux jeux de hasard.
Malheureusement, les hommes politiques surfent toujours sur les passions du peuple, donc sur tout ce qu’ils pensent pou