De 2021 à nos jours, le Sénégal vit dans un contexte généralisé de difficultés : cherté de la vie, chômage des jeunes, système sanitaire et éducatif peu désireux, immigration, violence… A ces difficultés l’attention du peuple se fait résorber dans la distraction des politiciens avec des mobilisations de ressources sans précédent en fonction des perspectives de profits escomptées. Comment se soustraire à la distraction politicienne dont l’emballement écocidaire et égocidaire paraît de plus en plus clairement avéré ? Comment résister à cette colonisation de nos attentions ?
Avec le « report « ou l’annulation comme ils se plaisent à le dire dans tous les plateaux médias de la date de la tenue du scrutin présidentiel du 25 février 2024, le Sénégal a véritablement acté la distraction comme moyen de gouvernance par excellence. Ainsi, face aux urgences et aux défis majeurs de développement, de chômage, de scandales financiers c’est la distraction qui est brandi pour éloigner le peuple de l’essentiel… Comment se soustraire à cette distraction qui constitue la nouvelle dynamique des politiciens et résister à cette colonisation de nos attentions ?
Répondre à ces questions n’est pas aisé car le mal est tellement profond. La distraction est utilisée consciemment pour reporter les urgences. Chaque fois qu’il y a des dossiers brulants atteignant des sommités, il faut forcément aux heures qui suivent apporter la réplique par la mise en scène d’une rocambolesque histoire de distraction, l’enfler, le médiatiser dans le seul but de détourner et de dérouter tout contrevenant et étouffer le dit scandale. Pire nos hautes instances de décision censées promouvoir la rigueur, la transparence et le contrôle sont devenues des laboratoires de la distraction épaulées par une certaine presse à leurs soldes. Ainsi, la distraction est érigée en mode de gouvernance permanente et est symbole de vitalité institutionnelle. On monte de toute pièce des dossiers impropices et improbables que l’entendement même rejette à bloc mais on nous les pilonne, on nous les bombarde et on nous les force rien que pour faire détourner l’essentiel. Le report des élections en est un cas patent. Revisitons l’historique des scandales financiers(détournements, blanchissement d’argent…) qui ont piaulé l’actualité ces derniers temps au même moment ce sont les affaires politico-judiciaires contre Sonko qui sont agitées pour étouffer les véritables enjeux. Malgré une demande sociale pesante d’éclaircissement de certains dossiers qui avaient déferlé l’actualité, l’Assemblée Nationale et ses « dépités » n’en ont cure et jugent nécessaire de mettre des commissions d’enquêtes parlementaires pour des questions de moindre importance. C’est encore cette machinalisation de la distraction. Pourtant nous sommes conscients que l’avenir commun du Sénégal et des sénégalais dépend exclusivement de l’attention que nous porterons sur des sujets à valeur ajoutée, sur les enjeux majeurs et sur le développement socioéconomique, à commencer par les décideurs que nous avons élu comme par ceux que nous n’avons pas élu. La distraction est pour les politiciens le meilleur moyen d’interrompre l’incendie, en arrêtant d’alimenter un feu qui vit de l’attention qu’on lui porte. C’est en cela qu’elle devient colonisatrice de nos attentions.
En effet, les complaintes proposées pour stabiliser l’attention, le recul critique en prenant leur contrepied et la capacité de ne pas disperser son attention sur des détails futiles qui nous feraient perdre de vue votre objectif et perdre du temps constitueront les logiques collectives qui sursollicitent nos attentions et des dynamiques transindividuelles qu’il convient de trouver des solutions. C’est pourquoi il importe au peuple de refuser la distraction d’où qu’elle provienne pour se focaliser sur l’essentiel.
En somme, à l’heure où nos attentions sont assiégées par des ciblages de plus en plus finement focalisés sur la distraction,la confiance dans la maladresse sur une politique qui ne relève pas d’une dopamine des multitudes où les précieuses réponses à nos problèmes les plus urgents sont déportées loin des questions qui nous sont adressées. La culture de la distraction est devenue au Sénégal ce mal qui ruine le pays et ses acteurs des sangsues des rêves du peuple.
« Osons le changement »
Nicolas Silandibithe Bassène
Eh oui. une bonne perception de la réalité sénégalaise. Mieux, osons la transformation