Le match : 2-0
Ils en ont rêvé pendant si longtemps que maintenant l’exploit à leur portée, difficile de réaliser. Dans une chaleur étouffante et un Vélodrome incandescent, les Bleus se sont qualifiés pour la finale de l’Euro, leur Euro, ce jeudi aux dépens de l’Allemagne (2-0), championne du monde. Dimanche au Stade de France, ils devront encore se défaire du Portugal de Cristiano Ronaldo pour entrer dans l’histoire et offrir un troisième trophée continental à l’équipe de France. En attendant, les joueurs de Didier Deschamps ont déjà accompli un exploit gigantesque. De ceux qui marquent une époque. Comme bien d’autres l’ont fait avant eux.
Dès les premiers instants, les Français, décidés, ont affiché leurs intentions : pas question de rester derrière à défendre. Ils ont effectué un gros pressing lors des sept premières minutes, ont empêché la Mannschaft de ressortir le ballon proprement et se sont créé une première énorme occasion. A l’issue d’un double une-deux entre Blaise Matuidi et Antoine Grizeman, l’attaquant s’est ouvert le chemin du but mais sa frappe à ras de terre a été détournée par un Manuel Neuer vigilant (7e). Le reste de la première période a été largement maîtrisée par les champions du monde, car la mécanique allemande s’est mise en marche. Ce qui a fait reculer le bloc tricolore. Mais ni Can (14e), ni Muller (32e et 39e) n’ont pas réussi à concrétiser cette domination.
Et ils en ont subi les conséquences avec un penalty marqué par Griezmann juste avant la mi-temps (voir ci-dessous), tel un coup du sort. Dès lors menés au score, les hommes de Jocahim Löw n’ont plus connu la même emprise. Malgré une possession toujours aussi importante (68% au total), le rapport de forces s’est équilibré. Organisés autour d’un grand Hugo Lloris et d’une charnière Koscielny-Umtiti très concentrée et extrêmement solide, les Tricolores ont tenu bon. Ils ont même accru leur avantage, toujours par Griezmann, après un gros travail de Pogba et un ballon relâché par Neuer (76e). Les offensives allemandes ont eu beau se multiplier en fin de match, les oppresseurs, trop brouillons (80e), maladroits (79e et 82e) ou malchanceux (74e et 90e), ont fini par rendre les armes. Face à plus forts qu’eux.
Le fait : le penalty offert par Schweinsteiger
Alors que les deux équipes se dirigeaient vers la mi-temps (45e+1), le temps s’est arrêté au Vélodrome. Dans un moment de flottement, sur un ultime corner, personne n’a vraiment compris ce qu’il se passait. Monsieur Rizzoli s’est dirigé tranquillement vers Bastian Schweinsteiger en lui adressant un avertissement. Il a alors désigné le point de penalty, sanctionnant une main en l’air du capitaine allemand, sur une reprise de la tête d’Evra. Les tribunes ont alors réalisé et ont rugi d’une clameur indescriptible. Malgré les protestations adverses, Antoine Griezmann n’a pas tremblé et a offert un avantage quasi-inespéré aux Bleus à la pause.
Le joueur : Antoine Griezmann en patron
Didier Deschamps avait choisi de maintenir son système en 4-2-3-1 en partie pour lui et le sélectionneur tricolore a bien fait. Car Antoine Griezmann a encore joué son rôle de patron à merveille. Alors que Giroud avait toutes les peines à se sortir du marquage, lui s’est en permanence glissé entre les lignes adverses. Très mobile et intelligent dans ses déplacements, il a usé de sa vitesse et de technique pour se jouer des grands gabarits allemands. Son action initiale avec Matuidi en est le parfait exemple. Il a su aussi faire preuve de sang-froid sur le penalty (45e+2) et d’opportunisme (72e), pour signer un doublé qui font de lui plus que jamais le meilleur buteur du tournoi, avec six réalisations. Bientôt le digne héritier de Michel Platini ?
Il aura fallu attendre 58 ans pour voir les Bleus terrasser enfin la grande Allemagne en compétition officielle. Après trois échecs au Mondial en 1982, 1986 et 2014, l’équipe de France a enfin pris sa revanche. Elle n’avait plus battu son pire ennemi depuis le Mondial 1958.