Les autorités françaises, qui ont interdit les prières de fidèles musulmans dans la rue à compter de vendredi, ont ouvert de nouveaux lieux de culte, notamment à Paris, pour mettre un terme à cette pratique devenue objet de polémiques politiques.
Déterminé à mettre fin à cette pratique apparue il y a une dizaine d’années dans certains quartiers faute de mosquées suffisamment grandes, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant avait prévenu dimanche qu’il n’y aurait «plus de prières dans la rue dès le 16 septembre».
Dans le même temps, des accords ont été trouvés jeudi à Paris et à Marseille (sud) entre les autorités et les représentants du culte musulman pour l’ouverture de lieux de culte provisoires.
Dans la capitale, une ancienne caserne de pompiers a ainsi pour la première fois accueilli vendredi les fidèles des mosquées des rues Myrha et Polonceau, dans le quartier populaire de la Goutte d’Or, qui faute de place avaient l’habitude de prier à ciel ouvert sur le pavé entre voitures et passants.
Quelque 2000 personnes se sont pressées pour la prière hebdomadaire en ce nouveau lieu de culte provisoire, situé boulevard Ney près du périphérique, qui avec ses deux salles de 750 m2 et 600 m2, peut accueillir près de 2700 personnes, selon la préfecture.
L’imam de la mosquée de la rue Polonceau, Moustapha Hamdaoui, s’est félicité des nouvelles dispositions: «Cela soulage. Nous avons entre 2500 et 3000 fidèles et les gens n’aiment pas prier dans la rue, sous la pluie ou sous le soleil», a-t-il dit.
À Marseille, dans le sud de la France, les autorités avaient elles aussi annoncé jeudi «la mise à disposition provisoire» d’un espace, d’une superficie de 1000 m2.
«La plupart des associations gestionnaires de mosquées ont réussi à trouver des solutions permettant désormais d’éviter ces pratiques. En revanche, un petit nombre d’entre elles ne semblent pas pouvoir faire face à l’afflux des fidèles dans des locaux trop exigus», a expliqué la préfecture.
Déjà, deux nouvelles grandes mosquées avaient ouvert début août à Strasbourg (est) et Villeneuve-d’Ascq (nord).
«Si d’aventure il y a des récalcitrants, nous y mettrons fin», a prévenu dimanche le ministre de l’Intérieur, laissant entendre qu’il n’excluait pas de recourir à la force pour faire respecter la loi interdisant de prier dans la rue.
Mais malgré l’interdiction, à Paris environ 200 musulmans sont venus prier en début d’après-midi sur les trottoirs et la chaussée d’une rue de la Goutte d’or, a constaté un photographe de l’AFP. Les mosquées des rues Myrha et Polonceau seront fermées pendant trois à quatre semaines pour la prière du vendredi.
En banlieue parisienne, à Gennevilliers, ville qui dispose d’une nouvelle mosquée, quelque 200 musulmans ont également prié vendredi dans une rue, à l’appel d’une association s’opposant à la destruction prévue de leur ancien lieu de culte, a constaté une journaliste de l’AFP.
À Nice (sud-est), une centaine de personnes ont aussi prié sur un trottoir attenant à la mosquée du centre-ville, dont les locaux sont trop exigus pour accueillir tous les fidèles, a expliqué à l’AFP Razzouk Abdelhamid, le président de l’association Al-Baraka qui gère la mosquée.
Les musulmans qui, faute de lieux appropriés, prient dans les rues de quelques villes de France, font l’objet depuis plusieurs mois de critiques du chef de l’extrême droite Marine Le Pen et de plusieurs responsables du parti présidentiel de droite UMP.
Mme Le Pen avait soulevé un tollé en décembre en semblant faire un parallèle entre ces «prières de rue» et l’occupation de la France par l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.
La France compte de cinq à six millions de musulmans.
(avec cyberpresse)