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La lutte efficace contre la pauvreté doit se faire par la base avec des actes concrets et non des discours de lamentation.

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Au Sénégal, c’est tout le contraire qui se fait malheureusement, tout est dans le discours et peu dans les actes. La lutte contre la pauvreté est le cheval de bataille permanent et le prétexte tout trouvé de nos gouvernants, pour aller quémander de l’aide au nom des pauvres à travers le monde, ou alors d’emprunter à leur nom pour financer le développement. Et, ce constat indéniable, nous pouvons tous en témoigner si nous sommes de bonne foi. Car, la fameuse stratégie nationale de lutte contre la pauvreté tant vantée, n’a à ce jour, produit aucun effet significatif bénéfique aux pauvres, pour atténuer toutefois leurs peines, et ceci, depuis l’avènement de l’indépendance. Nous notons plus précisément, que la tendance s’est accrue négativement avec la survenue de l’Alternance en 2000, car Me Wade, d’autorité et arbitrairement avait pris la grave responsabilité d’enrichir à tout prix et sans cause, des individus à lui, sélectionnés parmi nous, au détriment de la grande majorité des pauvres, dont le nombre s’accroissait chaque jour davantage. C’est comme du reste, la potion magique que la Banque mondiale a ordonnée aux pays à faible revenu, à savoir les DSRP (Documents stratégiques de réduction de la pauvreté) qui n’ont rien réduit, bien au contraire. Ces pays se sont d’ailleurs endettés davantage, à cause du train de vie dispendieux qu’ils menaient et qui était insupportable par les ressources propres que pouvait générer leur économie.
Aujourd’hui encore, la règle semble établie chez nous, qu’il faut d’abord et avant tout, mettre tout à fait à l’aise et à l’abri de tout besoin, la minorité bureaucratique qui gère l’Etat. Et tant pis pour le reste du peuple ! Ce qui revient à dire, le parti avant la Patrie ou autrement dit, à nous le beurre et aux autres le petit-lait. Il s’agit effectivement de ce personnel politique, collaborateur du chef de l’Etat au premier degré et à tous les niveaux de l’Etat, qui bénéficie plus que de raison déjà, de salaires faramineux et des privilèges exorbitants de tous ordres en sus, créés et décidés arbitrairement, sans aucun rapport avec les capacités, de nos ressources propres réelles de l’heure d’abord, et ensuite de leurs compétences avérées. Ce personnel particulier, allocataire de toute cette grappe de privilèges, est d’ailleurs plus au service politique exclusif du chef de l’Etat, que du peuple sénégalais. Nous savons tous que le train de vie du sommet de l’Etat est très au-dessus de ce qu’il devrait être dans les normes dans un pays pauvre tel que le nôtre. Celui-ci est sans rapport avec l’état réel de nos capacités financières du moment. Dans de pareils cas et en général, la souveraineté nationale et les prérogatives du chef de l’Etat lui dictent et l’autorisent, si réellement, sa véritable volonté, c’est de combattre efficacement la pauvreté, les inégalités et autres disproportions en cours dans le pays, de réviser de fond en comble tout cela en baisse et en conformité avec la situation réelle et la justice sociale. En quoi faisant : en révisant et ramenant à la juste mesure qui correspond à notre niveau de développement réel, tout ce qui a été fait d’anormal et légalisé dans le passé, par des lois d’exception prises d’autorité ou par excès de pouvoir ; en s’appuyant surtout sur une justice sociale sans équivoque, propre à la République et l’Etat de droit ; en ne dérogeant pas aussi du principe sacro-saint de l’égalité des chances entre tous les citoyens sénégalais sans parti pris ni discrimination aucune. La lutte efficace contre la pauvreté exige nécessairement, la réduction des inégalités criardes dans la redistribution du produit national et la suppression des privilèges en tous genres dans notre pays.
En effet, à cause des privilèges et autres avantages exorbitants accordés en ce moment aux ministres, députés, directeurs généraux et directeurs, chefs d’Agence, conseillers, fonctionnaires détachés, et j’en passe, tout cela sans commune mesure avec les services rendus par eux à la Nation, font ainsi que tout le monde se rue et se batte à mort vers ces fonctions-là. Fonctions pour lesquelles, on leur demande plus de fidélité et d’attachement indéfectible au chef de l’Etat que plutôt d’une compétence avérée ou d’un sacerdoce au service de la Nation.
Il est vraiment temps et même urgent maintenant, de repenser de manière approfondie et de réviser fondamentalement cette forme actuelle indécente de redistribution du produit national entre les Sénégalais. Elle doit se faire dorénavant sur la base de critères objectifs plus équitables, qui tiendraient absolument compte du niveau de la pauvreté de notre pays que nous avons en partage, de l’écart énorme et injustifiable des émoluments entre ceux qui sont au sommet de l’Etat et le reste des autres citoyens travailleurs. Il faut immanquablement revenir à l’orthodoxie, en se fondant sur le code et la législation du travail en matière de détermination du salaire pour les non fonctionnaires et, au statut général de la Fonction publique pour les fonctionnaires. Ce qui s’entend mettre tout le monde sur le même pied. Cette disparité et ces inégalités criardes dans le traitement salarial entre travailleurs, est une injustice sociale inacceptable, que rien ne peut justifier dans une république et un Etat de droit. Ce phénomène a été intensifié outrancièrement avec Me Wade, et il demeure encore en cours aujourd’hui, mais sous une forme peut être différente. Ce qui fait dire à beaucoup d’entre nous qu’il n’y a pas de rupture effective, mais plutôt, une continuité du wadisme version maquillée tout simplement. Le nivellement par la réduction des écarts de revenus entre le sommet de l’Etat et la base, est une nécessité absolue et une justice sociale qui voudrait que les peines ou la pauvreté, comme les produits soient répartis équitablement entre nous selon les mérites.
Il existe certes plusieurs voies pour combattre efficacement la pauvreté, mais celle, la plus sure nous semble-t-il, est celle qui assure la consommation durable. Ce qui suppose tout naturellement, d’offrir des emplois avec des alaires décents au plus grand nombre des demandeurs, pour leur permettre de subvenir de manière pérenne à leurs besoins minimums incompressibles par eux-mêmes. Et comme le dit si justement le proverbe chinois : « Mieux vaut apprendre à quelqu’un comment pêcher que de lui donner un poisson ». En effet, pour une solution durable contre la pauvreté, il faut rendre nécessairement les familles autonomes. Et ce ne sont pas certainement, les bourses familiales de 25000F par trimestre, qui sont certes mieux que rien, parce que trompant temporairement, la faim de certaines d’entre elles pour un moment, qui vont constituer véritablement la solution idoine ?
En parlant d’emploi pour les jeunes en général, nous pensons concrètement, sans distinction de genre, à celui décent, durable et sécurisant. Par conséquent, loin de nous de prendre en compte cette fameuse agence qualifiée pompeusement de sécurité de proximité, qui est une grave erreur et une perte d’argent, parce que jeté à la fenêtre, et qui ne tardera pas montrer ses limites. Le président Macky Sall et son gouvernement persistent ou plutôt s’entêtent à mettre en service cette agence contre vents et marées, ils feignent de ne pas regarder la réalité en face, en tenant simplement compte des critiques objectives formulées à son endroit. Il faut le dire à haute et intelligible voix, que cette Agence est tout, sauf une création d’emplois. Cette structure, avec sa masse de 10000 agents, qui auraient bien pu servir à renforcer davantage la Police, la gendarmerie, le corps des sapeurs pompiers, etc., et surtout, en prévision des nouvelles créations de collectivités locales qui seront issues de l’acte3 de la décentralisation, prévues en 2014. Voici une agence, que même le directeur en personne, peine à cerner ses contours et sa structuration hiérarchique. Cette masse, constituée d’individus sans qualification précise, sont par ailleurs dépourvus aussi du minimum requis de formation de base, pour le rôle qui leur est dévolu. Elle prête sérieusement à confusion, et pourrait bien constituer ultérieurement, plutôt un monstre très dangereux et incontrôlable, pour notre sécurité publique. En fait, cette agence comme force hybride sans attache précise, sinon à la présidence de la République ou peut-être à l’APR, aura-t-elle un commandement militarisé ? De quel budget de l’Etat relèvera-t-elle? Voilà autant d’interrogations qui demeurent sans réponse pour nombre de citoyens.
Ainsi, le Gouvernement, au lieu de se focaliser sur les actions d’éclat et autres folklores qui font tilt certes, avec leurs effets d’annonce, mais qui ne mènent pas loin, sinon juste le bref temps d’un feu de paille, il vaudrait mieux pour lui, qu’il consacre l’essentiel de ses efforts et moyens, à relever le bas niveau de vie de la majorité de la population, qui vit relativement dans une pauvreté. Quand on veut gouverner un pays sobrement, efficacement et socialement juste, on doit s’appuyer sur l’équité, l’efficience et tenir compte des préoccupations majeures et de l’intérêt général de la majorité de la population et non strictement de la minorité qui gouverne. Nous avons tellement décrié le partage du gâteau que faisait Abdoulaye Wade, qu’il va de soi, que nous ne pourrons plus admettre cela en aucune façon pour qui que ce soit. Alors, avant qu’il ne soit trop tard monsieur le président de la République, il faut changer de fusil d’épaule et vous consacrer à votre tâche essentielle, qui est celle de satisfaire les besoins essentiels de la grande majorité des Sénégalais. Et à notre humble avis, pour y parvenir vous devez vous décharger de la direction de votre parti car, les deux postes, logiquement, sont incompatibles et humainement impossibles à gérer à la fois. Toute autre voie empruntée que celle-ci, mènera votre mandat à un échec évident, parce que vous aurez déçu l’immense espoir qui était porté en vous. Et comme le dit le proverbe : « rien de sert de courir il faut partir à point ». Enfin, pour lutter concrètement contre la pauvreté, il faut commencer d’abord par réduire les inégalités criardes à leur strict minimum, et supprimer ensuite tous les privilèges, les cumuls de postes et l’accaparement des biens communs à la nation dans notre pays, pour revenir à la République des citoyens et à l’Etat de droit.

Mandiaye Gaye
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