Le vote de cette résolution, qui fait de «l’entité» palestinienne un «État observateur non-membre», a été acquis à une majorité confortable. Qualifiant cette décision d’«obstacle à la paix», Israël et les États-Unis menacent de sanctionner l’Autorité palestinienne.
La Palestine est devenue jeudi «État observateur non-membre» des Nations unies, lors d’un vote historique à l’Assemblée générale de l’ONU qualifié par le président palestinien Mahmoud Abbas d’ «acte de naissance». Un vote acquis à une majorité confortable mais pas écrasante de 138 voix pour, 9 contre et 41 abstentions.
Outre les Etats-Unis et Israël, sept autres pays ont voté contre (Canada, République tchèque, Iles Marshall, Micronésie, Nauru, Palau, Panama). Les Européens ont voté en ordre dispersé: France, Italie, Espagne, Suède notamment se sont prononcés en faveur, de même que la Turquie et la Suisse. Mais le Royaume-Uni et l’Allemagne se sont abstenus. La Russie et la Chine ont voté pour.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a demandé solennellement aux dirigeants palestiniens et israéliens de «ranimer le processus de paix», au point mort depuis plus de deux ans. La résolution appelle en particulier à une reprise des négociations directes, dans la perspective d’aboutir à un Etat de Palestine coexistant aux côtés d’Israël «sur la base des frontières d’avant 1967». Elle «exprime l’espoir que le Conseil de sécurité considèrera de manière favorable» la candidature de la Palestine comme Etat membre à part entière, déposée en septembre 2011 par Abbas mais torpillée par une menace de veto américain.
Une victoire diplomatique majeure…
Mahmoud Abbas, très applaudi à son arrivée à la tribune, a estimé qu’il s’agissait de la «dernière chance de sauver la solution à deux États» et a promis de «tenter de ranimer les négociations» de paix avec Israël. Il a par ailleurs fait plusieurs références à «l’agression israélienne» à Gaza, une semaine après un cessez-le-feu entre le Hamas qui contrôle ce territoire et Israël.
Cette nouvelle stature internationale, qui donne aux Palestiniens accès à des agences de l’ONU et des traités internationaux, constitue une victoire diplomatique majeure. A Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne, plusieurs milliers de Palestiniens ont accueilli ce vote par des acclamations, des tirs en l’air et des scènes de liesse populaire. Le Hamas s’est lui aussi félicité de cette «nouvelle victoire», faisant provisoirement taire les divergences entre son chef en exil, Khaled Mechaal, et ses dirigeants à Gaza.
En revanche,Benyamin Nétanyahou a dénoncé un discours «diffamatoire et venimeux», en avertissant que la décision de l’ONU ne changerait «rien sur le terrain».
…qui expose à des représailles américaines et israéliennes
«En présentant leur demande à l’ONU, les Palestiniens ont violé leurs accords avec Israël, et Israël agira en conséquence», a mis en garde le premier ministre israélien. Parmi les mesures de rétorsion possibles, Israël pourrait bloquer les taxes qu’il perçoit pour le compte de l’Autorité palestinienne ou réduire le nombre de permis de travail pour les Palestiniens.
Qualifiant la résolution de «contre-productive», la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton a réaffirmé que la création d’un Etat palestinien ne pouvait résulter que de négociations directes avec Israël. Le Congrès américain pourrait de son côté refuser de verser 200 millions de dollars d’aide promis aux Palestiniens. En compensation, la Ligue arabe a promis un «filet de sécurité» de 100 millions de dollars par mois.
Israéliens et Américains s’inquiètent notamment de la possibilité que le nouveau statut donne aux Palestiniens de poursuivre Israël devant la Cour pénale internationale. Des responsables palestiniens ont évoqué cette hypothèse mais Abbas n’y a pas fait allusion.