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La pléthore de listes nécessite un consensus pour une meilleure organisation des élections

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A quoi bon épiloguer à en perdre le souffle sur les raisons de la floraison des candidats en lice pour les élections législatives ? Les journalistes, analystes et autres observateurs peuvent y trouver à manger et à boire, mais la classe politique et particulièrement l’opposition a mieux à faire. Ça fait presque rire quand les politiciens, censés apporter des correctifs, soutiennent qu’ils sont à l’image du commun des sénégalais, en proie à des conflits de préséance dans les mosquées, dans les maternités et dans les marchés. De toute façon, l’heure n’est plus à se morfondre ou à se justifier. C’est le moment ou jamais pour chaque bloc opposant de faire la différence, de renverser la tendance populaire à la lassitude et au découragement qui découlent, sans nul doute, des voix éparses et discordantes.
Selon Ndiaga Sylla, expert électoral, il faudra 20 heures pour qu’une moyenne de 300 électeurs par bureau de vote exercent correctement leur droit. En raison du nombre excessif de listes, il faudra alors que les partis et coalitions s’entendent sur des modalités nouvelles afin de prévenir les dysfonctionnements et manquements éventuels. Malheureusement, certaines voix s’élèvent déjà pour dire haut et fort qu’il n y a plus de place au consensus puisque Macky Sall et ses alliés se sont jusque-là refusés à toute forme de dialogue franc et direct. Voilà une erreur qui s’apparente au boycott des élections législatives de 2007. Tout compte fait, le statuquo sera plus préjudiciable à l’opposition, distraite et désorganisée, qu’aux tenants du pouvoir.
Il est vrai que le camp présidentiel n’a jamais manifesté une volonté réelle d’associer les opposants au processus électoral. Le dialogue national et les quelques appels aux pourparlers ont eu des allures de saupoudrage sans intention sincère de forger une entente sur les règles du jeu politique. Ce n’est assurément pas pour autant qu’il faut se braquer à cette étape cruciale de préparation du scrutin. Faciliter aux citoyens le vote est aussi une manière de créer les conditions de mobilisation des électeurs déjà habités et tenaillés par un profond désenchantement. Dire systématiquement non au consensus et à la réadaptation ponctuelle de la loi électorale obéit davantage à une manifestation insidieuse d’ego qu’à une position de principe.
L’absence de l’opposition dans le Comité de suivi électoral à la suite de son boycott en janvier 2017 a malheureusement donné les coudées franches à l’APR et à ses alliés dans le processus de refonte du fichier électoral. Manko Wattu Sénégal avait accusé le ministère de l’intérieur d’avoir intégré un quatrième pôle, celui des indépendants, sans consensus avec l’opposition. L’organisation des législatives prochaines, avec les 47 listes concurrentes et dans les conditions prévues en l’état par le code électoral, sera plus dommageable à l’opposition qu’à la coalition au pouvoir. On ne se le cachera pas ; la mouvance présidentielle dispose d’une capacité d’organisation et de mobilisation de loin plus consistante que celle de ses adversaires.
En acceptant que l’électeur puisse prendre 5 ou 10 bulletins en lieu et place des 47, l’opposition risque de permettre à Macky Sall de montrer à la face du monde qu’il est ouvert au dialogue avec ses rivaux. Et alors ! Il sera question ni plus ni moins de « donner un œuf pour avoir un bœuf ». L’enjeu de ces élections n’est pas de sauver les apparences ou de ternir l’image du tourmenteur. Il faut à présent se donner les moyens de s’imposer à tout jamais devant la besogneuse petite abeille. Et cela ne peut se faire efficacement qu’à partir des urnes. Autrement, il ne restera, après la tenue des élections, qu’à se lamenter gracieusement et à discourir brillamment sur les impairs.
Birame Waltako Ndiaye
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