Il y a un an à peine, il était encore le « tout-puissant ministre du ciel et de la terre » du Sénégal, aspirant à marcher dans les pas de son président de père, Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, note L’Observateur Paalga, Karim Wade, 44 ans, « s’enfonce dans les abîmes ».
Mercredi soir, l’ex-ministre de la coopération internationale, des transports aériens, des infrastructures et de l’énergie a ainsi été inculpé pour « enrichissement illicite » et incarcéré à Dakar, selon l’un de ses avocats.
Deux jours plus tôt, le procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) – juridiction chargée de traquer les « biens mal acquis » et réactivée par le nouveau chef de l’Etat, Macky Sall, après une longue mise en sommeil – avait ordonné son placement en garde à vue.
« NÉPOTISME AFRICAIN »
Le magistrat ne se disait pas « convaincu de la pertinence » des explications fournies par Karim Wade sur l’origine de sa fortune, estimée à 694 milliards de francs CFA (1,05 milliard d’euros), rapportent Afrik.com et Le Griot.info. Le substitut du procureur avait, de son côté, évoqué une « véritable ingénierie financière frauduleuse » faite de « montages complexes » et de « sociétés à tiroirs ».
Bien qu’acculé, le fils de l’ancien chef de l’Etat multiplie les dénégations et conteste « 98 % du patrimoine que lui impute la CREI », indique Jeune Afrique. Sa garde prétorienne n’est pas en reste, fustigeant « une conspiration » (Fraternité Matin). A en croire les « wadiens », tout était programmé à l’avance par le nouveau pouvoir, soucieux de faire rendre gorge aux dignitaires de l’ancien régime.
Mardi, Le Pays estimait que « l’affaire Karim Wade » avait le mérite de battre en brèche le « népotisme africain ». Mais pour Le Temps, la priorité réside dans la refondation du lien entre la classe politique et les citoyens : « reconstruire le socle de la confiance (…) tel est bien ce que l’on attend du gouvernement et du président Macky Sall ».