Elle fait partie des animatrices qui ont beaucoup d’admirateurs par sa simplicité et sa beauté : Yakham Thiam Mbaye. Il faut dire qu’elle n’est pas une novice dans ce métier. L’année prochaine, elle bouclera, en effet, ses 20 ans de carrière dans l’animation. Dans ce jeu de questions réponses, elle est largement revenue sur sa vie d’animatrice de renom, sa vie sentimentale aussi et notamment son divorce, ainsi que la jalousie dans le milieu, entre autres sujets.
Qui est cette Yakham Thiam qui s’invite dans le salon des Sénégalais ?
Il me serait très difficile de vous dire exactement qui je suis. Puisque, je ne suis qu’une talibée de Serigne Touba. Je suis originaire de Mbacké Baol de par ma mère et mon père est de Diourbel. Je suis née à Dakar cela fait quelque 44 ans, à l’hôpital Principale. Je suis animatrice à la Rts. J’anime aussi de grandes émissions comme lors de la Saint Sylvestre, le 31 décembre ou encore la Saint-Valentin, le 14 février. Si Dieu le veut bien, l’année prochaine, je ferai 20 ans de service. J’ai fait mes études au collège Notre Dame et à Jeanne d’Arc où j’ai obtenu mon Bac en 1990. J’ai fréquenté l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar où j’avais commencé à faire Allemand. Puis, je me suis dit que ça peut être compliqué et je suis allée en Science économique et sociale. Mais après le décès de mon père, j’ai dû arrêter mes études.
Parce que vous étiez déjà un soutien de famille…
Cela a commencé à être compliqué, mais pas du côté financier. Parce qu’on avait tout ce qu’on voulait, une société, une maison. C’était plutôt à mon niveau, car je ne savais pas exactement quoi faire. J’avais commencé à faire de l’informatique. C’est en ce moment aussi que j’ai été hôtesse d’accueil à la Convergence culturelle de Kaolack, en 1994. A l’époque, c’était Coura Ba Thiam qui était ministre de la Culture. Pour vous dire mon histoire avec la culture date de très longtemps.
En quelle année avez-vous intégré la Rts ?
Je suis arrivée le 1er novembre 1994, d’abord à la radio, où j’ai appris à parler avec l’aide de Michaël Soumah, que j’adore. Je l’appelle même mon chéri, c’est avec lui que j’ai fait ma formation. C’est en 1995 que l’ex-directeur de la télévision, Babacar Diagne avait jugé nécessaire de nous mettre à l’antenne, Fatou Sarr, Awa Lissa Fall et moi comme téléspeakerines. De là, j’ai commencé à faire de la télévision et ça a commencé à nous plaire. Ben quoi d’autre ? Voilà ! Ah, j’ai dû me marier en 1997. Après, je suis allée en France pendant 3 ans. Et à mon retour, j’ai intégré la 2Stv quand elle était Rts2S, avant de revenir à la case de départ, la Rts1.
Alors, pourquoi avez-vous choisi l’audiovisuel ?
Mon entrée dans l’audiovisuel n’était pas un choix, pas du tout. C’est un pur hasard. C’était à l’époque où j’étais hôtesse d’accueil à la Convergence culturelle de Kaolack et où j’ai fait la connaissance de Abou Alassane Niang qui est toujours à la Rts comme chef de département. On s’est lié un peu d’amitié et un jour, je passais pour dire bonjour et le gendarme qui était en service m’a dit niet, vous ne pouvez pas le voir. A ce moment, il m’a aperçue et m’a dit : «Hé Yakham, ne part pas…». Je l’ai suivie au restaurant de la Rts et il m’a fait savoir qu’ils ont besoin d’une fille sur la bande Fm avant d’ajouter : «J’aimerais que tu y sois».
Qu’avez-vous répondu si l’on sait que vous n’aviez jamais fait la radio ?
Je lui avais dit, mais Abou, moi je ne sais pas parler. Et lui de me dire : «Je suis journaliste et je t’ai entendue parler. Je sais que tu pourras le faire. C’est à ce moment qu’il m’a mise en rapport avec Perdre Ndiaye qui était Directeur des programmes à la radio. C’est ainsi que j’ai commencé à la radio, par le plus grand des hasards.
Pourquoi, avez-vous quitté la 2Stv ?
C’était une combinaison entre les deux télés. A la Rts1, je faisais la radio et à la Rts2, je faisais la télé. Quand la collaboration s’est achevée, on est tous retourné à la maison mère. C’est à la Rts2S qu’on m’a vraiment donné la chance de m’exprimer. Parce que quand Zourarbaoui allait partir, Monsieur Baal était Directeur des programmes et il m’a dit : «Yakham, je te fais confiance, je sais que tu peux le faire. Car c’est ton truc, fais-moi ‘Culturama’».
Aujourd’hui, pourquoi vous n’animez plus la chronique culture dans l’émission «Kinkéliba» ?
«Kinkéliba» est une émission que nous avons vu naître, que nous aimions beaucoup. Avec l’arrivée de Ibrahima Souleymane Ndiaye, Marième Selly Kane, Aboubacry Ba, l’émission a été mise sur pied. C’est en ce moment que j’ai été coptée pour la chronique culture que j’avais du plaisir à faire. L’année dernière, je suis passée à la présentation de Kinkéliba. Puis, il y a eu des changements. Et à chaque changement, d’autres têtes viennent. Ce qui fait que j’ai quitté «Kinkéliba» sans quitter la Rts.
Vous ne faites pas partie des animatrices qui ont boudé l’émission ?
Pas du tout. Je pense qu’on ne peut pas se permettre de réagir ainsi. Je ne suis qu’un agent de la Rts, on me donne des ordres et je me dois de respecter la hiérarchie. Si aujourd’hui on me demande de faire un travail, je ne peux pas le refuser. Donc, je ne peux pas me permettre de dire que, parce que telle personne n’est plus là, je ne veux plus être avec une nouvelle équipe. Non, il n’en est pas question.
N’y a-t-il pas une sorte de jalousie entre vous les femmes de l’émission ?
Une personne qui est jalouse, c’est parce qu’elle n’a pas confiance en soi. Et c’est là où est le secret de la réussite, une personne doit avoir confiance en soi. Je ne suis pas contre de la concurrence loyale qui permet de reconnaître le mérite de l’autre.
Est-ce que vous l’avez vécue au sein de votre boîte ?
Oui évidemment. Mais ces gens-là, j’ai même pitié d’elles, elles n’ont rien compris. En matière de medias, si tu n’as pas un grand cœur tu n’as pas ta place. Parce que, tu es obligé de partager. Personne ne peut s’opposer au destin d’un être humain. Jalouser une personne n’a aucun sens, car Yakham reste Yakham.
20 ans, ce n’est pas 20 jours, qu’est-ce que vous avez vécu durant ce temps ?
Sans hésiter, de l’injustice (elle le répète). Cela fait toujours mal. Je ne veux pas citer des noms. Mais ces gens-là qui versent dans l’injustice, ils n’ont rien compris. Nous sommes 50 000 animatrices, chacune avec son public et ses fans. Par contre, j’ai vécu de bons moments de partage avec des collègues. J’adore mon travail, j’aime beaucoup ce que je fais.
Qu’est-ce qui a poussé Yakham Thiam à la dépigmentation ?
(Sourire…) C’est une question qu’on me pose même dans la rue. A mon niveau, je dis même que c’est très dommage. Je pense, pour une personne normale, on ne se lève pas un beau jour pour dire que je vais m’éclaircir la peau. Ce n’est pas un problème de complexe. Mais la dépigmentation, c’est une petite folie de femme et on y entre sans faire exprès. C’est-à-dire, on te dit ah tient ! tu as un petit bouton, prend tel ou tel produit, allez hop, ça commence. Mais bon, je vais essayer de retrouver le bon teint, ce qui n’est pas facile du tout. Je dis que la dépigmentation ce n’est pas bien et je recommande aux femmes de garder leur teint naturel. C’est vrai que beaucoup de personnes m’appréciaient plus quand j’étais d’une noirceur d’ébène. Mais je vais m’y atteler, puisque je ne m’appartiens plus. Le public aussi a le droit de dire son avis puisque je travaille pour eux, je m’invite chez eux sans leur permission, je trouve leur réaction normale. Je vais être humble pour demander à un dermatologue quoi faire pour retrouver mon teint.
Cela fait combien d’années que vous avez commencé à vous dépigmenter la peau ?
Cela ne fait pas deux ans que j’ai commencé à changer ma peau. Et je l’ai fait après 40 ans, c’est peut-être aussi un caprice de femme de la quarantaine (rires…).
Comment avez-vous perçu les critiques par rapport à votre choix ?
Je suis très à l’écoute des gens et je demande aussi beaucoup conseils. Comme je vous l’ai dit, je ne suis qu’un talibé de Serigne Touba. Je travaille pour les Sénégalais, et ils ont le droit de dire leur préférence. Je trouve tout à fait normale leur réaction.
Est-ce vrai que vous avez divorcé parce que votre mari a pris une seconde épouse ?
Je dis que nous sommes des femmes publiques et les gens ont l’habitude de raconter des choses qu’ils ne maîtrisent pas sur nous. J’ai été mariée avec quelqu’un que j’ai aimé. Nous avons eu trois enfants, deux garçons et une fille qui sont magnifiques. Lui aussi a été quelqu’un de magnifique. Maintenant le mariage et le divorce, ça a toujours existé. Les causes, je ne vais pas les étaler au grand public. Ce n’est qu’une interprétation des gens. Mon ex-mari sait pourquoi je suis partie, moi idem. En tant que musulmane, je ne peux pas me permettre de dire que je ne vais pas avoir de coépouse où que je ne vais pas être dans un ménage polygame.
Donc vous n’avez pas peur de la polygamie…
Oh non, pas du tout ! Je ne peux pas avoir peur de la polygamie. D’autant plus que je pense qu’à mon âge, je ne peux pas espérer plus que d’être dans un mariage polygame. (Rires…)
On imagine que les prétendants ne manquent pas, qu’est ce que vous attendez pour vous remarier ?
Je n’attends que le bon Dieu en décide. Car, mariage et enfants, cela relève du domaine de Dieu. Ce sont deux choses sur lesquelles l’homme n’a pas de prise. J’ai beau vouloir dire que je veux me marier ou quelqu’un à beau vouloir dire que je veux l’épouser, mais si Dieu n’en a pas décidé, ce ne sera pas le cas. Je suis une croyante et je me dis peut-être que je ne connais pas encore mon mari et s’il doit arriver, il viendra. J’espère qu’il viendra et qu’il va aimer mes enfants. Pour les prétendants, c’est normal pour toutes les femmes, ça ne manque pas. Mais Dieu n’en a pas encore décidé. Ce n’est pas que je cherche un mari milliardaire ou quelqu’un de super beau, pas du tout. La preuve, mon ex-mari était un journaliste et tout le monde sait que les journalistes ne sont pas riches et je lui ai donné 3 enfants.
Quel profil d’homme vous souhaiterez avoir ?
Un homme normal et responsable, ce n’est pas compliqué. Encore une fois, comme époux, je n’ai pas besoin d’un richard, ça ne m’intéresse pas. L’essentiel pour moi, c’est de l’aimer, qu’il ait de l’affection, du respect.
Quelle est la perception du terme «Jonge» chez Yakham ?
Mais «femyii» (artifices), c’est normal. Parce qu’on a été éduqué pour être des femmes. «Femu Yakham, c’est que je suis une personne sans prétention aucune, très agréable, pas seulement avec un homme. Mais je crois avec tout le monde. Je ne cherche qu’à faire du bien.
Vous êtes très coquette, pourquoi ?
(Elle soupire…) Je ne sais pas, il paraît que je le suis. Et ma fille qui doit avoir 6 ans commence déjà à l’être. Mais je pense que c’est ma façon de remercier le bon Dieu et lui dire que je suis très contente de la manière dont j’ai été faite. C’est pourquoi je vais tout le temps chez Awa Ndao (Ndlr : du salon Latifa), c’est un bon moment de détente, ça repose. Même quand je ne sors pas, j’aime me faire belle. J’adore me maquiller, mettre du bon parfum, de beaux habits.
On imagine que ça doit être des parfums de classe ?
J’ai deux parfums que j’aime beaucoup. Je viens de finir une bouteille «Baiser volé» de Cartier et il me reste une grande bouteille de «La vie est belle» de Lancôme que je vous recommande d’ailleurs (rires…).
Apres 20 ans de métier, vous devez être riche ?
Non, je ne suis pas riche du tout, mais je ne plains pas grâce à Dieu. J’ai un salaire de l’administration sénégalaise comme tout le monde, mais je ne me plains pas. J’ai un toit, j’élève mes enfants, Dieu merci. J’ai mal quand je vois les enfants dans la rue, des femmes dans des conditions difficiles. Si j’avais quelque chose à éliminer dans le monde, ce serait la pauvreté.
Que comptez-vous faire pour apporter votre pierre à l’édifice ?
Ben oui tout naturellement, je suis prête à faire le mieux possible. Mais parfois, c’est le problème des moyens qui se pose. J’avais une émission qui s’appelait «Tendresse» et j’avais un projet qui ne s’est pas jusqu’à présent réalisé. J’avais une petite sœur qui est décédée du cancer, d’une leucémie pour être précis. Mon idée, c’était d’avoir un hôpital «Parents-Enfants» pour le Sénégal et toute l’Afrique. Pour hospitaliser les enfants atteints de cancer et pouvoir leur donner la chimiothérapie qui n’est pas prise en charge.
C’est parce que votre sœur a souffert de cette maladie sans assistance ?
Non ! Pas du tout, puisque ma sœur n’avait pas un problème de sous. Car mon père était inspecteur de police et garde du corps du président Senghor et ma mère était institutrice. Donc, on n’était pas dans le besoin, ma sœur était très bien traitée. Il y a des cas à Dakar, au niveau des régions où la chimio est coûteuse, et j’avais pensé à un hôpital qui s’appellerait «Tendresse». Parce qu’avec tendresse, on peut faire beaucoup de choses. J’aurais tellement aimé mettre sur pied mon projet d’hôpital pour enfants atteints de cancer.
Qu’est-ce qui a bloqué le processus ?
C’est compliqué. Déjà, il fallait trouver un terrain, des partenaires… J’espère qu’avec les partenaires, les bonnes volontés, un jour cet hôpital «Tendresse» pourra voir le jour au Sénégal au grand bonheur des enfants. C’est un grand vœu, j’ai vu ma sœur mourir avec la chimio, alors qu’elle n’avait que 4 ans, ça m’a vraiment frappée.
On dit que les animatrices ne sont pas bien payées et que certaines se versent dans des trucs pas catholiques ? Qu’est-ce que vous en pensez ?
Tout est question d’éducation dans la vie. Quand ton éducation de base est ratée, on n’y peut rien. Je ne suis qu’un être humain, mais j’essaie le plus possible de faire les choses dans les règles de l’art. Je ne suis pas non plus une sainte, mais pour moi, dans la vie, la correction prime sur tout, dans les gestes, la parole, c’est hyper important. J’ose dire que ces gens qui font cela se sont juste trompés ?