Des universitaires ont prôné jeudi à Dakar une meilleure prise en compte des enfants dans les travaux de recherche, en vue de contribuer à « un programme plus large de justice sociale », a constaté l’APS.
Ils intervenaient lors d’une table-ronde organisée par le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA), sur le thème « Publier et communiquer des travaux de recherches dans les études sur l’enfance ».
« Nous ne devons pas parler des questions traitant de l’enfance parce que les autres le font, mais nous devons en parler parce qu’elles nous interpellent », a déclaré le directeur du programme de publication et de dissémination du CODESRIA, Divine Fuh.
Selon M. Fuh, les recherches concernant l’enfance « ne doivent pas seulement’’ porter sur les enfants mais se faire « avec les enfants ».
Cet universitaire estime que les chercheurs africains ont intérêt à occuper ce terrain, encore vierge en Afrique, « pour ne pas laisser les autres le faire. »
« Il faut que les chercheurs africains publient des travaux de recherche qui reflètent les perspectives du continent. Sinon les autres vont venir nous raconter notre propre histoire », a-t-il fait valoir.
Le CODESRIA s’inscrit dans cette perspective et « fait de la production et de la promotion des savoirs sur les réalités africaines depuis 44 ans un de ses mandats », a-t-il ajouté.
Mélanie Jacquemin, sociologue à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), a de son côté souligné la nécessité de trouver « des pédagogies alternatives » pour amener les enfants à s’intéresser à ce qui se fait sur eux.
Aussi a-t-elle suggéré à ses pairs de « penser à allier création artistique (infographie) et restitution de recherches à travers des web-documentaires ». Elle a également prôné l’utilisation de bandes dessinées.
« A défaut de trouver des revues spécialisées sur l’enfance, ces méthodes alternatives permettent d’amener les enfants à s’intéresser à ce que l’on fait sur eux », a indiqué la chercheure de l’IRD.
Mélanie Jacquemin a également déploré « la rareté » de revues spécialisées sur l’enfance dans le monde francophone, ce qui ne doit pas amener les chercheurs concernés à publier dans des « revues prédatrices » peu cotés selon elle.
« On dit qu’un universitaire doit publier pour ne pas disparaître. Mais il ne sert à rien de publier dans des revues prédatrices qui ne sont pas cotés », a-t-il souligné, avant d’appeler, sur cette question, à « une collaboration entre les différents chercheurs africains européens et américains du Nord selon les spécialités ».
aps.sn