Cela fait dix ans que ça dure ! Les délestages ; les coupures de courant ; les pannes ; la pénurie de combustible. Depuis 2001, on annonce chaque année la fin du calvaire, on nous dit qu’on a construit de nouvelles centrales, on ne voit pas d’amélioration.
A la crise « mondiale », s’ajoute chez nous, la crise énergétique. En réalité, il ne s’agit pas de « crise énergétique », mais de « crise budgétaire ». Il n’y a pas de fric ; il n’y a pas de programmation ; il n’y a pas de prévision. Sous les socialistes, à l’exception des 72 heures de grève du Sutelec à l’époque, le Sénégal n’était pas quotidiennement plongé dans le noir et, même à l’époque, le Président Diouf n’avait pas demandé à ses concitoyens de s’éclairer à la bougie ou à la lampe-tempête. Pour l’éclairage peut-être, mais comment le président peut-il faire sécuriser les institutions avec des bougies et des lampes-tempêtes ? Il a peut-être des groupes électrogènes mais ce n’est pas le cas de la majorité des Sénégalais, notamment des petits et moyens artisans. Je ne sais pas non plus comment faire fonctionner des usines, des ordinateurs avec des bougies et des lampes-tempêtes.
Les ministres successifs du département de l’énergie nous ont toujours promis la fin des « délestages ». Ils nous ont fait miroiter la construction de centrales « nouvelle génération » qui mettaient fin à notre calvaire. Un pays qui déjà travaille peu, est poussé vers le chômage « technique » intermittent. Mais le plus incompréhensible, c’est qu’on nous explique que la « nouvelle centrale » connait aussi « des difficultés avec un déficit de 40 méga watts ». En outre, notre fourniture en électricité serait toujours tributaire de la société Gti dont les autorités libérales avaient dénoncé le contrat léonien, et souvent, a arrêté sa production parce que l’Etat était en retard sur les paiements.
Sacré pays où on se glorifie de réalisations en oubliant qu’au 21ème siècle, rien ne peut fonctionner sans l’électricité. Ce sont les raisons (entre autres) des guerres de l’Irak pour le pétrole, d’Afghanistan pour le gaz, et des soubresauts de révolte au Nigéria.
On nous parle de l’Union africaine, de l’intégration africaine, mais qu’en est-il de la solidarité africaine ? Le pétrole Nigérian, Gabonais ? Congolais (Brazza), Angolais ne pourrait-il pas servir les pays africains démunis ?
Dans une interview exclusive à paraitre dans la « Sentinelle quotidien » du week-end, Cheikh Hamidou Kane assène des vérités comme : « Sans gouvernement confédéral politique et économique, on ne sortira pas de notre situation actuelle ; nous sommes toujours des colonies ». Pour ma part, j’ajoute : « Sans gouvernement prévoyant et qui fait des choix prioritaires, nous vivrons longtemps dans les ténèbres ».