Les campements de migrants près du Stade de France ou place de la République à Paris ont été démantelés il y a plusieurs mois. Mais la question de l’accueil des migrants n’est pas réglée. Ces derniers mois, nombreux sont ceux qui se sont regroupés dans un tunnel qui relie le 19e arrondissement de Paris au Pré Saint-Gervais. Avec le froid de l’hiver, la situation est intenable pour les associations de riverains qui tentent de leur venir en aide.
Des centaines de réfugiés dorment actuellement dans des tunnels désaffectés aux abords de Paris, près du futur village olympique. Ils survivent grâce aux dons et au soutien quotidien des militants et des habitants du quartier qui préparent et livrent des centaines de repas aux demandeurs d’asile vivant dans les tunnels.
Les associations démunies
Une situation dénoncée par les associations. « D’abord, c’étaient des jeunes mineurs qui étaient là. Ils étaient une trentaine, c’est monté à 50 et au fur et à mesure des jours et des mois, ce sont des familles avec des enfants… Là, ça urge, on arrive en hiver, il y a des gens qui sont en hypothermie. Il y a une personne qui a été hospitalisée trois jours, qui a eu une appendicite. Elle a eu trois jours d’hébergement puis s’est retrouvée ici sous le pont. Ça devient inhumain. On ne sait plus quoi faire. Quand des personnes partent en hébergement, il y en a d’autres qui arrivent aussitôt. On perd un peu nos moyens parce qu’il y a des bébés et ce n’est pas tenable », constate avec effroi Fadila Benrabah, présidente d’À la croisée des rues, au micro de Cécile Lavolot de RFI.
Le quotidien de ces dizaines de familles est terrible, comme le raconte cette Malienne rencontrée par RFI, Oumou Diakité : « Ça fait 10 jours que l’on dort ici avec mon mari qui est malade. Franchement, on est dans la misère. Il fait froid, parfois il pleut. Mon mari a 59 ans. Il est malade aussi, il a mal aux pieds et est asthmatique ».
« On ne se sent pas bien, on ne peut pas se sentir bien. On dort mal. Dans la journée, on urine partout. Il n’y a pas de toilettes. On peut rester pendant deux ou trois sans se laver. Franchement, c’est grave ».
Les politiques absents
Alors que le prix Nobel de Littérature, Abdulrazak Gurnah, dénonçait mardi -lors de la réception de son prix- le caractère « inhumain » de la réponse des gouvernements britannique et français à la question de la situation des migrants qui traversent la Manche, sur le terrain, dans les tunnels habités par les migrants, c’est le même constat. « Il y a cette petite gamine qui s’appelle Awa qui me dit tous les jours qu’elle veut aller à l’école. Elle a 10 ans, elle ne sait pas lire, elle ne sait pas écrire. Je trouve cela désolant qu’une gamine de 10 ans vive comme ça sous des tentes », poursuit Fadila Benrabah. Plusieurs autres jeunes enfants de moins de dix ans tentent également de survivre dans ces conditions.
« Nous, en tant qu’association, on a le sentiment d’être isolé. Comme si c’était à nous de prendre tout ça en charge, c’est lourd. Ça coûte financièrement parce que l’on doit leur amener des couvertures, on doit leur amener des duvets, des vêtements pour pas qu’ils aient froid et tout ça s’achète. On n’a vraiment aucun élu qui est venu vers nous pour nous dire « On va vous aider » », dénonce encore Fadila Benrabah.