Ce pays fait peur. De plus en plus. Les règles démocratiques de plus en plus bafouées. Dans une indifférence presque générale. Sous les magistères de Diouf (fermons la parenthèse de Senghor), Wade, Macky, nos institutions ont toujours été soumises aux caprices de présidents parés d’une constitution tout aussi monarchique.
Le présidentialisme fort associé à des présidents à l’élégance démocratique vicieuse est un des talons d’Achille de notre république. Il est vrai que sous Macky, notre pays fait de plus en plus peur. IL marche à reculons. Les libertés démocratiques de plus en plus piétinées. Sous le regard hagard et souvent complice des appareils politiques en pleine déliquescence.
Depuis 4 ans, ces appareils politiques de contre-pouvoirs se sont faits avoir sur toute la ligne. Macky a toujours eu sa stratégie d’endormissement et de guerre-éclair. Il a infiltré au travers de ses réseaux intérieurs et extérieurs, tous les contre-pouvoirs. Voilà pourquoi, au fil du temps, il a réussi, insidieusement, à éclater en pôles antagoniques aussi bien les partis de sa mouvance que ceux de l’opposition ?
La grande question est de savoir pourquoi les forces démocratiques n’ont pas (encore) réussi à endiguer les dérives de Macky et ses dérivatifs politiques comme Ousmane Ngom qui sont des espèces répugnantes et identifiées comme telles. La déclaration de Ousmane Ngom sur de supposés liens entre les partisans du non et des Jihadistes est un vrai scandale renversant. Au-delà de l’aspect anecdotique, c’est aussi une justification par anticipation d’une répression qui se prépare résolument et qui s’exercera. Que le Oui gagne. Que le non gagne. Ousmane Ngom pré-légitime le fait accompli dans un contexte de démission presque généralisée et d’inorganisation des forces démocratiques.
En vérité, l’impression qui se dégage est que l’écrasante majorité des sénégalais s’en fiche alors que c’est d’aujourd’hui que demain se fera dans toute sa cruauté aux retombées sociales irréversibles. À part les politiques de tous bords. Les sénégalais sont tenaillés par la cruauté du quotidien. Ils sont obnubilés par leur victoire de la journée et cherchent juste à ramener à bout de souffle le pain à la maison.
Du coup, ils cherchent des stratégies individuelles tordues et à court terme pour se faire « corrompre » par le courtier embusqué du coin. Ces sénégalais ne liront pas les blogs de nos intello, les élucubrations de Madior Fall ou les menaces des seconds couteaux aux individualités troublées. Dans ce registre, sans doute, Ousmane Ngom est seul à avoir « compris ». Lui qui a accepté de ne pas entrer au Panthéon de la dignité, mais qui aura tiré son épingle du jeu dans toutes les circonstances …Et il y a en d’autres…
C’est une véritable tragédie des communaux. Dans un contexte où on nous offre le choix entre Macky, Idy ou Khalifa ? Et les clignotants des marabouts viennent les dérouter encore plus dans un mouvement d’ensemble dégradant aux allures de OPA des plates passions. Et les sénégalais de se demander » à quels saints se vouer » Pour eux, la seule constante c’est le pouvoir….Peu importe celui qui gère le trône ou la direction du navire.
Le marabout de Touba a interdit la » politique » dans sa ville religieuse. Mais sans doute, on doit interdire la « polotik » (de 1960 à 2016) dans notre pays. Elle n’a rien apporté. Sinon à produire des brigands qui ont fini de se transformer en démiurges. Toutes proportions gardées.
Et oui ce référendum va laisser des séquelles. Il a plongé notre pays dans de lourdes fractures. Il a confirmé une culture politique dont la permanence historique ne s’est pas encore dédite. Des politiques, anges et souvent démagogues dans l’opposition. Anti démocrates et démiurges une fois au pouvoir. Loin des galères d’un petit peuple préoccupé par sa survie quotidienne qui regarde du haut de sa lucidité et de son réalisme les guignoles de la « tragédie profonde des renégats ».
Abdou Ndukur Kacc Ndao
La tragédie profonde des renégats
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Alors va votre OUI, tout va changer.