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INTER LIGNES & SIGNES – La chronique de Abdoulaye Ndiaga SYLLA

Un ciel bas avec quelques éclaircies, comme diraient les météorologues. Tel est l’humeur du temps pour le sport sénégalais comme indifférent aux enjeux d’un domaine en pleine mutation sur le continent comme dans le reste de la planète, aux défis de la nouvelle génération de pratiquants. Une saison de football professionnel qui peine à finir au moment où le championnat navétane commence à prendre ses quartiers.

Un retour au pays dans la plus grande discrétion après deux semaines passées en Angleterre. Et pour cause. A Londres, aux Jeux olympiques d’été, le Sénégal était encore aux abonnés absents lors de la distribution des médailles. Rien de surprenant puisque le rendez-vous de la capitale anglaise ne suscitait pas grand espoir de voir l’exception El Hadji Amadou Dia Bâ gommée.

Il est vrai que certains « 12 eme gaïndé » se sont pris à rêver pendant quelques jours, de voir l’équipe olympique de football qualifiée pour les quarts de finale du tournoi, forcer les portes du destin pour intégrer le dernier carré et se frayer un chemin pour aller à la conquête de l’or, de l’argent ou du bronze. Elle n’a pu, après une entame prometteuse face au Mexique – le futur vainqueur – accéder au podium. L’inexpérience a eu raison de cette volonté d’aller plus loin. La sanction d’une ruineuse politique sportive de campagne aussi. Pire que Sisyphe au pied du rocher. Dans la grisaille, des lueurs annonciatrices d’un nouveau cours dans l’évolution de deux disciplines : le Basket ball et le football formaté dans les académies.

Dans la sphère de la balle orange, les moins de dix-huit ans viennent d’être sacrés champions d’Afrique à Maputo et sont attendus à Prague pour y disputer le Mondial de leur catégorie. L’équipe A, vainqueur du tournoi de la zone 2, qualificatif pour l’Afro basket prévu en 2013 en Côte d’Ivoire, est dans les dispositions de reprendre sa couronne. L’erreur serait de considérer ce titre des juniors juste comme une étoile de plus dans le ciel de cette discipline habituée aux honneurs sur le continent. Il consacre un travail soutenu, méthodique au plan administratif et technique, les premiers fruits d’un investissement dans les catégories jeunes, laboratoires de l’élite de demain.

A l’échelle des clubs et sur le volet fréquentation et sécurisation des stades, le basket ball, dans toutes ses composantes, réussit plus que toute autre discipline sportive. Il lui reste, une fois l’Afrique reconquise, ce qui est parfaitement dans ses cordes, de passer à un autre niveau en se positionnant mieux sur la scène mondiale.

L’hommage aux champions d’Afrique du basket est aussi une manière de magnifier le retour sur investissement dans les petites catégories et la formation dans les clubs comme dans les académies. En football, l’Institut Diambars mérite d’être donné en exemple. Tant au plan sportif avec son label, la qualité des joueurs sortis de son centre, qu’à celui des études avec les brillants résultats obtenus au Bfem et au Bac, l’Institut administre la preuve que Sports et Etudes ne sont pas antithétiques. Le contexte est d’ailleurs plus favorable qu’il ne l’était il y a quarante ans avec les nouveaux outils dont disposent les formateurs dans les salles de classes comme sur les terrains. Ce sont ces voies-là que l’Etat doit explorer, tout en donnant à la grande masse les moyens de pratiquer le sport. La puissance publique pourra alors sélectionner par voie de concours et former, dans des centres techniques, sous l’égide des Fédérations de football, basket, hand ball et de leurs ligues régionales, des pratiquants aptes à affronter le haut niveau. C’est sur la durée que les élites émergent et acquièrent les qualités requises pour s’illustrer avec des moyens conséquents, dans les différentes compétitions. N’est-il pas paradoxal pour un pays affichant l’ambition d’occuper les premières loges dans les compétitions internationales, en club, comme en sélection, d’allouer moins de 1 % de son budget au département en charge du sport ?

Au fond, la rupture et la gouvernance vertueuse – prenons garde qu’elle ne soit pas verbeuse – qui l’escorte doit visiter le sport. L’heure est venue de repenser la politique, de tracer un nouveau cadre en élaborant des textes plus adaptés à l’environnement de cette activité. La charte du sport, vieille de vingt- huit ans, ne répond plus à la situation. Le président Macky Sall avait décliné son ambition pour le sport lors de la campagne pour la présidentielle de 2012 et promis d’augmenter le budget du département. L’opportunité lui est offerte de faire mieux que ses prédécesseurs. Signal fort, le choix d’un homme du sérail à la tête de ce département. Sans doute, dans sa déclaration de politique générale, devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre donnera des indications sur les tâches assignées à son équipe pour améliorer les cadres d’expression, explorer de nouvelles voies pour rompre avec l’improvisation.

Les directions techniques ont du mal à assumer leurs fonctions. Tout se passe comme si leurs prérogatives dans le développement des disciplines dont elles ont la charge ne sont que théoriques. Tenues par des cadres techniques de haut niveau, elles peinent à impulser le développement des différentes disciplines. Quels contrôles peuvent-elles opérer – surtout en football et dans la lutte – sur les écoles, centres de formation qui essaiment un peu et n’ont jamais fait l’objet d’inspection ?

En sports, la vérité du terrain triomphe sur toutes les autres. Il est illusoire de prétendre rivaliser avec les meilleurs si on ne se donne pas les atouts pour y arriver. Voilà comment le Sénégal rate avec une régularité de métronome et sans que cela oblige à chercher à réunir les facteurs de performance. Il en sera ainsi, aussi longtemps que l’Etat n’aura pas réussi par des mesures fortes, dans l’organisation des structures et l’accompagnement par des moyens conséquents de toutes les initiatives allant dans développement du sport. Voilà pourquoi l’Etat doit impérativement répondre autrement qu’il ne le fait actuellement, à l’appel des arènes et de la Ligue de football professionnel. En déléguant, pendant dix-huit ans, ses pouvoirs au Comité national de gestion de la lutte (Cng) les pouvoirs publics font passer l’exception pour la norme. Les spécificités de cette discipline ne sauraient justifier cet état de fait. Une Fédération de lutte élue démocratiquement et une Ligue professionnelle peuvent parfaitement concourir à développer et à superviser les compétitions dans les différentes formes de lutte.

Le football professionnel n’est pas aussi aux normes. L’Etat est hors-jeu alors qu’il aurait dû accompagner, cette belle initiative par la mise en place d’un Fonds de promotion sportif. Cette structure pourrait alors octroyer, à des conditions douces, des crédits aux structures mises en place. Outre l’activité sportive, les clubs engagés dans la ligue de football professionnel seraient dans les meilleures dispositions pour gérer l’élite du football restée au pays et contribuer à la résorption du chômage avec les débouchés offerts par différents métiers du sport. Sans appui, l’expérience risque de tourner court. Chaque saison est un sursis pour tous ces dirigeants de clubs qui mouillent le maillot. L’Etat dans sa posture arbitrale doit laisser la partie se dérouler si les équipes sont dans les dispositions de respecter les lois du jeu ou siffler la fin du match. Inutile alors d’aller aux prolongations.

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