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La Vérité sur la Falsification des Chiffres Budgétaires pour les Nihilistes (Par Dr Dr Alpha Ousmane AW)

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L’ancien président du Sénégal, Macky SALL, a récemment réagi aux allégations portées contre lui et ses trois derniers ministres des finances par le gouvernement actuel. Accusé d’avoir falsifié les chiffres de la dette et du déficit budgétaire, il a choisi de nier les faits et de se défendre dans un entretien accordé à Bloomberg, affirmant que les informations diffusées récemment par le Premier ministre Ousmane SONKO ne reflètent pas la réalité.

Et pourtant le portrait est troublant et les faits sont accablants ! Le déficit budgétaire passe de 5 à 10 % du PIB et l’endettement de 70 à 83% du PIB du jour au lendemain, dépassant de loin les normes de l’UEMOA. Malheureusement pour les nihilistes ces faits sont difficilement réfutables. Les manipulations portent sur des pratiques souvent qualifiées de « manipulation créative » du budget, voire de fraude dans certains cas extrêmes. En effet, des techniques ont été mises en œuvre pour produire un tableau budgétaire plus favorable, camouflant ainsi la gravité de la situation économique. Pour manipuler les chiffres budgétaires de manière à réduire le déficit budgétaire apparent et afficher un niveau d’endettement faible, plusieurs techniques comptables et stratégiques ont été utilisées. Bien que ces méthodes puissent donner une apparence temporaire de gestion saine comme l’indique l’ancien Président Macky SALL dans son entretien, elles sont illégales mais présentent aussi un risque élevé de perte de crédibilité auprès des agences de notation de solvabilité, de sanctions économiques, voire de poursuites judiciaires pour les responsables.

De mon point de vue, voici un aperçu détaillé, des pratiques suspectes adoptées par les accusés entre 2019 et 2023 :

? Modification des dépenses budgétaires : Cette technique consiste à reporter certaines dépenses à un exercice ultérieur, ce qui diminue les charges comptabilisées dans l’exercice en cours. Il consiste à modifier les chiffres des dépenses ou des recettes pour les ajuster aux objectifs fixés. Par exemple, inclure des recettes fictives ou sous-estimer des charges réelles. Cette pratique entraine chaque année une reconsidération des hypothèses budgétaires en faisant des ponctions (2 ou 3 fois durant l’exercice n) pour les repositionner dans l’exercice n+1. Ainsi, cette pratique décrédibilise le budget car le déficit budgétaire apparent est réduit, mais en réalité il est déplacé vers l’exercice suivant ou transférer à d’autres entités de personne morale privé ;

? Accélération des recettes : Cela peut se traduire par l’anticipation du recouvrement de recettes, comme la vente d’actifs ou en affichant des recettes fictives ou prématurées, comme celles issues de l’exploitation pétrolière dans le cadre du projet offshore de Sangomar ;

? Comptabilité créative : Cette méthode inclut la création d’entités parapubliques pour

transférer des dettes hors du budget officiel. Par exemple, plusieurs agences ont été transformées en sociétés publiques pour masquer un endettement préoccupant. En effet, la haute autorité d’alors a cautionné la création de nouvelles sociétés publiques ou la mutation d’organismes publics hypers endettés en sociétés publiques ne répondant à aucune justification économique solide, exacerbant davantage la situation financière du pays. Il s’agit par exemple de certaines agences comme l’Agence Presse Sénégalaise (APS), l’ex-Agence de gestion du patrimoine bâti de l’Etat (AGPBE) devenue SOGEPA ou encore l’ex-Agence de l’Informatique de l’Etat (ADIE) devenue SENUM. On peut citer aussi PETROSEN, bien qu’héritée d’une période antérieure, cette société publique a dû absorber d’énormes dettes de l’État en matière de production énergétique, masquant ainsi le véritable niveau d’endettement, ceci est aussi valable pour Cos-PETROGAZ. Sur cette tromperie, il y a non seulement création d’entités publiques non viables mais aussi pléthorique et de manière précipitée. En effet, sur les 19 sociétés publiques existantes, les 9 ont été crées entre 2019 et 2023, et seules rares sont celles qui sont économiquement viables et justifiant un service public utile comme les « Autoroutes du Sénégal », créée en 2024 et chargée de la gestion et de la construction des routes ;

? Déplacement de la Dette Hors Budget : Il s’agit de transférer une partie des dettes à des entités parapubliques ou créer des véhicules hors bilan (Special Purpose Vehicles, SPV) pour isoler les dettes. A titre d’exemple, il s’agit de transférer les dettes d’infrastructures (routes, aéroports) dans des sociétés d’État ou des entités séparées pour ne pas les inclure dans le budget de l’Etat. On retrouve ces pratiques dans la gestion du Port Autonome de Dakar (PAD-SA), de l’AIBD ou encore d’Air Sénégal de 2019 à 2023.

? Non-enregistrement de Passifs : Il s’agit de ne pas comptabiliser certaines dettes, garanties, ou engagements financiers futurs. Pour exemple, les autorités actuelles ont rappelé le non-enregistrement de 650 milliards par les anciennes autorités ; ceci constitue une fraude flagrante. Dans ce cas d’espèce, les « passifs hors bilan » peuvent inclure des prêts garantis par l’État ou des engagements liés à des fonds de pension publics, qui sont ignorés dans les comptes budgétaires.

? Transfert de dépenses à d’autres entités : Dissimuler des dépenses en les transférant vers des organismes décentralisés (collectivités locales, agences indépendantes) ou en les classant comme dépenses privées. Il a été constaté, en effet, la dissimulation de programmes budgétivores dans le secteur parapublic en les transférant dans les collectivités territoriales comme appui budgétaire à l’instar du programme « XËYU NDAW ÑI ». En effet, ce programme sans plan d’amortissement ni plan de remboursement est dilué dans beaucoup d’entités créant ainsi un fardeau budgétaire a ses dernières, déviant pour la plupart de leur objectif primaire et favorisant la clientèle politique et le népotisme.

Les méthodes utilisées par l’autorité de l’ancien régime pour présenter la dette de manière favorable se sont révélées profondément nuisibles, tant sur le plan économique que politique.

En somme, ces techniques ont de graves conséquences économiques et politiques à long terme si elles sont mal gérées. C’est pourquoi l’actuelle administration a adopté des mesures audacieuses pour restaurer la confiance dans la gestion budgétaire et mettre fin à des pratiques qui compromettent les bases même de la crédibilité nationale. Par conséquent, le gouvernement du Premier ministre Ousmane SONKO a plus le souci de corriger les dégâts que de justifier ces falsifications aux nihilistes innocents et à ceux qui nient leurs propres manquements.

Ainsi, pour corriger ces manipulations et rétablir la transparence budgétaire, voici quelques étapes essentielles que je suggère et qui devront suivre l’audit de l’IGF qui a certainement identifier la totalité de la dette hors budget national, les actifs surestimés et les transactions dissimulées :

1. Réintégration des Passifs Cachés : Reclasser tous les passifs cachés ou transférés hors bilan dans le budget principal et ajuster le niveau réel de la dette à partir de la LFI de 2025.

2. Réévaluation des Actifs : Évaluer de manière rigoureuse les actifs publics (immobiliers, participations) selon des normes comptables reconnues.

3. Communication Transparente : Publier un rapport financier détaillé sur la situation réelle de la dette, expliquer les ajustements et rétablir la confiance des parties prenantes (créanciers, institutions financières).

4. Réformes Comptables et Cadre de Gouvernance : Adopter des réformes pour renforcer le cadre comptable public et limiter les marges de manœuvre pour manipuler les chiffres et mieux encadrer le secteur parapublic.

Dr Alpha Ousmane AW

Délégué Adjoint National des Cadres Awalé

Cadre au MFB

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