Le président rwandais Paul Kagame est arrivé dimanche après-midi à Paris pour sa première visite officielle en France depuis le génocide de 1994. Objectif : rebâtir une relation toujours marquée par le contentieux autour du rôle joué par la France avant et pendant les massacres. Ce lundi, Paul Kagame doit donner une conférence avant de déjeuner avec Nicolas Sarkozy.
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Leur entretien sera consacré «au développement du partenariat entre nos deux pays et à l’approfondissement de notre coopération,» selon l’Elysée.
Le dirigeant rwandais a rencontré dimanche la diaspora rwandaise à Aubervilliers, en banlieue parisienne. De nombreux partisans l’y attendaient, convoyés en bus depuis la Belgique, ancienne puissance coloniale où la communauté rwandaise est importante. «Je suis heureux d’être venu ici, en France, à la suite de la visite du président français au Rwanda en février 2010», a déclaré Paul Kagame. Et d’ajouter : «Nous travaillons ensemble pour voir comment échapper à l’Histoire, pour avancer», a-t-il affirmé en kinyarwanda, s’attirant les applaudissements du public. Face à une foule de plus de 2.500 personnes, Paul Kagame a appelé la diaspora à investir dans son pays, à participer à la construction de ce «nouveau Rwanda qui donne une chance à tous».
Une visite qui suscite des remous chez les militaires français
Cette visite officielle a suscité des remous dans la classe politique et chez les militaires français, toujours accusés par Kigali d’être impliqués dans des massacres de Tutsi il y a 17 ans. Plusieurs anciens responsables militaires ont jugé «insultant» que Nicolas Sarkozy, qui avait reconnu en 2010 à Kigali une «forme d’aveuglement» de la France pour n’avoir pas «vu la dimension génocidaire» du régime rwandais hutu d’alors, accueille Paul Kagame tant que Kigali maintient ses «graves accusations» à l’encontre de l’armée.
Autre signe d’un malaise persistant, l’actuel ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, (poste qu’il occupait en 1994), sera absent pendant toute la visite officielle.
Des ONG dénoncent des «violations répétées» des droits de l’Homme
Pour l’universitaire André Guichaoua, «cette visite intervient à un moment où les deux parties sont en position de faiblesse» : Paris, qui «cherche à rompre son isolement dans la région des Grands Lacs», où le petit Rwanda reste un acteur clé, et Kigali, qui se cherche de nouveaux soutiens internationaux alors que ses traditionnels alliés américains se font plus distants.
Le régime de Kagame est aussi très critiqué pour des «violations répétées» des droits de l’Homme par des ONG, qui ont demandé à la présidence française de ne pas sacrifier cette question sur l’autel de la réconciliation. L’opposition rwandaise a aussi prévu de se faire entendre, en organisant des rassemblements à Paris, notamment mardi matin au moment d’une rencontre entre le dirigeant rwandais et le patronat français.
avec LeParisien.fr