WASHINGTON (AP) — A deux jours de la signature par Washington et Moscou du nouveau traité START, l’administration Obama dévoilait mardi sa stratégie révisée en matière d’armes nucléaires, la première depuis 2001. Il s’agit de restreindre les circonstances dans lesquelles les Etats-Unis seraient à même de faire usage de la bombe atomique, et de limiter les cibles potentielles de frappes.
Fruit d’une année de délibérations entre le Pentagone et les pays alliés de Washington, le document reflète l’engagement pris par Barack Obama en faveur de la dénucléarisation des Etats-Unis et du reste du monde, afin également de convaincre d’autres pays de réduire leurs arsenaux ou de renoncer au développement de l’arme nucléaire.
Selon des sources au sein de l’administration, le texte publié mardi doit restreindre la dépendance américaine à l’arme nucléaire en réduisant les cibles potentielles. S’il ne stipule pas que les Etats-Unis ne seront jamais les premiers à lancer une frappe nucléaire, il présente l’arme atomique comme étant « essentiellement » ou « fondamentalement » le moyen de dissuader d’éventuels agresseurs ou de riposter à des attaques.
A terme, l’objectif est d’évoluer vers une stratégie où « le seul but » de l’arme nucléaire est la dissuasion ou la riposte, selon ces sources. Cette formulation exclurait quasiment tout recours à la bombe atomique pour riposter à des attaques conventionnelles, bactériologiques ou chimiques. La doctrine américaine était jusque-là plus ambiguë.
Dans un entretien au « New York Times », Barack Obama a d’ailleurs affirmé lundi que Washington s’engagerait explicitement à ne pas utiliser l’arme nucléaire contre des Etats non-nucléaires respectant le Traité de non-prolifération (TNP), même en cas d’attaques biologiques ou chimiques.
L’administration Obama souhaite également convaincre Moscou de revenir à la table des négociations nucléaires, après la signature et la ratification par le Sénat du nouveau traité START, pour engager des pourparlers sur une limitation des armes nucléaires à courte portée, un domaine dans lequel les Russes possèdent clairement un avantage sur les Américains, selon ces sources.
Barack Obama et Dimitri Medvedev doivent signer jeudi à Prague le nouveau traité bilatéral de réduction de leurs arsenaux, finalisé le 26 mars, et prévoyant la réduction d’environ un tiers des stocks russe et américain, qui passeraient chacun de 2.200 ogives nucléaires à 1.550. Les deux pays disposent de sept ans après la ratification pour y parvenir.
Mardi, le Kremlin a déjà fait savoir qu’il se réservait le droit de se retirer de ce traité, si le projet de bouclier antimissile américain venait à représenter une menace pour Moscou.
« La Russie aura le droit de sortir du traité si des paramètres quantitatifs et qualitatifs de la défense stratégique antimissile américaine commençaient à affecter de manière significative l’efficacité des forces nucléaires stratégiques russes », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse à Moscou.
La Russie a toujours été opposée au projet de bouclier antimissile souhaité par George W. Bush en République tchèque et en Pologne, affirmant qu’il était trop proche de ses frontières. Le projet amendé par Barack Obama, qui prévoit désormais l’installation d’intercepteurs en Roumanie, représente une amélioration, a souligné M. Lavrov. Toutefois, si ces intercepteurs venaient à être renforcés à un niveau menaçant les armes russes, Moscou « utiliserait les provisions du traité », a-t-il précisé, sans donner plus de détails.
Après la signature du nouveau START jeudi à Prague, Barack Obama recevra la semaine prochaine plusieurs dizaines de dirigeants étrangers à Washington pour un sommet consacré à la sécurité nucléaire. AP
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