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L’alternance en Afrique (Par Dr Mohamed Diallo)

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De 1960 à nos jours, beaucoup d’événements sont survenus dans le continent africain.

Face à la gabegie, aux dirigeants qui s’accrochent manu militari au pouvoir en toute illégalité constituelle, au népotisme, au pillage, aux détournements de derniers publics, à l’absence de patriotisme de nombre de dirigeants, l’attitude, les discours, et la frustration de ces personnes qui disent qu’il est trop facile de vouloir toujours se décharger sur l’Occident.

Le chapeau du sous- développement qui sévit sur une bonne partie du continent tour en occultant sa part de responsabilité dans les conséquences néfastes de la traite négrière, de la colonisation et actuellement du néocolonialisme qui plombent le décollage économique de beaucoup de pays. On ne sort pas culturellement, économiquement, psychologiquement indemne de 5 siècles de domination. Cette situation fait souvent penser au complexe de Néron dont parlait Albert Memmi.
Pour légitimer leurs pillages, des pays asservis et défendre leur rôle d’usurpateurs, les colonisateurs, par le passé et les néo colonisateurs, de nos jours, ont échafaudé routes sortes d’arguments et de théories pour rendre licites leurs agissements afin de se donner bonne conscience.
Autrefois, les premiers nommés se cachaient derrière le manteau de la supériorité raciale et de la mission civilisatrice qui était un corollaire pour conquérir des pays.
Vu que tout le monde sait maintenant que leurs arguments sont scientifiquement faux et fallacieux, politiquement incorrectes et anachroniques, leurs successeurs ont changé de stratégies. Ils dénigrent les pays soumis où à soumettre en dénonçant certaines de leurs pratiques qualifiées de barbares, leur inaptitude à exploiter et à utiliser convenablement leurs propres richesses et leur propension à la dictature et à la corruption. Ils louent le développement technologique et économique et la démocratie dans leur pays et n’hésitent pas à falsifier où à réécrire l’histoire pour servir de vils desseins. Du racisme biologique, ils sont passés au racisme culturel et culturaliste. Les périodes changent, mais les pratiques demeurent sous d’autres formes.
Rien de nouveau sous le soleil, nombre de problèmes sur le continent doivent être considérés au minimum sous un angle double quand on veut les analyser. Sinon le résultat risquerait d’être hémiplégique.

  • Dans l’actuelle République Démocratique du Congo, ex Zaïre, Patrice Lumumba a malheureusement très vite appris à ses dépens. En effet, pour maintenir l’exploitation de son pays que d’aucuns qualifient de scandale géologique, tant sous le sol est riche, l’ancienne puissance coloniale, la Belgique poussée entre autre par l’Union minière fit rapidement allumée des feux fratricides auxquels elle participa amplement par le biais de ses laquais Moïse Tshombe et Albert Kalondji. Ces derniers organisèrent respectivement la sécession de Katanga et du Kasaï, les deux régions les plus riches du pays juste quelques semaines après la déclaration d’indépendance.
    Cet événement allait être l’un des premiers, sinon le premier d’une longue série de confrontations malencontreuses allant de coup d’état aux rebellions en passant par les liquidations sommaires mettant aux prises des fils d’un même pays, d’un même Continent, les uns luttant pour le développement et la libération complète de leur peuple, les autres agissant de connivence avec une ou plusieurs puissances impérialistes étrangères qui tirent généralement les ficelles en échange de quelques avantages ou soutiens.

Si cette situation n’avait pas été et n’est encore que l’œuvre d’inconnus désespérés à la recherche de notoriété ou de richesses, elle eût été moins surprenante et choquante. Mais elle a été l’affaire de certains parmi les fils du continent occupant ou ayant occupé les premiers rôles dans leurs pays et jouissant d’une certaine réputation sur le continent.
Les cas de Senghor et d’Houphouët Boigny sur le plan politique et tant d’autres en Afrique noire francophone peuvent bien étayer ces propos.

Vu, non sans raison, par Ousmane Sembéne à travers le personnage de Léon Mignane comme étant, après Faidherbe, le meilleur produit de l’ancienne métropole et le meilleur consul que Paris ait envoyé en Afrique francophone.

  • Par Mongo Béti comme la plus noble conquête de l’homme blanc ;
  • L’oncle Tom-Senghor par Boubacar Boris Diop ;
    Le premier président sénégalais a souvent servi de relai à l’ancienne métropole dans l’exercice de ses bases besognes sur le continent. Il a participé activement à la mise en quarantaine de Cheikh Anta Diop loin de l’Université de Dakar et du champ politique pendant plusieurs années de peur qu’il n’inoculât le virus de l’éveil dans les jeunes consciences endormies dans le pays afin d’éviter d’y faire vaciller les intérêts de la France.
    D’après Roland Colin, lors de la rencontre de Gonneville-sur-mer entre ce dernier et Senghor, à propos de la position à tenir lors du référendum de 1958, le président-poète avait demandé de laisser le pays rester quinze à vingt ans sous domination française avant de penser à l’indépendance.
    Ce n’est dès lors pas étonnant qu’il ait tenu ces propos :  » le carré français, croyez-moi, nous ne voulons pas le quitter. Nous y avons grandi et il y fait bon vivre. Nous voulons simplement y bâtir nos propres cases qui élargissent et fortifieront en même temps le carré familial ou plutôt l’hexagone. »
    C’est sous la présidence que l’opération Persil et l’opération Mar Verde en partie furent préparées au Sénégal pour faire couler la Guinée de Sékou Touré dont le seul tort était d’avoir osé dire non à la France pour se soustraire à sa domination.
    C’est la preuve que ceux qui sont contents de leurs asservissements trouveront toujours dérangeants ceux qui réclament haut et fort leur liberté.
    Beaucoup d’autres choses peuvent être dites sur Senghor agissant pour la France au détriment de son peuple et de ses frères africains.

Le Premier Président ivoirien, Frantz Fanon désignait comme un ennemi de l’indépendance de l’Afrique, un homme de paille du colonialisme pour avoir affirmé que l’Algérie doit demeurer dans le cadre français, pour être allé défendre les thèses françaises aux nations unies.
Avec Senghor, il a été l’autre béquille sur laquelle la France s’est longuement appuyée pour mener sa marche tranquille visant à asseoir sa domination en Afrique francophone.
En agissant de connivence avec l’ancienne métropole, il a joué un grand rôle dans la dissuasion du Dahomey (actuel Bénin) et de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) de participer à la fédération du Mali, qui devait les unir avec le Soudan français (actuel Mali) et le Sénégal.
C’est sous son instigation que le conseil de l’Entente regroupant à l’époque de sa création le Bénin, le Niger, le Burkina Faso fut mis sur pied pour contrecarrer la fédération du Mali.
L’ancien Président ivoirien avait tout fait pour éviter à son pays de s’unir avec ceux qu’il appelait les  » affamés du Sahel « , selon les propos de Roland Colin. Il a soutenu Kasa-Vubu, adoubé par Paris, contre Lumumba à l’ONU, a participé à la déstabilisation de la Guinée nouvellement indépendante et au renversement de Kwamé Nkrumah en 1966 :  » Houphouët Boigny a permis aux conspirateurs d’utiliser la côte d’Ivoire pour coordonner l’arrivée et le départ de leur mission. »
Toujours pour son soutien indéfectible à la France dont le rôle est bien connu dans la guerre du Biafra, il a été parmi les premiers à reconnaître le gouvernement sécessionniste de Biafra. C’est même en Côte d’Ivoire que le colonel Ojukwu trouva refuge après sa tentative avortée de sécession.
Jacques Foccart souligne que :  » le Général de Gaulle lui donna carte blanche pour aider la Côte d’Ivoire à aider le Biafra. »
Comme dans le cas de Senghor, beaucoup de choses peuvent être dites sur Houphouët agissant en faveur de la France au détriment de son peuple.

Alassane Ouattara, dont il était très proche, ne fait que marcher sur ses pas.
Il n’a pas hésité à louer les bienfaits du franc CFA, à expulser de son pays ceux qui ont osé le critiquer comme Kemi Séba et Nathalie Yamb.
Tous les deux préservent jalousement les intérêts français dans leurs pays au grand dam des populations locales.
La décision hâtive et suspecte de remplacer le franc CFA par Eco ne constitue pas seulement un coup de Trafalgar de la part de Ouattara, mais elle est aussi un court-circuitage de la CEDEAO dans son projet de monnaie sous régionale décidé depuis plusieurs décennies et un mépris de l’opinion. De nombreux africains veulent couper le cordon ombilical monétaire avec la France.

La guerre fratricide que se livrent les anciens colonisés pour le compte des anciens colonisateurs sur le continent n’est pas seulement physique et armée.
La particularité pour celle-ci est que l’ancien maître n’a pas toujours besoin de tirer quelque ficelle que ce soit. Car d’autres peuvent agir à sa place, ayant largement réussi sa colonisation, qui en plus d’avoir été une entreprise de domination, d’exploitation économique a été aussi une entreprise d’aliénation, de décérébration pour employer les mots de Fanon.
Elle peut compter sur une certaine élite formée par ses écoles, dans ses universités qui sont prêtes à la défendre becs et ongles intellectuellement. Ce sont les personnes composant cette élite que Sartre, dans sa préface  » Des Damnés de la terre « , qualifie d’êtres truqués, des mensonges vivants, tant le décalage est grand qui les sépare de leurs peuples.
Si bien qu’ils ne peuvent même plus communiquer.
En outre, comme le rappelle Odile Tobner :  » les intellectuels noirs sont étroitement surveillés. »
Toute une génération de diplômés est embrigadée. La docilité est le prix à payer pour accéder aux rôles de figuration, assortis de prébendes, qui vont faire des dirigeants africains les vampires de leurs peuples. Il s’agit aussi de déconsidérer autant que faire se peut les rares voix capables de galvaniser les esprits colonisés.

Peut-être, ignorent ils que chaque domination créé des collaborateurs dans la population soumise. L’exemple de la France sous l’occupation est patent. Ceux qui appauvrissent le continent noir à savoir le FMI, la banque mondiale, l’Omc, les néocolonialistes peuvent toujours compter sur le soutien de certains fils du continent qui diront que si l’Afrique est en retard, c’est de sa faute.

Certaines divergences sur la défense d’intérêts nationaux face à d’autres pays étrangers. Là où l’unité nationale, l’Union sacrée est facilement obtenue dans d’autres pays, même parfois pour des causes dépourvues de noblesse ou tout simplement iniques.
Dès lors, les anciens pays esclavagistes n’ont pas besoin de s’excuser ou de réparer leurs méfaits, il y aura toujours des fils du Continent, des intellectuels ; parfois stipendiés ou affublés de titres pompeux ou lauréats de certains prix en occident. Pour vous dire que si les blancs ont osé réduire certains fils du continent en esclave, c’est parce qu’ils étaient aidés par d’autres africains.

Dr Mohamed Diallo
Président du parti URV
Petit Berger au service de la nation
Titulaire d’un Doctorat en Communication
Membre de l’Association des Écrivain du Sénégal

1 COMMENTAIRE

  1. « Titulaire d’un Doctorat en Communication »……..Thèse soutenue en quelle année et à quelle université? Comme ça, je me ferai un malin plaisir de vérifier

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