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Lancement des festivités du 5quantenaire : L’armée dans le guet-apens de Wade

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Bien malgré elle, l’Armée nationale, organisatrice d’un bien beau spectacle, s’est fait le disc-jockey d’une entreprise politique dont les dividendes sont téléguidés pour profiter à un Président en quête d’un troisième mandat. Par Momar DIENG

ImageSous la puissance fanatique des messages propagandistes, s’est déroulée la cérémonie de lancement des festivités du cinquantenaire de l’Indépendance du Sénégal. Si le spectacle a été très beau à voir, en dépit d’une longueur décourageante, on le doit à l’Armée nationale dont le sens de l’organisation et de l’efficacité ont permis de gâter des milliers de Sénégalais peu abonnés à ce genre événementiel. La fête orchestrée par la Grande muette a donc été belle, féérique quelquefois, patriotique très souvent, intégrationniste en permanence. Mais à l’évidence, elle était piégée ! C’était du Wado-compatible pur sucre. Et rien d’autre.
Au-delà des missions républicaines qui sont les siennes, l’Armée nationale a par instant servi, malgré elle, de disc-jockey à l’animation d’un meeting politique en faveur du Président Abdoulaye Wade, candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle. Rien n’a été dit en net car, justement, la fête se voulait incolore et inodore. Mais tout ou presque a relevé de la suggestion. Du subliminal. De la répression contre les manifestants de mai 68 aux Politiques d’ajustement structurel en passant par les faillites bancaires et les échecs des politiques sectoriels, Léopold Sedar Senghor et Abdou Diouf en ont pris pour leur grade. Et avec Wade, ce fut la rupture ! Mais quelle rupture !
En fait, ce qui aurait dû être une fête de la République une et indivisible a été au fond un hymne de cinq tours d’horloge à la gloire du chef suprême, Abdoulaye Wade, assez modeste et généreux pour laisser un brin de place à ses prédécesseurs Léopold Sedar Senghor et Abdou Diouf. Mais le message codé ne faisait pas de doute : ceux qui revendiquent encore l’héritage de ces deux hommes-là appartiennent eux-aussi au passé.
La fête a été belle, c’est clair pour tous ceux qui étaient présents. En particulier, l’exposition du drapeau national sécurisant, par son ombre, de manière indistincte et égalitaire, les citoyens de notre pays. En réalité, le contraste est grave entre les significations fondamentales portées par l’emblème national et le fleuve d’impunités construit et entretenu sous l’égide du président de la République. L’affaire Massaly étant un cas exceptionnel, le régime de Me Wade a protégé de toute sa puissance les casseurs de biens privés et publics, prébendiers, délinquants économiques et financiers, créateurs d’incuries diverses, tous coupables d’avoir attenté aux intérêts économiques du Sénégal. Si le drapeau national a un sens, alors les coupables épinglés par l’Agence de régulation des marchés publics (Armp) n’ont aucune chance d’échapper aux sanctions qu’ils méritent. Premier magistrat de la République, Me Wade a encensé la jeunesse sénégalaise, entre autres composantes de la Nation, à prendre conscience de la «portée nationale et civique de l’événement». Mais alors, se rend-il compte de l’image épouvantable que ces flibustiers que l’Armp vient de prendre en flagrant délit de gabegie renvoient à ces jeunes-là ?
La fête du cinquantenaire a été superbe. Merci à l’Armée ! Le chef de l’Etat, dans un discours bref mais empreint de solennité, a souhaité que 2010 soit une «année de concorde nationale» de laquelle émergera  «un nouveau jalon lumineux dans la marche de notre pays». Bien beau ! Qu’en faut-il penser devant la gestion unilatérale forcenée du fichier électoral, les pressions sur la Commission électorale nationale indépendante, la partialité manifeste du ministre de l’Intérieur dans l’organisation des scrutins, etc. ? Que peut bien signifier l’expression «peuple uni autour de l’idéal de la Nation» alors que jamais dans l’histoire politique postindépendance de notre pays, un pouvoir central n’a fait montre d’autant d’égoïsme dans la défense d’intérêts claniques qui lui sont directement rattachés.
Le lancement des festivités du cinquantenaire a été un succès, c’est sûr. Merci à l’Armée nationale ! Mais enfin, avait-on besoin d’aller si loin dans un syncrétisme religieux qui fait défiler dahiras confrériques et compatriotes chrétiens en marche forcée au nom de la laïcité ? Les déboires de Me Wade avec les familles religieuses ne se règlent pas au détour d’un spectacle sons et lumière ; ils trouvent solution dans l’équilibre en considération que la référence à la laïcité appelle envers toutes les confessions.
Il est dommage finalement que la discipline militaire ne puisse être imposée aux politiques dont l’agenda prime sur tout. Il ne faut pas se leurrer, la générosité dépensière de Me Wade vise un objectif : que les dividendes d’un cinquantenaire étalé jusqu’en décembre 2010 finissent dans son escarcelle. Avant un enchaînement surprise sur un scrutin anticipé en… 2011 ?

lequotidien.sn

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