L’Assemblée nationale sénégalaise serait-elle en passe de rouvrir le dossier Me Babacar Sèye, du nom de l’ancien vice-président du Conseil constitutionnel assassiné en 1993 ? En tout cas, tout pousse à le croire avec la dernière sortie du président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle Moustapha Diakhaté.
Dans un communiqué en date de ce jeudi, le chef de file de la majorité parlementaire a fait état de l’abrogation prochaine des « lois scélérates » prises antérieurement par l’Assemblée nationale, dont celle portant « amnistie du commanditaire et auteurs de l’assassinat de Maitre Babacar Sèye ».
Moustapha Diakhaté, le président du groupe parlementaire de la mouvance présidentielle, est formel. La douzième législature envisage de remettre au goût du jour l’affaire Me Babacar Sèye, l’ancien vice-président du Conseil constitutionnel assassiné en 1993, au lendemain d’élections présidentielle et législatives mouvementées au Sénégal. Dans un communiqué transmis à la presse hier, jeudi 02 mars, afin de se prononcer sur la prétendue hausse des salaires des parlementaires, une allégation labellisée Doudou Wade, ancien président du groupe parlementaire libéral de la onzième législature, Moustapha Diakhaté a annoncé que l’Assemblée envisage « l’abrogation prochaine des lois scélérates dont celle portant l’amnistie du commanditaire et auteurs de l’assassinat de Maitre Babacar Sèye». Pour le chef de file des députés de la majorité, cette initiative tendrait à participer à la démarche de rupture initiée par Macky Sall et que la douzième législature s’efforce d’exercer au niveau de l’hémicycle.
Et comme si la nouvelle assemblée était engagée dans une sorte de programme méthodique de déconstruction des actes posés par les diverses législatures sous domination libérale (2002-2007; 2007-2012), l’abrogation de la loi d’amnistie concernant l’affaire Me Babacar Sèye ne sera pas le seul acte marquant envisagé par la nouvelle législature. Moustapha Diakhaté a également fait état, dans son communiqué, de la disposition de la représentation parlementaire, à annuler « l’illégale expulsion » de l’Assemblée nationale des députés Moustapha Cissé Lô et Mbaye Ndiaye, actuels ténors de l’Apr (parti au pouvoir), voire à constituer une commission d’enquête parlementaire pour trouver les vrais bénéficiaires des milliards issus du décret d’avance 2012-198 du 23 janvier 2012 pris par Abdoulaye Wade «en faveur» de l’Assemblée nationale.
Pour rappel, Me Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel a été assassiné le 15 mai 1993, à la suite de joutes électorales tumultueuses au Sénégal. Clédor Sène, Assane Diop et Pape Ibrahima Diakhaté avaient été reconnus coupables et condamnés à de lourdes peines avant d’être graciés par Abdoulaye Wade devenu président de la République. Un Président d’ailleurs pointé du doigt comme commanditaire, par certains acteurs. Pour clore le dossier Me Me Babacar Sèye, la loi Ezzan, du nom du défunt député libéral Isidore Ezzan, était venue amnistier, le 17 février, 2005 tous les délits et crimes commis entre le 1er janvier 1983 et le 31 décembre 2004.