L’ancien chef de l’Etat ivoirien reste connecté au monde, dans sa prison de Scheveningen, à La Haye, où il attend d’être jugé. Il n’en a sans doute pas cru ses oreilles, le 5 janvier, en entendant le chef de l’Etat sénégalais Abdoulaye Wade l’accuser d’avoir fourni des armes à la rébellion du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), sur les ondes de RFI.
Son conseiller Toussaint Alain, ancien journaliste toujours mobilisé, a fait cette mise au point : «Le Président Gbagbo n’a jamais entravé d’aucune manière le processus de paix en Casamance en s’immisçant dans les affaires intérieures du Sénégal.
Aucune source crédible ne peut attester que M. Salif Sadio, ancien chef d’Etat-major général de l’aile militaire de la rébellion, cité par le dirigeant sénégalais, a pu effectivement bénéficier d’un soutien quelconque – logistique, financier ou autre – de la part du Président Gbagbo. Il s’agit donc d’accusations fantaisistes et sans fondement.
D’autre part, le président sénégalais Abdoulaye Wade affirme que le Président Laurent Gbagbo a “cultivé la violence”, le rendant même coupable des exactions contre les Burkinabés et du contentieux électoral. Ces propos sont carrément indignes et irresponsables.
En effet, Me Abdoulaye Wade, qui se réjouit de la déportation du Président Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, n’a eu de cesse, depuis septembre 2002, d’attiser le conflit ivoirien. En janvier 2011, il a préféré la guerre à la paix en soutenant l’option militaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Le vrai coupable, c’est lui!»
Le ton est toujours offensif, du côté de Laurent Gbagbo, qui ne désarme pas face à l’adversité. Abdoulaye Wade, son ennemi, s’était distingué par son manque de tact, durant la campagne électorale ivoirienne de 2010, en invitant Alassane Ouattara à Dakar en novembre 2010, avant le second tour de la présidentielle en Côte d’Ivoire.
Laurent Gbagbo va par ailleurs disposer d’une aide judiciaire auprès de la Cour pénale internationale (CPI), à hauteur de 76.000 euros, à titre provisoire. La CPI, à la demande d’Emmanuel Altit, avocat français de Laurent Gbagbo et pénaliste international, a reconnu «l’indigence» de Laurent Gbagbo, mais continue d’enquêter sur son patrimoine. L’ex-président disposerait, selon des rumeurs non vérifiées, de biens aux Etats-Unis et en Afrique du Sud.
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