Soyons sérieux ! Ce pays n’est clairement plus gouverné. Le président a été désavoué et il a perdu la main même s’il (du moins le clan autour de lui) persiste à nous faire croire le contraire et menace les Sénégalais de chaos. Après moi le déluge.
Une bête politique de la trempe de Abdoulaye Wade ne commettrait pas de telles erreurs s’il avait encore réellement le pouvoir. C’est un capitaine pris dans la tempête et dont l’entourage lui cache la vérité sur l’état du bateau et celui des passagers. Sans le savoir, il mène le pays vers une voie sans issue. Il crée les conditions d’un blocage institutionnel en voulant nier l’évidence, en vilipendant la magistrature et en refusant a priori la décision du conseil constitutionnel.
Le président doit partir pour au moins trois raisons : il a mis en faillite l’Etat, il a humilié la Nation et il met en danger la République.
En effet la dette colossale de l’état est une lourde hypothèque sur l’avenir du pays (il ne faut pas oublier que les dettes engrangées aujourd’hui devront être remboursées par nos enfants). Malgré cela le président continue d’endetter le pays et de promettre monts et merveilles aux derniers naïfs de la république. Les dernières victimes sont les chefs de village et les chômeurs auxquels il promet 100.000 emplois.
Le Chef de l’Etat a également amplifié la mal gouvernance en confiant des responsabilités à des incompétents notoires, en dilapidant les ressources de l’Etat et en faisant de la corruption un art !
Le Président met également en danger la nation diverse et plurielle que constitue le Sénégal. Après avoir insulté les chrétiens, il a encore omis de citer le cardinal lors de son discours du 23 juillet pour finalement ne retenir de cette communauté que dit il ‘ « leurs demandes de matériel » ! Et l’on ne reviendra pas sur son parti pris indécent vis à vis de la communauté mouride. Pour finir en beauté, le président montre aux sénégalais le mépris qu’il a pour eux en magnifiant les ‘compétences hors normes’ de son fils.
Enfin, M. Wade est également en train de détruire la République dans ses fondements. Je peux citer les modifications incessantes de la constitution, la dégradation de la fonction ministérielle, le mépris de la représentation parlementaire (2/3 du sénat est nommé par le Président).
Les Sénégalais sont fatigués, usés et à bout. Ils vomissent ce régime et veulent une alternance démocratique et la refondation de la République sur des valeurs éthiques et morales. C’est ce qu’ils ont crié haut et fort les 23 juin et 23 juillet.
Le mouvement M23, malgré sa diversité, a fortement mobilisé le 23 juillet 2011. Le M23 a réussi sa démonstration de force. Le monde entier est désormais informé que l’hivernage sénégalais est en route après le printemps arabe. L’émergence citoyenne n’est l’apanage d’aucune société, c’est un rendez-vous auquel aucune civilisation ne peut échapper car c’est une conséquence directe de l’accès des citoyens à un niveau d’éducation qui leur permet de comprendre les enjeux du développement et d’être des acteurs de leur avenir.
C’est un mouvement inéluctable mené par les femmes et les jeunes, c’est à dire les plus fragiles mais les plus déterminés de notre société. Ce désir de liberté va balayer le régime.
Désemparé, le président fait appel désormais aux chefs religieux. Ironie de l’histoire car dans notre culture prévaut le droit d’aînesse alors que le président est plus âgé que la majorité des chefs religieux ! Néanmoins, ceux-ci doivent avoir le courage de lui signifier qu’il n’est plus l’homme de la situation et qu’il doit organiser les conditions de son départ.
De sources sûres, les défections au sein de l’attelage appelé mouvance présidentielle se préparent. Est-ce surprenant quand on connaît les motivations des transhumants et autres ‘anciens opposants’ devenus ‘libéraux’ en une nuit et qui constituent aujourd’hui la garde rapprochée du président?
Le vent de l’émergence citoyenne souffle et cela fait beaucoup de bien.
El Hadj Salim Camara
dit Ass Camara