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Le beau génie du Peuple sénégalais – Par Madiambal Diagne

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Bravo à tous les acteurs de la vie nationale qui ont pris part à la cérémonie de lancement du «dialogue national» au palais de la République ! L’idée du Président Macky Sall avait pu susciter des réserves, des questionnements et même une hostilité, mais l’ouverture d’esprit montrée par le chef de l’Etat avait fini par rassurer bien des sceptiques. On ne saurait parler pour les autres, mais on peut augurer que ceux qui avaient choisi de s’exclure de la manifestation, de crainte que cet appel au dialogue procéderait d’une manœuvre politicienne, ont pu regretter leur position. Il est à se féliciter et à saluer l’attitude des acteurs politiques, des acteurs sociaux et des notabilités religieuses et coutumières qui ont répondu à l’appel du président de la République pour discuter des problèmes du Sénégal et explorer des voies et moyens pour un devenir meilleur.

Le chef de l’Etat peut être fier de son initiative, mais l’attitude positive manifestée notamment par son opposition politique et tous les autres acteurs de la société civile présents devrait le conforter à aller chercher ceux qui n’avaient pas estimé devoir faire le déplacement. Certains ont pu se confiner dans un isolement, de leur propre chef, mais il ne semble pas opportun de les suivre dans leur logique. Les organisations de la société civile (M23 ou Y’en a marre par exemple) ainsi que certains acteurs des médias qui avaient été laissés en rade pour des raisons quelconques méritent elles aussi d’être conviées aux prochaines sessions. Tout n’a pas pu être parfait dans l’organisation de la première manche du «dialogue national», mais on doit apporter certains correctifs. Le Président Macky Sall a bien les coudées franches pour aller chercher ceux qui manquent encore à l’appel et ainsi rendre encore le processus de dialogue national le plus inclusif possible. On peut bien considérer qu’après la cérémonie de lancement d’hier, aucun triomphalisme ne devrait être de mise ; il faudrait plutôt que le chef de l’Etat et ses partisans fassent davantage montre d’humilité, d’ouverture et de tolérance. Le Président Sall n’était soumis à aucune contrainte pour appeler à un dialogue, mais le déroulement de la première étape l’autorise à encore tendre davantage la main. Dans un contexte où tous les signaux sont au vert quant à la situation de l’économie nationale, le Sénégal est cité en exemple pour sa gouvernance politique et économique, et les perspectives s’annoncent les plus prometteuses possibles, le Président Sall avait la latitude de chercher à gouverner seul et tirer le crédit exclusif d’une telle situation. Macky Sall a donc été magnifique de générosité, mais la réponse que ses opposants lui ont servie l’a été autant. L’opposition lui a ainsi permis de conforter l’idéal démocratique. Oumar Sarr du Pds a été on ne peut plus sublime. L’opposition a eu à s’exprimer librement et sans complaisance aucune et toutes ses préoccupations ont été posées sur la table du dialogue, et cela avec la courtoisie et le ton qui siéent. Le spectacle est beau de voir tous les fils et toutes les filles du Sénégal s’inscrire dans une symbiose qui transcende les clivages politiques, confessionnels et sociaux pour tendre vers un même «but», une même «foi» pour un même «Peuple» uni et solidaire. Les rouages de la démocratie sénégalaise ne s’en trouveront que davantage huilés. Cette symphonie ne doit point s’arrêter. Le Président Sall devrait donc battre le fer pendant qu’il est chaud. Le cadre de pilotage du dialogue national doit être mis en place rapidement et les discussions engagées. Les travaux ne devraient pas durer trop longtemps. Dans un court délai, les conclusions devraient être déposées sur la table du chef de l’Etat pour que ce dernier en tire les conséquences et fasse par exemple une adresse solennelle à la Nation et se mette dans une dynamique de mettre en œuvre les recommandations qu’il jugera pertinentes de ce dialogue. Rien ne pourra lui être imposé, car c’est lui-même qui a librement initié, voulu, recherché, prôné ce dialogue qui d’ailleurs ne peut que profiter à sa gouvernance. Le Président Macky Sall a une chance inouïe qu’aucun de ses prédécesseurs n’a eue, de réunir autant de sensibilités politiques qui acceptent de dialoguer avec lui. C’est justement dans une pareille situation qu’il devra faire preuve de grandeur et d’altruisme.Si en dépit de tous ses efforts, certains acteurs restaient figés dans leur posture d’enfermement dans un certain extrémisme, le chef de l’Etat, qui aura bien essayé, n’aura rien perdu. Bien au contraire ! L’opinion publique en arriverait à se demander ce qui peut justifier une certaine forme d’animosité crypto-personnelle. En France par exemple, nul n’ignore les «bons» sentiments que se nourrissent réciproquement François Hollande, Nicolas Sarkozy ou Marine Le Pen, mais quand le président de la République française a estimé convoquer la classe politique à des séances de consultation, ses opposants irréductibles se sont faits un devoir d’aller lui répondre. Personne n’était obligé d’aller lui répondre, mais tout le monde a estimé que «la France valait bien quelques sacrifices». La séance d’hier a donc permis à Macky Sall de conforter la légitimation de sa gouvernance et de son autorité. Cela induit pour lui une lourde responsabilité, celle de réussir le dialogue enclenché. Désormais, tout échec de ce dialogue lui sera imputable. Il s’avère ainsi nécessaire de l’aider à mieux réussir son pari. Il doit être «protégé des siens», car ce sont ses amis qui, comme menacés par on ne sait quoi, semblent faire montre d’un ostracisme qui pourrait être préjudiciable à la réussite du projet de dialogue national. L’Alliance pour la République (Apr) n’a certes pas à accepter toutes les critiques ou diatribes venant de l’opposition, mais aussi le parti présidentiel ne devrait faire des obstructions ou être rétif à la critique constructive. Il apparaît aussi de mauvais aloi de prêcher une primauté à dialoguer avec des alliés qui se réclament du «temps où la nuit était noire». Ils sont nombreux à être aux côtés du Président Macky Sall et qui s’autorisent à revendiquer des dividendes que rien ne saurait justifier. En effet, le compagnonnage de Macky Sall avec nombre de ses alliés ressemble à une certaine allégorie d’un conducteur de véhicule qui embarque des auto-stoppeurs qui n’ont point payé le prix du transport ou même participé à payer le carburant et qui, arrivés à destination, exigent du conducteur de partager la recette.
Il n’en demeure pas moins que pour ce qui a été déjà exprimé par les représentants de l’opposition, force est de retenir que tout cela participe d’une expression démocratique et plurielle avec un sens élevé de l’intérêt national et de la responsabilité. Les débats d’hier auraient pu dégénérer et on l’avait craint un moment, d’autant qu’ils étaient retransmis en direct dans d’importants médias. Seulement, force est de dire que tous les acteurs ont rivalisé de sens des responsabilités. Le chef de l’Etat a aussi fait montre d’une extraordinaire capacité d’écoute et d’une patience qu’il convient de souligner. En quelque sorte, il se mettrait dans une position de «maestro» avec des musiciens lors d’une séance de répétition et que chaque acteur joue pleinement sa participation. Le but est de produire une mélodie à laquelle chacune des composantes du Sénégal s’identifiera et contribuera de son mieux à l’essor de cette Nation.
Qu’il est beau, mon Sénégal !

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