Le Sénégal doit se conformer à ses obligations internationales en extradant Hissène Habré vers la Belgique à défaut de le juger sur son territoire, soutient le gouvernement belge qui vient de transmettre aux autorités compétentes sénégalaises une quatrième demande d’extradition de l’ancien président tchadien, en exil à Dakar depuis sa chute en 1990.
La Belgique a annoncé mercredi qu’une quatrième demande d’extradition de M. Habré avait été remise à l’ambassade du Sénégal à Bruxelles, après le rejet de sa dernière demande par un tribunal dakarois.
La chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar avait déclaré irrecevable, le 11 janvier dernier, la troisième demande d’extradition adressée par la Belgique aux autorités sénégalaises à l’encontre de M. Habré.
La juridiction sénégalaise avait notamment fondé son arrêt sur le fait que ‘’la Belgique n’aurait pas respecté la législation sénégalaise relative à l’extradition car la copie du mandat d’arrêt international à l’encontre de M. Habré et de ses annexes n’aurait pas été présentée en expédition authentique’’, rappelle un communiqué du gouvernement belge.
La justice sénégalaise avait également invoqué à l’appui de sa décision ‘’l’absence du procès-verbal d’arrestation et de mise sous écrou et d’interrogatoire de M. Habré’’, indique cette source, en affirmant que la troisième demande d’extradition avait été bel et bien transmise ‘’en bonne et due forme’’, comme du reste la dernière.
‘’La Belgique a demandé avec insistance aux autorités sénégalaises que ce mandat d’arrêt et ses annexes en expédition authentique soient transmis tels quels aux autorités compétentes’’, indique-t-on de même source.
Le gouvernement belge ‘’tient en outre à rappeler qu’elle a toujours été favorable à l’organisation du procès de M. Habré en Afrique, dans le pays sur le territoire duquel il se trouve, sur la base des plaintes déposées et des poursuites engagées en Belgique, en application du principe « aut dedere, aut judicare », c’est-à-dire l’obligation de poursuivre à défaut d’extrader’’.
A l’issue de son sommet tenu en juillet 2006 à Banjul, l’UA avait demandé au Sénégal d’organiser le procès de M. Habré. Pour ce faire, le pays a été obligé d’opérer une révision de sa loi.
Suite à une plainte des avocats de Hissène Habré, la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a demandé récemment la mise en place d’un Tribunal spécial, estimant que le Sénégal n’a pas le droit de juger Habré par une loi rétroactive.
L’arrêt de la Cour a été rendu au moment où le Sénégal s’apprêtait à abriter une rencontre des bailleurs de fonds pour le financement du procès de l’ancien homme fort de Ndjamena.
Commentant le verdict rendu par la Cour de justice de la CEDEAO, le président Wade considère qu’il y a ’’une contradiction’’ entre cette décision et le souhait de l’Union africaine de faire juger Habré par le Sénégal.
Partant, les autorités sénégalaises avaient annoncé avoir décidé de retourner à l’Union africaine le dossier de l’ancien président tchadien Hissène Habré, mais exprimé le souhait que celui-ci « soit jugé en terre africaine.
Hissène Habré devait être rapatrié vers son pays, le 11 juillet, par les autorités sénégalaises, qui ont renoncé à cette décision, à la demande de Navi Pillay, le Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.
Des organisations de défense des droits de l’homme avaient estimé Hissène Habré ne peut bénéficier dans son pays d’un procès équitable. Ces dernières ont indiqué que Habré devait être extradé vers la Belgique qui a déjà formulé une demande dans ce sens.
Habré est accusé de plusieurs milliers d’assassinats politiques et de torture systématique pendant les huit années de sa présidence (1982 à 1990), des violations qualifiées de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.
aps