Pourquoi pas lui ? Au bout de son (presque) message à la Nation, Youssou Ndour laisse la saveur d’un ton messianique. L’originalité de « Fekke ma ci boole » est un remix de trouvailles ayant déjà peuplé le champ politico-médiatique.
En 1998, le Forum civil avait initié des rencontres dans la Salle de Conférences du Cesag, à Dakar. Les têtes de listes, pour les législatives, venaient exposer leur programme. L’actuel président de la République en faisait partie. Deux ans plus tard, Sud Fm offrait une plateforme d’échanges entre les candidats à la Magistrature suprême et les électeurs sénégalais. Co-animée par nos brillants confrères Birima Fall et Ndiaya Diop, l’émission « Xel Xelli » était un grand moment d’échanges. C’est dans ce cadre délocalisé des studios de la première radio privée du Sénégal que le président Abdou Diouf a réitéré sa ferme détermination à se soumettre au verdict des urnes. C’est sur le même plateau que l’actuel chef de l’Etat sénégalais a opposé ses réserves sur la sincérité d’un tel engagement. Il ne voulait surtout pas donner un chèque en blanc à cet establishment que le journal de son camp politique, « Sopi », avait appelé, en 1988, « la machine à frauder ». Cette année, le Mouvement Y en a Marre est doublé, lui qui avait prévu d’auditionner les candidats afin de permettre aux Sénégalais de s’imprégner de leur programme. Enfin,Benno Alternative 2012, une dissidence soft d’un Bennoo qui peine à aborder la question de la candidature unique, prévoit des auditions avec les candidats potentiels.
Et arrive « Fekke ma ci Boole », le mouvement de Youssou Ndour, paré de son « originalité » et de son « identité » au son de déjà entendu ! L’extinction de voix aura duré près d’un an. Entretemps, la TFM a commencé ses émissions et s’est positionnée sur le paysage médiatique, à en croire un sondage réalisé par l’Institut BDA. C’est « un espace d’expression libre et démocratique, le plateau du peuple sur lequel les candidats pourront présenter leur programme aux Sénégalais, selon son président, Youssou Ndour lui-même. Le critère de base est donné : « intégrité sans faille ». Selon lui, « la Magistrature suprême est à ce prix ». Et You s’en explique : « Nul ne peut plus gouverner à sa guise, en toute impunité… »
Le ton est messianique par endroits, surtout au moment de passer de sa musique à sa nouvelle partition politique. Frantz Fanon et sa célèbre citation sur le devoir des générations remorquent le propos du lead-vocal du Super Etoile et Président du Conseil d’Administration du Groupe Futurs Médias : « Pour ma part, la cause est entendue. Nous allons vers des lendemains incertains et il ne faut pas laisser la situation se détériorer davantage… Si ma musique est la voix des opprimés, des enfants, des orphelins, j’entends faire du Disso la base de mon action… »
Il le répète : « Je suis aux côtés du peuple, pour son bien-être » Non sans oublier de nous servir ce « Mes chers compatriotes ! » Ne vous y méprenez pas ! Ce n’est pas le président Wade. C’est du You, en toute responsabilité, sur la TFM ! Et pourquoi pas lui ?