Le Président Abdoulaye Wade a retardé la publication annoncée de la liste de son nouveau gouvernement. Son fils, étant absent du Sénégal, le chef de l’Etat attend son retour. Karim Wade veut être là quand on va changer le gouvernement. Pour parer à toute éventualité.
Rien ne se fait au sein de l’Etat sans Karim Wade. A preuve, le Président de la République qui devait rendre public, en ce début de semaine, la liste de son prochain gouvernement a dû y surseoir. Simplement parce que son fils est absent du Sénégal. Karim Wade devrait, selon nos sources, donner son onction avant la publication de la liste du nouveau gouvernement. Ce qui lui permettrait de s’assurer que tous les ministres acquis à sa cause, notamment ceux de la « Génération du concret », y figurent. Une manipulation est vite arrivée. Alors pour parer à toute éventualité, le ministre d’Etat veut être là au moment où on change le gouvernement.
Ceux qui doutaient encore de la mainmise de Karim Wade sur les affaires de l’Etat ont là une preuve éloquente. En plus de son ministère éléphantesque qui regroupe la Coopération internationale, les Transports aériens, les Infrastructures et l’Energie, le fils du chef de l’Etat a la haute main sur l’Etat. L’opposition sénégalaise ne cesse d’ailleurs de s’indigner de cet état de fait et affirme un tantinet ironique, si ce n’est dramatique, que Karim Wade est le véritable Président de la République du Sénégal. Me Abdoulaye Wade n’en incarnerait plus, selon eux, que l’apparence, compte tenu de son âge et de sa santé.
Quoi qu’il en soit, Karim Wade est devenu une réalité étatique en attendant, peut-être, de l’être politiquement. Parce que, à ce niveau, il peine encore à trouver ses repères et à imposer ses marques – en atteste les élections locales de 2009 lors desquelles il a été battu jusque dans son propre bureau de vote au Point E. Au niveau de l’Etat, en revanche, Karim Wade a réussi à s’imposer. Entré timidement au palais comme conseiller spécial de son père de Président, il va très vite gravir les échelons pour arriver au sommet de l’Etat. Il faut reconnaître que c’est à la faveur du vide laissé par les départs successifs d’Idrissa Seck et de Macky Sall du gouvernement. Il les a aidés en ce sens aussi. Et la nature a horreur du vide… Le Président Wade n’ayant plus un socle sur lequel s’adosser s’est naturellement retourné vers son fils, lequel en a profité pour mailler le gouvernement et l’administration. Karim Wade a réussi aujourd’hui à placer ses hommes de confiance au sein de l’appareil d’Etat. Avec une boulimie insatiable, il cherche chaque jour à rabioter sur l’Etat pour avoir le maximum de portefeuilles ministériels, de postes administratifs et de directions de sociétés nationales. Selon nos informations, Karim Wade cherche à mettre la main sur deux ministères de souveraineté.
Cette dernière conquête devrait lui permettre de contrôler définitivement l’Etat. Déjà qu’il a aujourd’hui une force qui oblige les ministres du Président Wade à lui faire acte d’allégeance. Naturellement, il y a des poches de résistance sous la férule d’hommes et de femmes qui sont encore écoutés par le chef de l’Etat. C’est justement pour éviter que ceux-là n’influencent le Président de la République que Karim Wade veut être là au moment où on change le gouvernement. Surtout que depuis que le remaniement est annoncé, des cercles d’influence de différentes obédiences se sont levés pour mener un intense lobbying auprès du Président Wade. Qui pour le maintien dans le gouvernement d’un tel ministre, qui pour demander la promotion d’un tel autre, qui encore pour faire nommer un protégé.
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