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Le chroniqueur de RFI, Jean-Baptiste Placca plaque Macky Sall

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Sénégal: un septennat plein pour Macky Sall Par Jean-Baptiste Placca

Ce sera donc un septennat plein pour Macky Sall. Il avait soulevé un certain enthousiasme en affirmant, lors de son investiture en avril 2012, son intention de réduire son premier mandat de sept à cinq ans. Pour ceux qui l’avaient cru, c’est la douche froide. Il dit se conformer à l’avis du Conseil constitutionnel mais l’argument, manifestement, convainc peu.

Macky Sall, avec cette promesse, avait non seulement soulevé un certain enthousiasme, mais aussi inspiré le respect. C’est en des occasions comme celle-ci que certains hommes politiques perdent tout. Si son élection, en 2012, a pu être considérée comme un grand moment de démocratie, bien au-delà du Sénégal, c’est pour l’essentiel en raison de la rapidité avec laquelle Abdoulaye Wade avait alors concédé sa défaite. Macky Sall,  président élu, ne s’était hissé à la hauteur de l’événement qu’à la faveur de cette promesse de grand seigneur : réduire le septennat en quinquennat, en se l’appliquant, dès ce premier mandat.

Revenir sur cette promesse, sous quelque prétexte que ce soit, laisse une impression de gloire acquise à bon marché. Une bonne partie de l’Afrique réalise, éberluée, que depuis bientôt trois ans le chef de l’Etat sénégalais vit sur une image conquise à crédit et qu’il a du mal à mériter le moment venu.

L’argument constitutionnel avancé n’est tout de même pas un abus de confiance…  

Il n’était vraiment pas obligé de faire une telle promesse à son peuple et, partant, à l’Afrique, si c’est pour, en fin de compte, s’abriter derrière un avis du Conseil constitutionnel. D’aucuns lui rétorqueraient même qu’un avis du Conseil constitutionnel, surtout sur une question comme celle-là, n’est qu’un avis. La grandeur de la politique est de savoir préférer bien faire, en étant plus audacieux que de tels avis. D’ailleurs, les dirigeants politiques africains savent se soustraire à bien des avis de juges constitutionnels pour n’en faire qu’à leur tête, lorsque cela les arrange.
S’il est sincèrement désolé de ne pouvoir honorer sa promesse, alors, il lui reste la démission, au bout de la cinquième année. Les constitutionnalistes sauront bien lui conseiller comment se présenter pour un second mandat dans la foulée de sa démission.

Ce serait une expérimentation hasardeuse…

Dans des pays comme le Ghana ou le Nigeria le mandat présidentiel est de quatre ans, renouvelable une fois. Et l’histoire récente a prouvé que certains dirigeants pouvaient même se satisfaire d’un seul et unique mandat de quatre ans, sans psychodrame aucun, dès lors que c’est la volonté de leur peuple. Sept ans, c’est presque deux mandats de quatre ans. Cinq ans, c’est bien plus qu’un mandat de quatre ans. Et douze ans, c’est tout simplement trop. C’est en tout cas ce dont l’Afrique ne veut plus. La question que pose cette banale affaire d’une promesse non tenue est, au fond, celle de la quantité-temps qu’il faut à un dirigeant politique au pouvoir pour prendre conscience qu’il s’éternise. Mandela s’est contenté d’un mandat de cinq ans et il en est ressorti plus grand que ne l’a jamais été aucun homme d’Etat africain.

Le signal s’adresse à ceux qui se goinfrent de pouvoir jusqu’à l’ivresse, sans d’ailleurs jamais se soucier de savoir si le peuple auquel ils imposent leur personne (et souvent leur famille) y trouve un quelconque bonheur, ou même un semblant de plaisir. Ces derniers jours, sur les réseaux sociaux, les citoyens d’un pays ouest-africain accusent violemment le président sortant de leur pays, contraint de partir après deux mandats, d’avoir brouillé le jeu politique national, juste pour se venger de n’être pas parvenu à créer les conditions d’un troisième mandat que ce peuple ingrat lui aurait refusé.
Punir son peuple de ne pas vouloir vous subir plus longtemps que de raison est un sentiment assez étrange, de l’égoïsme pur. D’autres chefs d’Etat ont, par le passé, cru ainsi punir un dauphin peu coopératif en transmettant le pouvoir à des personnalités moins méritantes ou moins bien préparées qui se sont, ensuite, révélées être un désastre pour la nation.

Macky Sall n’en est tout de même pas à ce point ?

S’il ne peut rien contre l’avis du Conseil constitutionnel, alors, oui, l’on retiendra  qu’il n’a rien pu pour honorer sa promesse, rien pu faire pour respecter un engagement essentiel. Mais l’homme politique a toujours la liberté de choisir la porte par laquelle il entend entrer dans l’Histoire.

rfi.fr

22 Commentaires

  1. En 1960, le Sénégal et la Corée du sud avaient le même PIB
    Depuis 1960, nous avons la démocratie et nous n’avons jamais pu fabriquer une aiguille.
    De 1960 à 1990, la Corée était une dictature mais ils produisent Samsung, Hyundai, et des navires.
    Cela veut dire que nous avons passé tout ce temps à parler sans travailler.
    La Corée elle a passé tout ce temps à travailler sans parler.
    Au rythme où vont les choses, 2050 nous trouvera encore en train de parler, si ce pays n’éclate pas en plusieurs mini-états

    • parfaitement d’accord, les africains,y compris ce journaliste ne savent qu’aligner les mots .Pendant que le monde travaille nous discutons du sexe des anges. Si la constitution sénégalaise fait obligation de recueillir l’avis du Conseil constitutionnel pour procéder à la modification de la durée et du nombre présidentiels pour le jeter à la poubelle, ce que les rédacteurs de cette constitution sont incompétents.
      Pour rappel,les français ont adopté par référendum le quinquennat en 2000, au cours du premier mandat de Chirac, élu en 1997 pour un mandat de 7 ans. Pour autant Chirac n’a pas démissionné et a achevé son mandat pour réélu en 2002 pour un mandat de 5 ans.
      Je crois que comparaison n’est pas raison,personnellement je suis en faveur du septennat qui permet de mettre en oeuvre des programmes de développement et d’éviter à nos jeunes démocraties d’être en campagne électorale permanente . En plus, on rentre dans l’histoire par ses réalisations . La Corée du Nord, bien qu’elle soit une dictature sans qualificatif, vient de lancer une fusée intercontinentale, prouesse que tous les africains réunis ne peuvent pas aujourd’hui réaliser.

      • Ah lalalalala « Véridique »… Cessez avec cette manie de jouer avec les nuances. Que Chirac l’ait fait ou pas c’est un autre débat. Pourquoi ne précises tu pas pas que Chirac n’en avait pas fait une promesse électorale et un cheval de bataille. Personne ne reproche à Macky de faire 7 ans, ce qui lui est reproché c’est de ne pas tenir sa parole alors qu’il avait la possibilité d’honorer cette promesse qui lui a valu les applaudissements de tous à travers le monde. Personnellement qu’il fasse 7 ou 5 ne me derange point (tout en ayant un penchant pour les 7 ans pour ce premier magistère afin qu’il ait le temps de montrer les fruits de sa politique).
        Désolé mais le journaliste n’a fait qu’un constat. C’est son boulot. N’est ce pas que tu t’exprimes sur la toile…?

  2. NOTRE PAYS A BESOIN D UN HOMME FORT ET JUSTE PENDANT 15 ANS. APRES ON PARLERA D INSTITUTIONS FORTES.
    Méfions nous des calibres occidentaux de modélisation de la démocratie, ce sont des canons d’une société où l’individu prime sur le groupe, je prefere un dictateur qui élève mon niveau de vie à un démocrate qui remplit mon ventres de paroles.
    Paul kagamé est en train d’imprimer son pays dans le progrés et dans 10 ans, ce pays aura atteint un stade de developpement social irreversible, pour le bien de tous.

  3. Vous etes tous la a interpreter des textes ecrits en francais et manifestement vous ne parlez pas le meme francais.Ces textes exprimes en wolof par example seraient faciles a comprendre.
    Travaillons a acceder a l infependance,on nous distrait avec de la politique politicienne,avec des clowns politicians qui jouent avec ces peoples qui acceptent et jouent leur jeu.
    On est pas independant,le seul combat doit etre la decolonisation
    Ils sont tous pareils nos politiciens,poussal ma tok est leur devise.
    Wa salam

  4. ma wakhaat ko: pouvons nous continuer à parler et à nous invectiver d’une élection à une autre?
    nous sommes trop politisés et croyons que la politique est un métier qui ouvre toutes les portes.
    ramener le mandat à 5 ans voudra dire que le président élu et son appareil partisan entreront en campagne 18 mois après l’élection, c’est à dire que le pays sera en campagne pendant 3 ans et demi.
    avec un mandat de 7 ans, le président a la possibilité de commencer quelque chose de solide que son successeur pourrait continuer

  5. Ce texte est d’une limpidité morale extraordinaire. Pour tous ceux qui en doutaient, il décline l’expression de dégoût, de rage et de tristesse majoritairement ressentie par tous les Africains qui jettaient leur curseur sur le Sénégal eut raison à sa trajectoire politique, culturelle et humaine. Ils étaient tous presser de venir au Sénégal, s’imprégner de de notre exception sociétale dénommée: Exception Sénégalaise.
    Chaqu’un de nos 3 précédents Présidents de la république y ont veillé, et jamais, le Rubicon de l’opprobre et de l’indignation n’a été franchi, sauf en la soirée de ce mardi 15 mars 2016 où l’actuel occupant du palais, assombrit notre horizon du sombre manteau du parjure animé uniquement par des raisons cryptopersonnels.

  6. Tu as été peu convainquant toi aussi, la promesse électorale vaut elle mieux que celle du conseil constitutionnel gardien de la constitution sénégalais je pense que la vérité aujourd’hui c’est d’encourager et de soutenir le président macky sall dans sa volonté de renforcer nos institutions politiques car comme nous l’enseignait barack obama l’Afrique a plus besoin d’institutions fortes que d’hommes forts alors taisez vous vous n’avez rien à dire.

  7. Je ne rate jamais votre chronique. Vous me confortez dans l idée que Makhy Sall n a pas reussi à nous enfumer. Les Peuples ont mûri et il l apprendra à ses dépens. Merci Monsieur Placca

  8. En tout cas si le non l’emporte ce serait un signal fort contre les politiciens pour le respect de la parole donnée. Mieux encore le peuple souverain sera définitivement libéré du dictat de l’exécutif et de ses mensonges pour toujours.

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