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Le civisme ou la citoyenneté, vu sous l’angle du respect des codes en général au Sénégal Par Mandiaye Gaye

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 L’effondrement récent de l’immeuble sis à Ouakam n’est en effet qu’un de plus. Car, ce n’est ni la première fois et malheureusement ne sera pas aussi la dernière fois. Avec votre permission, je saisis cette occasion pour vous livrer ici, la réflexion que j’avais consacrée à ce genre de phénomènes dans le chapitre 10 de mon ouvrage intitulé : « La problématique de la citoyenneté au Sénégal[1] » que voici.

« S’il est vrai que le Sénégal est bien en chantier et qu’il y a un boum dans le bâtiment, il faut y ajouter pour dire vrai, que le tout se fait sur des bases anarchiques qui ne respectent pas du tout les règles les plus élémentaires d’urbanisme et d’architecture. Ce qui engendre les nombreux effondrements d’immeubles  mal façonnés, avec parfois des morts d’hommes et d’importants dégâts matériels. Il est à préciser aussi, que le bâtiment est la destination et le secteur idéal pour la transformation de l’argent sale. En effet, la plupart des blanchisseurs d’argent sale, investissent dans le bâtiment.

La négligence, le laxisme, le laisser-aller, l’informel, etc., des services de l’urbanisme, donc de l’Etat, en matière d’autorisation, de surveillance et de contrôle des constructions en cours, constituent une porte ouverte à tous les risques d’accidents et de catastrophes éventuels dans le secteur du bâtiment. Les catastrophes, découlant d’immeubles ou de maisons bâtis hors des normes admises d’urbanisme, qui s’effondrent avant d’être terminés ou peu après leur finition, ne se comptent plus. L’absence de permis de construire ainsi que la surveillance des chantiers est déplorable.  Le défaut de permis de construire n’est plus frappé de sanctions. Il ne constitue plus un risque de destruction totale des bâtiments, qui ne respecteraient pas  les normes en matière d’urbanisme. Et le silence observé par l’Etat, n’est rien d’autre qu’une autorisation déguisée ou une complicité des autorités compétentes. Pour que de pareilles pratiques ne se perpétuent et se pérennisent, il faut que les textes en vigueur en la matière soient  appliqués avec rigueur à tous les Sénégalais sans aucune exception. C’est une règle simple qui assurerait une sécurité dans la construction.

Des immeubles et des maisons s’effondrent un peu partout dans le pays, en faisant des victimes innocentes parmi leurs occupants et environnants. Ceci, pour encore et toujours les mêmes causes à savoir, défaut de permis de construire, inobservation des normes de sécurité en matière d’urbanisme et d’architecture, absence de surveillance des constructions en cours par les services techniques habilités, etc. La fréquence de tels accidents est devenue monnaie courante et même banalisée.

Dans tous les cas, les problèmes  d’urbanisme de notre capitale préoccupent beaucoup les Dakarois, à cause de l’anarchie et les désagréments qui y règnent. »

Il est à croire que la ville ou région de Dakar ne dispose pas d’un plan directeur adapté à sa spécificité et la réalité sur le terrain !

Dans tous les cas, «…un plan  de circulation permettant une parfaite fluidité des véhicules ne semble exister au regard des embouteillages montres dans Dakar et sa périphérie. L’existence d’espaces verts propices à l’environnement d’un cadre vie saint ; un réseau d’assainissement respectant les normes d’hygiène et prenant en compte l’épineux problème des inondations de Dakar, qui évacuerait les déchets domestiques et des usines, sont des éléments déterminants que tout plan directeur devrait absolument intégrer dans sa conception. La nécessité et l’urgence d’un tel plan pour notre capitale sont prioritaires sur beaucoup d’autres travaux qui passent au second plan. Car sous peu de temps, avec la boulimie foncière de Me Wade, il n’existera plus d’espace pour réaliser un plan directeur en bonne et due forme. Ainsi, l’urbanisme sauvage s’est installé au cœur de la capitale et sa banlieue, en lui donnant un visage hideux par endroits que l’on n’ose pas faire visiter aux étrangers. Dakar a raté effectivement toutes ses chances d’être une belle ville, bien urbanisée et une capitale avec des cités homogènes bien normées grâce à une réglementation stricte, où l’esthétique et l’harmonie frapperaient à vue d’œil. C’est cela aussi, un des tares de la gouvernance libérale : Wade a tout bouleversé dans ce pays, en mettant tout à l’envers. Et le voici maintenant, incapable  de remettre chaque chose à sa place.

A la  lumière, de la tragédie du naufrage du bateau Le Joola et des nombreuses catastrophes survenues au cours de ces derniers temps dans le pays, l’Etat devrait nécessairement et absolument en retenir une leçon capitale et de tirer de tout cela un enseignement aussi capital pour le futur. Il s’agira surtout pour lui, de  prendre conscience en tout premier lieu des risques en amont, de mesurer le degré d’implication de la responsabilité de nos services compétents sur les accidents survenus et subis par les populations, du fait de leur négligence coupable, de leur imprévoyance impardonnable et de  l’inexécution ou de la non-application des textes en vigueur dans le domaine de la sécurité en général.

Il est clairement établi aujourd’hui, que sur cent  (100) constructions dans notre capitale, au moins 35 à 40% sont entamées ou entièrement finies sans l’autorisation de construire des services compétents habilités. Cette tâche est bien du ressort de l’Etat et, elle lui incombe entièrement. En effet, la plupart des auteurs de tels manquements sont généralement des responsables de haut niveau au sommet de l’Etat, leurs protégés ou des marabouts intouchables alliés du pouvoir. Interrogez-les tous ? Ils vous rétorqueront invariablement ceci : « Ce n’est pas grave, je vais régulariser tout cela après. ». Face à cela, le service compétent  de l’Etat s‘abstiendra de faire quoi que ce soit, à l’encontre de ces hors-la-loi au col blanc.

Ce phénomène n’est pas l’apanage des quartiers flottants ou irréguliers, non, loin de là. Au contraire, il est même plus fréquent et frappant dans les zones prisées, telles que les Almadies, Ngor, Sacré Cœur, le littoral, la zone maritime, en un mot, c’est un peu partout dans Dakar et les autres villes du pays. Pour ces gens-là, la loi est faite pour les autres et surtout les pauvres.

Alors, nous notons avec beaucoup d’amertume cet état de fait malheureux du manque de civisme qui, contre toute attente, est le fait de citoyens délinquants, qui se trouvent le plus souvent au sommet de l’Etat et parmi leurs amis et alliés. En plus, ils ont l’assurance d’une impunité presque totale. Ainsi, c’est parmi ceux-là, qui devraient donner le bon l’exemple, par leur respect strict des lois et règlements en vigueur, que l’on note le plus de délinquants hors-la-loi.

Les larmes de crocodile que les autorités versent ou le fait de s’émouvoir  outre mesure, devant l’étendue des dégâts après les catastrophes, n’intéressent pas les victimes. Surtout, quand par laxisme ou négligence, l’Etat met de côté toutes les mesures préventives de précaution et de prévoyance pour protéger et éviter éventuellement ces accidents. Ce qui importe, c’est de prévenir les risques de catastrophes et d’y faire face en amont, en observant toujours, une attitude citoyenne responsable, empreinte de civisme intégral, et non d’évoquer toujours  la fatalité ou le mauvais sort. Comme toujours, Dieu a un très large dos pour qu’on lui fasse supporter toutes nos erreurs ou bêtises humaines.

Il est malheureux de le constater et on est même peiner de le dire, mais notre pays est celui où les interdits ne sont jamais absolus. C’est certes triste, mais c’est aussi cela  la vérité crue. Pour le président de la République Me Wade, les interdits ont un prix à payer. Et celui qui accepte d’en payer le prix est tacitement autorisé à les fouler allégrement aux pieds, quels qu’ils soient. La preuve, le chef de l’Etat a demandé à ceux qui ont construit illégalement sur le littoral (interdiction absolue) en lieu et place de la démolition de leur construction illégale, de payer alors le prix, puisque ce sont des gens riches. Autrement dit, pour le chef de l’Etat, les riches peuvent bien violer la loi ; il suffit alors simplement qu’ils soient prêts à en payer le prix de la violation. De tels propos venant du premier magistrat de notre pays est une catastrophe et montre parfaitement quel juge avons-nous à la tête du pays et également, quelle justice à deux vitesses avons-nous ! »

A ce jour encore, rien n’a changé sous les cieux du Sénégal en matière de sécurité et de prévention des risques de catastrophes, tout est à l’état dormant. Et la responsabilité de l’Etat  est ici totale, parce que ce n’est pas faute de n’avoir pas été prévenu en temps utile  ou que son attention n’avait pas été attirée en permanence sur tous ces risques. Il faut le reconnaître, certains citoyens parmi nous, surtout les hommes de l’art tels que les architectes et autres prévoyants, ont très souvent tiré sur la sonnette d’alarme pour prévenir, mais l’Etat est demeuré sourd à tout cela. Espérons seulement à présent, que les ruptures tant attendues par les Sénégalais avec le nouveau régime se réaliseront effectivement et dans les plus brefs délais, dans le domaine de la sécurité en général. Comme du reste, nous attendons une prise de conscience citoyenne approfondie des Sénégalais au plan du civisme, pour le respect strict  dans le futur de tous les codes en général.

 

Mandiaye Gaye

[email protected]

 



[1] La problématique de la citoyenneté au Sénégal » Harmattan Juin 2011

 

1 COMMENTAIRE

  1. Mr Gaye,je vois que vous passez beaucoup de temps à écrire des contributions en dénonçant et en donnant des leçons de morale.
    Chose que j’apprécie bien mais vous ratez des choses plus importantes au tour de vous car votre garçon et votre dernière fille vous salissent par leurs comportements indignes. Je ne rentre pas dans les détails. Par contre essayer de vous voir de plus prêt de vous même.
    Comme dis,jean Paul satre,l’enfer c les autres.

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