Compagnon de lutte de longue date d’Amath Dansokho, qui s’est éteint le 23 août dernier, Abdoulayye Bathily continue ses combats pour la démocratie et pour l’indépendance du continent africain. L’homme politique et diplomate international met en garde contre les tentatives d’endormissement démocratique. Il répond aux questions d’Édouard Dropsy.
Ahmat Dansokho vient de disparaître. Quel souvenir garderez-vous de lui?
Abdoulayye Bathily : C’est un compagnon de lutte, un ami, avec lequel j’ai cheminé voilà plus de cinquante ans maintenant. Ahmat Dansokho a contribué avec d’autres camarades très nombreux, non seulement du Sénégal mais d’autres territoires de l’ancienne Afrique française à la lutte de libération, à la décolonisation.
Aujourd’hui, les hommages sont unanimes. Qu’est-ce que cela raconte des menées pendant toutes ces années, toutes ces décennies ?
Le Sénégal, ce que l’on appelle l’exception sénégalaise, démocratique, qui l’est de moins en moins d’ailleurs, a été forgé par les luttes de toute une génération. Mais ce qu’il y a de particulier dans cette expérience sénégalaise, c’est qu’aucun parti n’a pu avoir une hégémonie totale sur la vie politique. Malgré les efforts, la répression et toutes les mesures qui ont été prises dans la clandestinité, les forces politiques ont toujours combattu le système du parti unique. Amath Dansokho faisait partie de ces responsables politiques du courant nationaliste, radical voire marxiste.
L’exception sénégalaise l’est de moins en moins ?
Jusqu’en 2000, nous avons réussi une alternance démocratique après 40 ans de régime du PS [Parti socialiste] au pouvoir, nous avons réussi et inspiré cette alternance en définissant une stratégie de conquête du pouvoir en choisissant un candidat commun en la personne d’Abdoulaye Wade. Il est venu au pouvoir dans ces conditions-là, en l’an 2000, et sans effusion de sang. Et malheureusement, après cette alternance, on a vu les dérives d’Abdoulaye Wade qui ont conduit à une tentative de troisième mandat, une tentative d’évolution monarchique du pouvoir, mais aujourd’hui la question se pose sur les débats politiques : est-ce que les conquêtes politiques qui ont été obtenues pendant ces quarante années de lutte vont être préservées ?
Aujourd’hui, qu’est-ce que la gauche au Sénégal et sur le continent africain ?
Au-delà des formalismes partisans, la gauche est une idée, des principes, des valeurs de progrès social, des valeurs d’humanisme, de justice sociale et aujourd’hui, les nouvelles générations qui sont arrivées en politique ont bénéficié de cet héritage de notre lutte et nous souhaitons que cette nouvelle gauche qui est en train de naître préserve ces principes et ces valeurs et continue le combat. Parce que le combat pour la démocratie n’est pas achevé, les combats pour le progrès ne sont pas achevés.
Aujourd’hui, l’Afrique doit lutter pour son indépendant économique. L’Afrique doit lutter pour son indépendance politique, dans l’unité. Et ça c’était aussi notre principale aspiration, parce que notre combat, nous le menons à l’interne dans nos pays et nous avons une vision panafricaine, une vision de l’unité de l’Afrique. Sans laquelle il ne peut pas y avoir de développement. Il y a beaucoup de partenariats qui sont en train d’être noués entre l’Afrique et différents pays mais dans ces partenariats, l’Afrique est-elle gagnante ? Je pense que non, l’Afrique n’est pas gagnante dans ces partenariats.
La gauche manque peut-être d’intellectuels comme vous ou Amath Dansokho ?
Ce qui est fondamental aujourd’hui, c’est que la lutte contre la corruption et une dimension importante, le pillage des ressources naturelles, en complicité avec des éléments à l’intérieur du pays. Tout cela fait partie d’une nouvelle donne. Les jeunes ne peuvent pas mener le combat tel que nous l’avons mené. Aujourd’hui, il appartient à eux d’inventer des formes nouvelles de lutte et c’est ce qui est en train de se faire dans tous les pays.
C’est aussi ce que l’on peut qualifier de néopanafricanisme ?
Il y a un néopanafricanisme, des mouvements, par exemple pour les États-Unis d’Afrique, pour l’unité de l’Afrique sous différentes formes et qui poussent les gouvernements ou l’Union africaine (UA) à décliner un agenda d’indépendance et d’autonomie de l’Afrique dans tous les domaines, sur les plans économique, social, culturel et scientifique.
Source: RFI
Les jeunes n’ont aucune conviction et ils n’aiment que l’argent facile. En plus, ils sont achetables… Jules Diop, Latif et Madiambal en sont des exemples parfaits.
Merci doyen.
Ceux que tu viens de citer ne sont pas jeunes. SJD à 46ans et plus. Les jeunes leaders doivent avoir moins de 40ans
Il appartient a chaque génération de définir sa mission et de s’appliquer avec résolution à l’accomplir.Elle n’est jamais l’identique ni dans son objet ni dans la manière de la réaliser mais en fonction des données concrètes objectives des présentes conditions