Le culte et l’exhibition de l’argent en direct des télés, les autorités dépassées

Ce dernier week-end, la violence est montée d’un cran supérieur dans la banlieue dakaroise : deux prétendus agresseurs ont été battus à mort à Guédiawaye. Un couple de concubins a subi des représailles. Il est entre la vie et la mort. Ce macabre tableau devient de plus en plus le lot quotidien dans la capitale sénégalaise et même dans les villes de l’intérieur du pays. Car, les forces de sécurité, qui continuent de souffrir du déficit de ressources humaines et matérielles, sont plus mobilisées pour défendre l’Etat et les personnalités du nouveau pouvoir que les personnes et leurs biens.
Ainsi, la boîte à Pandore s’est béatement entrouverte. Pour assurer leur sécurité, les personnes nanties recrutent des gardes de corps. Politiciens et chefs religieux ont leurs milices. Chez les démunis, constamment agressés par des jeunes devenus voyous faute de trouver des emplois, l’heure est à l’autodéfense. Les populations ont décidé de se faire justice. Ce qui ouvre la voie à des règlements de compte. Car, il suffit d’être jeté en pâture à la vindicte populaire pour passer impunément de vie à trépas. « La passion est l’âme des foules », avertissait le philosophe Valery. Or, au Sénégal, l’inimitié est devenue fréquente, à cause des clivages politiques et religieux, qui ne cessent d’être attisés, pour des intérêts bassement individuels. Le plus grave est que cette loi du Talion survient à quelques mois des prochaines élections locales, qui aiguisent tous les appétits. Et la présence dans le pouvoir de gens comme Barthélémy Dias, élargi de prison où il croupissait pour accusation de meurtre d’homme en direct du petit écran, ne fera qu’envenimer les choses dans l’autre camp. Ce week-end, le coordonateur du pool des avocats de l’Etat Pape Moussa Felix Sow a vu sa maison dévalisée et la clef Usb contenant des informations sur des personnes soupçonnées d’enrichissement a été emportée. Une bombe dans la nature, sans compter la visite de maisons de beaucoup de stars, par des malfrats armés. Hélas, face à la série de violences potentielles, les populations ne pourront pas trop compter sur le ministre de l’Intérieur, quand bien même que Pathé Seck soit un Général des forces armées sénégalaises. Il devra faire surveiller les banques et établissements financiers, qui ont commencé à faire l’objet de braquages de jeunes bandes armées, décidées à vivre comme des pachas. A tout prix ! Les cérémonies de folklore où des personnes lugubres distribuent des millions après chaque note, en direct des télés, y sont pour quelque chose. C’est à ce niveau qu’il faudra d’abord agir, pour assainir les mœurs et le culte de l’argent mal acquis
xibar