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Le cyborg

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Le temps s’accélère et le pays vit une énigmatique course contre la montre. Sans que cela ne soit assez relevé par les médias, la configuration politique a complètement changé. En un an et demi, entre la défaite de la coalition « Sopi » dans les grandes villes lors des élections locales de mars 2009 et cette rentrée d’octobre 2010, un vice-président de la république a été installé. Karim Wade est de fait le numéro deux du pouvoir. Il vient juste derrière son père. La question essentielle est de savoir qui des deux dirige réellement.

Par le pouvoir de nomination de son père, le placide dauphin est maintenant sur les rails. Le président de la République vient de rogner une prérogative jusqu’ici attribuée exclusivement au ministère de l’Economie et des Finances, celle de signer des accords de prêts et de crédits avec des bailleurs de fonds, pour la partager avec le ministre d’Etat, Ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie.

Les qualificatifs ont fait florès dans la presse pour décrire l’étendue des pouvoirs de Karim Wade. Jamais, dans l’histoire politique du Sénégal, on a connu un ministère aussi tentaculaire, à la croisée de tous les enjeux économiques, internationaux et…politiques. Mais après la bataille, le constat est morbide. Beaucoup de cadavres sur le chemin. C’est un petit « Stalingrad » politique pour la majorité présidentielle.

Macky Sall (ancien Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale) ; Cheikh Tidiane Gadio (chef de la diplomatie sénégalaise pendant neuf ans) ; Idrissa Seck (ancien Premier ministre, 14% des voix lors de la présidentielle de 2007) – les dizaines de barons du régime qui préfèrent faire le pèlerinage aux Lieux saints à pied plutôt que de voir Karim Wade diriger le Sénégal- sans oublier l’opposition, tous sont aujourd’hui des adversaires déclarés ou non du dernier projet politique du président Wade.

Mais la presse ne relève pas assez que les coupures d’électricité ont diminué. Etrange coïncidence. Dans certains quartiers, elles sont devenues un mauvais souvenir ! Comme par enchantement ! Les heures qui ont suivi le limogeage du gouvernement, de l’ancien ministre d’Etat en charge de l’Energie, Samuel Sarr, on a vu la situation s’améliorer, alors que Karim Wade et son « fusible » n’avaient même pas fait de passation ! Curieux ces délestages pendant des mois qui ont sciemment fait souffrir les populations, les tailleurs avec des morts d’hommes –dégâts collatéraux, privé le peuple d’électricité, mis en péril des milliers d’entreprises, fait perdre des milliards au pays !

Ou alors, si l’accusation de délire paranoïaque est portée contre tous ceux qui s’interrogent sur cette étrange coïncidence, -Karim Wade arrive comme une fée électricité-, vivement qu’on lui confie tout. Pour que tout soit réglé. Qu’il soit même nommé vice-président et on aura fini de faire tomber tous les masques. Si c’est le passage obligé pour faire décoller le pays, de grâce, qu’on lui confie tout. Enfin, tout ce que pourrait lui confier le président de la république.

Parce qu’il y a des choses-là, comme disent les Ivoiriens, ce n’est pas demain que les Sénégalais vont abandonner ça : leur riz de treize heures, parler et dire ce qu’ils veulent ; critiquer et encore critiquer ; médire, vociférer, se retourner dans la rue quand une beauté les dépasse, grossir les choses à l’extrême, mentir, rater les rendez-vous, comploter, jalouser, « truander », dire « grawoul », « amoul problème » (« c’est pas grave », « aucun problème ») mais surtout, leur libre choix. Ils sont viscéralement attachés à leur liberté. A leurs libertés démocratiques. Au choix du dirigeant de leur choix.

Dimanche 10 octobre, « Le Grand Jury » recevait le politologue Babacar Justin Ndiaye, observateur avisé s’il en est et alchimiste de formules qui renseignent sur la météo politique. Il dit en substance que Karim Wade manque de charisme et de « culture nationale ». Mais que son père pourrait l’aider de manière décisive grâce à l’appareil étatique. Mais bon sang, ce qui fait un vrai sénégalais, c’est l’attachement à une culture rattachée à des langues, un mode de vie, des traditions,… Imaginez un français qui n’aime pas le vin, le fromage, qui ne parle pas français, qui n’aime pas les produits du terroir ! Même les américains du « peace Corp » avec quelques efforts, parlent les langues locales.

Revenons au mot « Charisme » ? « Ce que nous avons dit du prestige, de son caractère personnel et symbolique, du magnétisme exercé sur les masses, de la foi spontanée, de l’obéissance sans contrainte, de l’admiration qu’elles vouent au meneur, tout cela s’applique aussi bien au charisme. » Un pays,

Entre les deux notions, il n’y a pas de différence essentielle sinon que le charisme a un côté plus prophétique et le prestige un côté plus affectif qui le met a l’origine de toute forme de pouvoir. La théorie du prestige a précédé, voire inspiré, la théorie du charisme. En tout cas, proposées à peu près à la même époque, elles ont tenté de résoudre le même problème politique : celui du gouvernement et de la démocratie dans une société de masse », écrit Serge Moscovici dans son « L’Âge des foules. Un traité historique de psychologie des masses. »

« Culture nationale ? » En décodé, il ne parle en public aucune des langues nationales et ne semble pas avoir du vécu « underground », pas celui nécessairement dégradant et veule qui conduit vers les marges de la société, mais ces petits riens indéfinissables qui font le Sénégalais moyen. Toutes les figures de notre galerie politique les ont : Wade-père, synthèse de la colonisation et des nouvelles souverainetés mais marqué au fer rouge par un héritage wolofo-centriste ; Senghor, petit berger sérère d’abord et futur académicien ; Abdou Diouf, ndiambour-ndiambour d’abord avant de devenir un grand commis de l’Etat, Jean-Paul Dias ou feu André Guillabert (un parfait Sénégalais) ; Ali Haïdar ou Samir Abourizk, d’origine libanaise ; même les indépendantistes du Mfdc traînent ce trait de caractère qui est la marque de fabrique de ce peuple logé entre le fleuve Sénégal, les Guinées et l’océan atlantique. Pas Karim Wade. Les efforts de son père pour l’aider dans son ascension politique l’ont rendu fabriqué. Elaboré. Programmé. Cybernétique. Un cyborg.

Clin d’oeil tout de même à Jean Sarkozy, 23 ans, aucun diplôme, 2 année de droit seulement au compteur, le fils de Nicolas, ce président du tout sécuritaire, celui qui a voulu ramener la France des années en arrière, en voulant offrir sur un plateau d’argent une place de président de l’EPAD, organisme public de développement qui gère le centre d’affaires de la Défense, qui abrite la plupart des grandes prises françaises. La défense, même ça, les français ont refusé, niet, ont-ils dit ! Cette sorte de branleur de Jean Sarkozy dont la presse française n’arrête pas de parler, devra passer cette fois ci passer par la case élection pour espérer être le représentant local de l’Ump à Neuilly, ville naguère tenue par le père, Nicolas Sarkozy.

C’est la première fois en effet de sa carrière que Jean Sarkozy devra faire face à des adversaires, lors d’un scrutin interne à l’UMP. En 2008, les 3 700 adhérents UMP de la circonscription n’avaient d’autre choix que Jean Sarkozy, lorsqu’ils ont désigné leur délégué de circonscription. Idem, personne face au fils du président lors du vote pour la présidence du groupe UMP au conseil général.

Cette fois ci, c’est un à analyste financier de 45 ans, Rémy Galas, ans, militant de terrain chouchou des sympathisants locaux que Jean Sarkozy fera face. Les pronostics semblent d’ailleurs plus favorables à son rival, ainsi que le confirme une ancienne élue Ump interrogée par Rue 89 : « Rémy Galas a plus de chance de gagner que Jean. » « Son profil correspond plus à la vie quotidienne que quelqu’un qui n’a jamais signé de contrat de travail de sa vie. Et si Jean sent qu’il va perdre, il fera comme pour l’Epad, il ne prendra pas le risque de se présenter. », a ajouté celle-ci.

La France, ce n’est quand même pas le Sénégal, ce pays où les citoyens n’ont pas eu ce pouvoir de refuser cette dérive qui se déroule tous les jours sous leurs yeux ! Pauvres sénégalais, qu’est ce qu’on les plaint ! A moins qu’en vrais citoyens, ils ne comptent que sur leurs cartes qu’ils ont brandies, lors des locales passées. Mais attention à la jurisprudence Senghor-Diouf !

nettali.net

2 Commentaires

  1. Succulent article!! A déguster sans modération!

    C’est vrai qu’il semble vraiment ridicule à vouloir coûte que coûte dans sa tentative désespérée de se « Sénégaliser » de s’habiller comme un vieux!! aucun « Jeune » Sénégalais ne s’habille en boubou traditionnel comme lui!!!

    Qu’on arrête avec ce jeu! Le coeur et la carte des Sénégalais ne se gagnera pas par ces alchimies de mauvais goût!! Il faut que le peuple ressente en lui une profonde « ressemblance »; plus sentimentale que matériel ou palpable. Parler une de nos langues locales, comme l’a dit l’auteur de l’article, même des étrangers le font quand ils séjournent longuement au pays.

    S’habiller en « boubou tradionnel » (sic) (avec des chaussures de ville svp)(re-sic) c’est plus ridicule qu’utile dans sa tentative désespérée de ressembler à un Sénégalais bon teint.

    Notre inconscient collectif de jeune Sénégalais est rempli de choses que M Karim Wade n’a pas connu et ne connaîtra jamais: door dakhé, pain thon, petit camps, daw djang dém guedj, khékh école,Kassak, bol doff, tangana, nuit blanche, colladéra,tangale Toffi, sathie mango, léék coeur, bakhal boudj, lékk sokh sokhoor, mére thiaf à la récré, dém dara, tadjabone, sabar, simb, niani ndeweneul, concours kharou Tabaski, et…. toutes ces petites diableries que tout bon petit Sénégalais a au moins fait une fois dans sa vie!!!! (et la liste est loin d’être exhaustive).

    Donc je lui conseillerais de ne pas suivre ces pseudos Spin Doctors qui le con-seille selon leurs propres projections se voyant déjà amis ou proches du futur potentiel hypothétique Président de la République.

    Il en faut un peu plus pour prétendre au vote des et à la sympathie des Sénégalais pour accéder à la plus haute Station de l’Etat! La riviére est longue à traversée, et est infestée de caïmans et de crocos à la cuirasse dure et aux dents acérées!!!!

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