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Le débat sur la dette et le parler-vrai. La ligne de fracture se dessine (Par Mamadou Diop Decroix)

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Le débat sur la dette est inévitable parce que tout le monde la paye ; donc chacun a le droit de savoir et d’en parler. À mon avis, le cœur de l’exercice auquel le gouvernement s’est prêté le 26 septembre dernier n’est pas sur les chiffres si importants soient-ils, si significatifs soient-ils mais sur la nouvelle posture de transparence qui est affichée. Le sceau nouveau sous lequel les nouvelles autorités semblent vouloir entretenir des relations non seulement avec les institutions de Bretton Woods, avec les partenaires techniques et financiers (PTF) mais d’abord et avant tout avec le peuple Sénégalais, me semble être le sceau de la vérité c’est-à-dire du courage en politique, le sceau de l’éthique de gestion. Pour certains il ne fallait pas révéler les résultats du travail d’audit au motif que cela ferait fuir les investisseurs. Au fond qu’est-ce que nous voulons ? Depuis le premier PAS (plan d’ajustement structurel) de 1979 sous le Premier Ministre Abdou Diouf, toutes les générations d’opposants ont accusé leurs adversaires du gouvernement de fournir à l’opinion publique, au Fmi et à la Banque mondiale de faux chiffres. La particularité ici est que des chiffres sont publiés et sont appelés à servir de référentiel pour la suite des orientations et actions de l’État. Je considère que c’est extrêmement courageux et c’est la seule voie pour se faire respecter. Croire que le pays va se transformer au bénéfice de ses citoyens sur la base du faux serait, pour les nouvelles autorités, une manière de capituler, de renoncer à toute ambition de changer positivement les choses. Contrairement à ce qu’on annonce ici et là, aucun partenaire économique et financier ne partira du Sénégal du fait du discours de vérité du gouvernement sauf si le Sénégal le décide souverainement. Tous les observateurs avertis du rapport de forces actuel dans le monde le savent. Les politiques du FMI et de la Banque mondiale ont toujours été critiquées depuis les années 80 , à juste titre, par les africains au motif que leur seul objectif est de leur soustraire des ressources pour payer des dettes qui n’ont pas toujours servi les peuples qui pourtant les remboursent. Ces institutions ne se sont pas invitées ici. C’est l’irresponsabilité des gouvernants africains y compris au Sénégal, vassalisés par les puissances extra africaines qui a mis nos pays à genoux. Ces institutions ne nous apprennent rien que nous ne sachions déjà en termes de gestion vertueuse. Si la Transparence et le parler-vrai sont synonymes de défaillances graves chez ceux qui dirigent l’État, alors il ne reste plus qu’à rompre les rangs car tout est définitivement perdu. Mais heureusement que ce n’est pas le cas. Je perçois dans la démarche du gouvernement une manière de prendre date. Nous ne pouvons nous en sortir en continuant notre train-train habituel. Notre pays n’est pas en guerre mais les maux dont il souffre ne sont pas différents de ceux des pays en guerre. La faim et la malnutrition à longueur d’année, tomber malade sans pouvoir se soigner pour des millions de personnes, le chômage et les hécatombes qui en sont la conséquence sur les océans etc. Lorsque la France a été occupée par l’Allemagne en 1940 avec 100.000 morts en un mois et 8.000.000 de déplacés, l’Angleterre s’est retrouvée seule face à Hitler. Winston Churchill, alors Premier Ministre britannique dans un discours historique eut ses propos qui détonnent encore dans les oreilles des historiens. : « Je dis que c’est faire la guerre par terre, par mer et par air. Faire la guerre de toutes nos forces et de toute la force que Dieu nous a donnée, et faire la guerre à une monstrueuse tyrannie jamais surpassée dans le sombre et lamentable catalogue du crime humain. C’est notre politique… « Je n’ai à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » (Je souligne ce passage). Que je sache, Bassirou Diomaye et Ousmane Sonko n’offrent ni sang ni larmes parce que notre pays n’est pas dans une guerre chaude contre un ennemi comme l’était l’Angleterre face à l’Allemagne nazie, mais ils ont sûrement du labeur et de la sueur à offrir. Le discours de vérité du 26 septembre 2024 du Premier Ministre sur la situation réelle du pays est salutaire à tous égards parce qu’annonciateur de nouvelles postures partout et par tous, à l’interne comme avec l’extérieur. J’espère qu’il y en aura bien d’autres pour fonder et porter la seule praxis capable de nous sortir du marais où nous pataugeons depuis si longtemps.
Notre espoir est dans ce cap.
Ce 02 octobre 2024

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