C’est avec une immense surprise que les cadres, intellectuels et chercheurs africains regroupés dans l’Institut Panafricain de Stratégies (IPS) et leurs amis à travers le monde, ont appris la présence du Tchad dans la récente liste des pays dont les citoyens sont interdits de voyage aux USA.
Pour notre Institut et pour l’écrasante majorité des Africains et des partenaires de l’Afrique dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent (Nations Unies, Union européenne, France, Allemagne, Italie, Etats-Unis, Chine, Japon, Corée du Sud, etc…), il ne fait aucun doute que le Tchad est la locomotive du combat de l’Afrique, en particulier dans le Sahel et dans le Bassin du Lac Tchad, contre le fléau du terrorisme.
Pays sahélien aux moyens limités (surtout après l’effondrement du cours du baril), le Tchad a pourtant jeté son armée aguerrie, la bravoure et l’esprit de sacrifice de ses soldats dans des opérations lourdes et coûteuses pour sauver et préserver le Mali, le Niger, le Nigéria et le Cameroun contre les attaques tout azimut des mouvements extrémistes lâchés dans le Sahel par le chaos créé en Libye.
Tous les Africains se souviennent avec gratitude qu’en janvier 2013, les autorités tchadiennes avaient décidé souverainement -et sans poser de préalables- de déployer au Mali, à plus de 2000 kilomètres de sa base, un corps expéditionnaire de 2400 militaires tchadiens dans le cadre de la lutte contre les groupes terroristes et djihadistes qui, après avoir conquis le nord du Mali, avançaient dangereusement vers le sud du pays. Le bilan financier (plus de 150 milliards CFA) et humain (plusieurs dizaines de soldats tués et plusieurs centaines de blessés), a été particulièrement lourd pour le Tchad.
Est-il possible pour les USA (puissants partenaires de l’Afrique dans le domaine de la sécurité) de contribuer au combat contre le terrorisme de Boko Haram, Aqmi et Daesh entre autres, en affaiblissant le leader incontesté de ce combat en Afrique? Ne risque-ton pas d’assister à un affaissement sans précédent du difficile combat de l’Afrique contre ses puissants adversaires du terrorisme mondial ?
En outre, avec 4 attaques de Boko Haram au Tchad l’année dernière contre 120 au Nigéria, il sera difficile de justifier la mesure épargnant certains partenaires et ciblant le Tchad qui, selon tous les analystes, a infligé en un temps record le plus de pertes à Boko Haram.
Du reste beaucoup de spécialistes américains de l’Afrique semblent avoir été surpris par l’inclusion dans cette liste du Tchad, pays qu’ils ont toujours considéré –et à juste titre- comme un ami des USA et un de ses partenaires majeurs et respectés dans le combat anti-terroriste.
Le leadership et les sacrifices du Tchad sont magnifiés par son engagement dans les opérations du G-5 du Sahel, de la Force multinationale mixte et de sa franche coopération avec Barkhane, en plus de sa robuste collaboration avec les Nations Unies et l’union européenne. Tous ces partenaires, par delà le G5 Sahel, la CEDEAO et même l’UA, devraient se prononcer sur les conséquences graves de ce « Travel ban » et appeler à son annulation.
L’IPS lance par conséquent un appel urgent pour que les USA acceptent de reconsidérer leur décision, car pour la sécurité internationale et celle de l’Afrique, en passe de devenir l’épicentre du terrorisme mondial, nous avons tous -plus que jamais- besoin du Tchad.
Fait à Dakar le 4 octobre 2017
De la diversion purement et simplement.