Non content de pratiquer les tarifs de péage autoroutier les plus chers au monde, pratique que lui facilite la nature de son contrat de concession accordé par des gouvernements qui manquent singulièrement de courage et de vision, voilà que le Groupe SENAC remet ça en exigeant du gouvernement un dédommagement de 8 Milliards parce qu’il aurait perdu de l’argent du fait du report de l’ouverture de l’aéroport Blaise Diagne. Si ce groupe traite le Peuple sénégalais avec autant de mépris, c’est bien parce qu’il ne voue aucun respect à notre gouvernement, y compris le Président de la République lui-même. Il se croit en terrain conquis car il n’a en face de lui que des gens qui se contentent de quémander la baisse du prix de l’autoroute lorsqu’ils doivent exiger d’en fixer les règles.
J’ai été étranglé par la honte lorsque j’ai appris que le Président Macky Sall aurait décidé de boycotter la cérémonie d’ouverture du tronçon Diamniadio-Mbour comme réponse à la décision du Groupe SENAC de fixer unilatéralement le prix de ce second tronçon, prix qui serait hors de portée.
Lorsqu’un Président en arrive à ça, dans son propre pays, face à une modeste entreprise qui ne doit sa force qu’à la protection de l’État français et de ses réseaux de clients, courtisans et d’affairistes qui peuplent l’espace présidentiel, régime après régime, on peut bien se demander à quelle sauce nous serons manger par les grandes multinationales.
Il est temps d’arrêter le groupe SENAC. Nul ne peut justifier que les marocains payent 23 Dirhams, soit 1300 FCFA sur les 87 km qui séparent Casablanca et Rabat et que les Sénégalais soient obligés de payer 1400 FCFA entre Dakar et Diamniadio, sur une vingtaine de kilomètres. Si nous poursuivons cette logique, cela voudrait dire que nous paierons environ 5000 FCFA pour aller à Mbour. Aucune logique économique ne peut expliquer une telle pratique, si ce n’est la pure prédation.
Nous devons gérer nous-mêmes nos autoroutes. Je propose au Gouvernement de mettre sur pied, sans délai, la Société des Autoroutes du Sénégal (SAS), en mettant en avant nos trois majors des BTP, à savoir la CSE comme majoritaire avec 40% des parts, la CDE, second avec au moins 25%, Jean Lefevre Sénégal troisième avec 20%, en fin l’État quatrième avec 15%. L’État laisserait totalement la gestion aux privés et se contenterait d’orienter la distribution des infrastructures dans l’espace et le temps à travers le pays, hors de toutes considérations politiciennes.
Comme notre gouvernement, pour des raisons évidentes, ne remettra pas en cause le contrat de concession et les avantages acquis par EIFFAGE et SENAC, il pourrait au moins s’assurer que toute nouvelle autoroute soit gérée par la Société Sénégalaise. A travers les prix que cette dernière appliquerait sur les tronçons qu’elle gère, elle prouverait facilement que les prix pratiqués par SENAC ne reposent sur rien et donnerait à l’État le courage de les ajuster vers le bas, au grand bénéfice des Sénégalais.
Qui plus est, en gérant ainsi nos autoroutes pendant des années, nous apprendrions à en faire de même dans d’autres pays. Plus tard, nous pourrons alors profiter du développement des infrastructures dans les pays de la CEDEAO et exporter nos services dans la région.
L’émergence, ça demande aussi du courage!
Cheikh Tidiane DIEYE
Docteur en Etudes du Développement
Membre de la Plateforme Avenir Senegaal Bi Nu Begg
Analyse pertinente, sauf que vous avez omis de mentionner le défaut d’éclairage sur l’autoroute
Dans le cadre de la formation accélérée, le Sénégal devrait initier un vaste programme pour la formation de milliers d’ouvriers qualifiés, de Techniciens et d’ingénieurs , dans chaque région pour qu’à la fin de cette formation, nous puissions capables de faire nous-mêmes toutes nos routes, nos ponts à moindre coûts pendant vingt ans ! Nous n’aurions plus qu’à entretenir, fignoler et nos jeunes auraient un salaire minimum de 150.000 FCFA NET/mois !
Le Sénégal aux sénégalais,tout d’abords, m’a sans « mackyage ».