Le scandale, un instrument politique
Nous publions dans notre dossier, le « top ten » des gros scandales qui ont marqué la marche de l’alternance depuis 2000. Ces scandales opèrent de façon simple. A la faveur d’un extraordinaire jeu pervers de distribution et de redistribution de biens initié au sein de l’élite dirigeante et au plus haut sommet de l’Etat, un parfum de scandale suinte de partout et met en péril l’économie nationale depuis presque dix ans maintenant. Ces scandales polluent les allées du pouvoir et mouillent tous ses acteurs, conclusion de marchés de gré à gré en violation de la loi, prévarication, faux contrats, corruption, etc. sont autant de faits qui rythment la marche de l’Etat.
Exemple parfait : la gestion des chantiers de l’Anoci. De nombreux citoyens se scandalisent et crient à la trahison des idéaux de l’Etat de droit. C’est le propre même des Etats néo patrimoniaux qui ont comme presque besoin de ces scandales pour vivre. C’est une règle. Le niveau de prise de conscience des citoyens qui est aiguisé et entretenu chaque jour davantage par la presse nationale et par l’action des organisations de la société civile, travaillant toutes dans un espace marqué par une longue tradition de liberté de presse et de démocratie pluraliste, font du citoyen sénégalais un acteur qui a tendance à exiger désormais des comptes aux dirigeants. L’élite dirigeante se trouvera soumise peut-être même à son insu à des obligations de résultats et astreinte à avoir des comportements et des conduites irréprochables au triple plan : moral, social et politique. Elle ne l’a pas encore compris. Nous précisons d’emblée que dans cette masse de scandales nous nous intéressons exclusivement aux scandales financiers du fait de leurs effets désastreux immédiats sur le développement économique et de leur impact négatif sur l’aggravation de la pauvreté et sur la croisade lancée contre elle. Une croisade qui mobilise vainement encore tant d’énergies.
L’enrichissement par tous les moyens des tenants du pouvoir qui, comme des goinfres, s’en mettent plein la bouche. Tout le monde y va comme il peut : la famille, les collaborateurs, les amis et les clans divers. Sont alors mis en œuvre les astuces les plus détestables, les magouilles, les détournements et tous moyens les plus illicites, pourvu qu’ils rapportent et enrichissent les copains et coquins coalisés dans une vaste entreprise de malfaiteurs. La concussion, le détournement, le vol des biens et des deniers publics et la corruption sont les voies les plus rapides pour favoriser un enrichissement sans cause. Enrichissez-vous, mais évitez de marcher sur les plates bandes du chef. Il ne peut y avoir de problème et de conflit majeur avec le donneur d’ordre que dans la seule mesure où la fortune acquise sert des ambitions personnelles qui dérangent ou contrarient les plans politiques de ce même donneur d’ordre.
Et c’est cela qui est arrivé dans le cas de l’ancien Premier ministre qui osa déclarer ostensiblement et publiquement qu’il est riche et a ainsi donné le sentiment au chef qu’il nourrit des ambitions présidentielles. On comprend davantage la logique qui prévaut dans la conduite des affaires publiques et ce au plus haut sommet. L’enrichissement rapide et facile apparaît comme une garantie et un gage de compagnonnage avec le chef qui a besoin d’hommes financièrement solides, à ses côtés. S’enrichir au-delà des limites implicitement tracées par le chef est cependant dangereux. Ces limites sont tracées en fonction d’une donnée majeure : la volonté personnelle du chef de demeurer seul maître à bord. Une ligne Maginot difficilement identifiable.
En quoi serait-il plus légitime ou moins illégitime d’utiliser l’avion de commandement pour s’enrichir que de profiter des chantiers de Thiès pour amasser une fortune ? L’enrichissement sans cause est un crime économique, quel qu’en soit le mobile, le moyen, la source et la personne qui se rend coupable du fait. Etonnant de la part des censeurs qui, avec une redoutable vindicte vouent aux gémonies tous ceux qui ont touché directement ou indirectement aux chantiers de Thiès et observent un silence coupable et couard dès lors que l’on évoque la révision de l’avion de commandement ou la gestion des chantiers de l’Anoci.
Pire, les dossiers de la réfection de l’avion présidentiel, celui des chantiers de l’Anoci et l’affaire Sudatel sont les plus scandaleux de la série d’actes de prévarication notés depuis dix ans que le régime libéral est aux commandes dans ce pays. Ils ont également un point commun : l’implication de la présidence de la République. La capacité de s’enrichir vite et quel qu’en soit le moyen, apparaît comme une qualité et un critère de choix des collaborateurs du premier responsable de l’Etat. On peut multiplier les exemples à l’infini, sans épuiser la liste des scandales et autres magouilles énormes dont se rendent coupables les nouvelles autorités depuis qu’elles sont installées au pouvoir. Nous avons réussi à en recenser une dizaine dont les montants des sommes d’argent en cause sont estimés à près de 1000 milliards de FCfa. A ce rythme, on peut craindre une banqueroute de l’économie nationale dans un délai très proche.
Abdou Latif COULIBALY
lagazette.sn
ps: titre de xalima
seule la banqueroute de notre Economie Nationale pourra ramener
ces « cretins » à la Raison…..
Chez ces gens l’Idées de Nation n’a aucun sens …..à part le fait de
puiser comme un Malade dans les caisses publiques qui sont à leur
merci!!
Au n’est de plus en plus proche de pathologie relevant de la psychiatrie.
salut
BEL ARTICLE. Est-il besoin de rappeler tous les jours que notre pays est est au bord du gouffre. Je suis né un an avant notre indépendance, j’ai connu les tenue kaki, les ardoisines, les porte plumes et les encriers, les buvards, les chicottes, le symbole et tutti quanti. j’ai également connu les terribles années de sécheresses des années 70. j’ai milité dans dans un parti communiste contre Senghor et son pouvoir, contre Abdou DIOUF; et comble d’inconstance portée par l’espoir aveugle de quelqu’un qui veut voir changer son pays positivement j’ai voté pour Wade au premier comme au second tour en 2000.
Six mois après je me suis rendu compte mon erreur; il était trop tard.
Latif que Dieu te protège