HISTORIQUE DE LA CELEBRATION DU KAZU RAJAB
Il y a des coïncidences si lourdes de significations et si riches en bienfaits de toutes sortes pour l’humanité, qu’il faut y voir un signe de la miséricorde divine.
Il en est ainsi de la coïncidence qui existe entre la date anniversaire de » Al Isrâ » (Le voyage nocturne) et du » Micraj » (L’Ascension) et celle de la naissance de Serigne Mouhamadou Falilou MBACKE (deuxième Khalife de Serigne Touba de 1945 à 1968)
Entreprise depuis une quarantaine d’années, la célébration de cet anniversaire, auquel on a donné le nom de Kazu Rajab, a fini par prendre une ampleur telle qu’aujourd’hui, elle déborde largement des frontières nationales. Pour notre compréhension à tous, précisons tout de suite la signification du vocable » Kazu Rajab « . Il est formé à partir de l’équivalence de la valeur numérique des caractères arabes qui servent à l’écrire : (kâf = 20 ; zâ = 7, soient 27) ce qui nous amène à la 27ème nuit du 7ème mois lunaire du calendrier musulman ( Rajab).
LA CELEBRATION PAR SERIGNE FALLOU
La tradition de la célébration du Kazu Rajab, remonte aux années 60, précisément à l’an 1963. Cette année-là, son anniversaire venu, Serigne Fallou quitta Touba quelques temps avant le coucher du soleil pour se rendre à Darou Salam son lieu de naissance, afin d’y passer la nuit en prières. Le lendemain, au sortir de sa retraite, il se rendit au domicile de Serigne Affia NIANG.
L’accueil fut chaleureux et empreint de piété. On peut considérer, pour l’histoire, que le premier repas qui a alors été servi, à l’occasion d’une célébration du Kazu Rajab, a été préparé par Sokhna Asta Wâlo NIANG, la mère de Serigne Abdourahmane BOUSSO. Pour donner à l’événement un caractère festif, à la dimension de l’immense honneur que Serigne Fallou venait de faire à Serigne Affia NIANG, on servit du thé, des biscuits et autres friandises.
Il faut préciser cependant que, pour cette première édition, tout se passa dans la plus stricte intimité familiale. Seuls participaient à la fête Serigne Affia NIANG, Serigne Abdou Rahmane BOUSSO, Serigne Abdou Chakor.
Serigne Affia Niang eut ce jour là, le grand bonheur de recevoir, en guise de » barkélou » (objet servant à attirer la bénédiction) les habits que Serigne Fallou avait portés pendant sa nuit de prières à Darou Salam. Voici, en quelques mots, le déroulement de la toute première édition de la célébration, faite par Serigne Fallou lui-même.
Trois années durant, on consacra la même formule de célébration. On l’appelait alors » ngan gui » c’est à dire réception d’un hôte de marque. Et chaque fois, c’était la même ambiance festive dans le même cadre strictement familial. A l’évidence, une telle » discrétion » de la célébration ne pouvait pas perdurer car l’événement commençait à avoir un certain retentissement parmi les disciples.
Lorsque Serigne Affia fut rappelé à Dieu après avoir vécu trois éditions du Kazu Rajab, Serigne Fallou maintint la tradition de se rendre dans sa famille chaque fois qu’il sortait de sa retraite à Darou Salam. Cette année là, on fut obligé de dresser une tente, richement pavoisée de drapeaux, devant le domicile de la famille de Serigne Affia. L’événement avait pris une ampleur et une solennité telles qu’on déroula sous les pas de Serigne Fallou un tapis d’honneur fait de pagnes traditionnels, depuis la Route » 28 » jusqu’à la résidence de la famille NIANG.
Cette année, marque réellement une rupture dans le cérémonial de la célébration. Les autorités du mouridisme commencent à participer aux festivités. A cette occasion, Serigne Fallou fut accompagné d’une délégation de dignitaires religieux avec au moins quelques 28 voitures. Il y avait, entre autres, Serigne Modou Khary NIANG, Serigne Modou Faty Khary et quelques membres de sa propre famille comme Serigne Modou Bousso Dieng et Serigne Mouhamadou Lamine MBACKE dit » El Hadji Bara « , l’actuel Khalife de Serigne Fallou. Il y avait également beaucoup de talibés. El Hadji Modou Mamoune NIANG, fils de Serigne Affia NIANG prononça une brillante allocution.
C’est ainsi que, de 1965 à 1968, se déroulèrent les choses qui prirent d’ailleurs tellement d’ampleur que Radio Sénégal prit l’habitude de leur consacrer des reportages très élaborés.
Serigne Fallou vécut sa dernière célébration en 1968. C’était un vendredi. Serigne Modou Mamoune NIANG, à son habitude prononça une allocution très fouillée. Il eut à dire à Serigne Fallou : » Nous savons que la visite que vous nous accordez, à notre domicile, est une faveur immérité. Voilà pourquoi, à l’occasion, nous mobilisons tout ce dont nous disposons en plus de nos familles, de nos condisciples, de nos parents, et nous serions allés bien au-delà de tout cela si c’était possible, pour essayer d’être à la hauteur de cette marque d’honneur. » En réponse à cette allocution, Serigne Fallou expliqua ce jour là, le sens et les motivations de la célébration du Kazu Rajab.
SENS DE LA CELEBRATION
En réalité, ce jour a vu l’accomplissement de deux événements majeurs dans l’histoire de la religion que Dieu a choisie pour les hommes. Ce sont des miracles auxquels il a plu à Dieu de recourir pour descendre Sa miséricorde sur l’humanité. Il y a eu d’abord » Al Isrâ » (Le voyage nocturne) par lequel Seydina Mouhamed (P.S.L.) a été transporté à Jérusalem. Ensuite « Al Micraj » (L’Ascension) ou la traversée des Sept Cieux pour arriver à la proximité du Trône du Maître des Mondes afin de recevoir des recommandations divines concernant les dogmes et bases de sa Religion. Tous ces événements ont eu lieu cette nuit la.
Dans le même tant, en s’adressant à Serigne Modou Mamoune NIANG, Serigne Fallou aborda son sujet par ces termes : » Je sais que ce jour vous tient beaucoup à cœur. Je vais donc vous expliquer ce qu’est sa signification profonde et, par conséquent, les motivations qui m’ont conduit à le prendre en considération, afin que vous puissiez maîtriser les modalités de sa célébration.
Dans Sa grande miséricorde, Dieu m’a accordé une grâce infinie ; Il a fait coïncider ma naissance avec la date anniversaire de ces événements miraculeux. En effet il a plu à notre Seigneur que je sois né un vendredi, 27ème jour du mois lunaire de Rajab, de l’an 1306 de l’Hégire (1886)
Ce jour est donc pour moi un prétexte de rendre grâces à Dieu et d’exprimer ma reconnaissance à l’endroit de Cheikhoul Khadim pour l’agrément que, des Deux, j’ai obtenu.
Depuis, j’ai pris l’habitude, chaque fois qu’arrive mon anniversaire, de me rendre à Darou Salam, où je suis né, afin de m’y consacrer, toute la nuit durant, à la lecture du Coran et des Panégyriques du Prophète (P.S.L.), en guise de témoignage de grâces au Cheikh Pourquoi est-ce que dès ma sortie de ma retraite je viens ici, chez Serigne Affia ? C’est pour réaffirmer et raffermir les liens de fraternité qui me lient à cette maison où vécut ma mère Sokhna Awa BOUSSO « .
Après cette mise au point, Serigne Modou Mamoune NIANG, au nom de toute la famille, prit l’engagement de perpétuer cette célébration, tant qu’il restera en vie. Serigne Fallou fut rappelé à DIEU cette même année mais pendant les deux ans qui suivirent, fidèle à sa parole, Serigne Modou Mamoune NIANG s’employa à donner à la célébration du Kazu Rajab l’éclat qui lui convient. Et à chaque fois, Serigne Modou Bousso DIENG qui assurait le Khalifat de Serigne Fallou lui a apporté soutien et assistance par sa présence effective en compagnie de nombreux talibés et d’autorités religieuses.