Aliou Cissé n’a pas voulu rejouer la finale de 2002 où il avait manqué le dernier penalty face à Alioum Boukar, aujourd’hui préparateur des gardiens de but de l’équipe nationale du Cameroun. Mieux, ses joueurs ont refusé de tomber dans le piège des journalistes et autres observateurs qui ont vite vu dans cette confrontation en quart de finale de la CAN 2017, entre les «Lions» indomptables du Cameroun et ceux du Sénégal, une revanche.
Kara Mbodji dira d’ailleurs que sa bande était plutôt venue au Gabon pour «écrire son histoire». Une histoire qui a merveilleusement bien débuté. D’abord dans les phases éliminatoires avec un parcours sans faute. Un Grand Chelem inédit dans l’histoire du football sénégalais. Même si relativiser ce carton plein qui a valu aux Lions de trôner sur le toit de l’Afrique, au niveau du classement de la Fifa, ne peut aucunement être synonyme de minimise par rapport à leur performance face à des écuries de moindres envergures au niveau continental.
Une fois, en terre gabonaise, Sadio Mané et ses coéquipiers ont confirmé que ces performances étaient loin d’être usurpées. Une victoire avec beaucoup de réalisme face à la Tunisie (2-0) que le Sénégal n’avait jamais battu en phase finale de CAN.
Une autre plus nette, plus aboutie dans tous les compartiments du jeu devant les Warriors du Zimbabwe qui avaient fini de tenir en échec l’ogre algérien. Ensuite des «Coiffeurs» qui ont renvoyé les Fennecs chez eux.
Deux victoires, six buts marqués, deux encaissés et un match nul, le Sénégal composte son ticket avant l’heure et décroche le titre de meilleure attaque dans les phases de poule. Le doute s’installe alors dans le camp de ses adversaires. Même Hugo Broos du Cameroun déclarera vouloir éviter l’armada offensive des «Lions».
En quarts de finale, les poulains d’Aliou Cissé vont encore démontrer à la face du monde qu’une équipe sénégalaise est née. Elle est jeune et belle. Elle tranche d’avec les générations récentes. Aussi bien au niveau du mental, de l’engagement physique, Cheikhou Kouyaté, Kara Mbodji, Kalidou Koulibaly, Diao Baldé Keïta entre autres forcent le respect.
Confinés dans leur «bunker» de Bongoville, ils se sont éloignés des faits divers et autres spectacles extra-sportifs qui ont jadis pollué l’atmosphère de la tanière.
On n’oubliera pas de si vite (Byblos, Mali) même si le Sénégal avait atteint la finale, (Plazza, Tunisie), Vienna City (Ghana).
L’image que cette équipe reflète est celle de jeunes garçons talentueux et qui veulent mettre fin à une longue attente de tout un peuple. Ils en ont les moyens et les capacités. Ce n’est pas une «finale» perdue à la loterie qui devrait remettre en cause un travail déjà accompli depuis plus de deux ans. Évitons de jeter le bébé avec l’eau du bain.
Toutefois, il importe de rectifier certaines choses. Bien évidemment. Tout n’a pas été rose dans le parcours de l’équipe nationale. Aussi bien sur le plan du jeu qu’au niveau technico-tactique, il y a des choses à rectifier. Des choses à réajuster. Des jeunes à recadrer. Une efficacité offensive à améliorer. Sans occulter la nécessité de renforcer le staff technique. Faisons nous violence jusqu’à la composition de nos délégations. Quelle soit fédérale ou étatique. Soyons moins folkloriques. Évitons le plus souvent de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Certaines déclarations ne font que rajouter plus de pression sur les épaules de nos Lions.
Cheikhou Kouyaté et les siens vont quitter le Gabon la tête haute. Ils auraient voulu rentrer dans l’histoire, l’écrire d’une encre indélébile. Mais ce n’est que partie remise. Le meilleur reste à venir ! Rendez vous donc au mois d’août prochain pour la double confrontation entre le Sénégal et le Burkina Faso pour une place à la coupe du monde «Russie 2018».