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Le monde du théâtre en deuil à Thiès : la drépanocytose emporte Kader Diop à 31 ans. Pluies de larmes chez Sa Nekh et compagnie

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Le jeune artiste comédien Kader Diop, 31 ans, a été terrassé cette nuit par sa maladie. Souffrant de la maladie de drépanocytose de type SS, il piquait souvent de sévères crises. De retour de Dakar d’où il venait de terminer un enregistrement télévisé, il est resté alité depuis le mardi 23 août 2011. C’est ce 04 septembre vers 5h du matin qu’il a été rappelé à Dieu sur la pointe des pieds. Des Sénégalais venus d’horizon divers se sont déplacés au quartier Diakhaw Thiès pour accompagner le comédien Kader Diop à sa dernière demeure. Le domicile mortuaire si­tué en face de la mosquée de Dia­khaw a refusé du monde. Les hommes de culture avaient tenu à rendre un ultime hommage à celui que Ibrahima Mbaye Sopé appelle un fé­dérateur. «Kader était un petit frère. Nous avions des rapports très personnels, artistiques, très hu­mains. Au-delà de la communauté artisti­que, c’est tout Thiès qui perd un grand homme. De par son âge il était jeune, mais par rapport à ce qu’il représentait, c’est une lourde perte. Les artistes de Thiès s’en rendront compte plus tard car Kader était un fédérateur. Il était un comédien du groupe Jankeen, mais on pensait qu’il était de la troupe Soleil Levant. Il était l’ami de tout le monde. C’est pourquoi il a travaillé avec plusieurs groupes. Lors de mon dernier film Pirate, je l’ai appelé. C’est avec beaucoup de plaisir qu’il a été chez moi. Il a joué avec beaucoup de plaisir. Nous avons gardé des rapports fraternels. Cela fait longtemps que je n’ai pas versé de larmes mais aujourd’hui, pris par une vive émotion, je me suis enfermé dans ma chambre pour pleurer. Je sens une perte, c’est comme si on m’avait enlevé une partie de mon corps. Malheureusement pour moi, je n’ai jamais eu l’occasion de montrer pleinement l’affection et le respect que j’ai pour Kader.»

LES LARMES DE SAA NEKH, IBRAHIMA MBAYE SOPE, PACO,…
Selon les divers témoignages recueillis auprès de ses collègues à la maison mortuaire, Kader Diop a fait ses premiers pas dans le théâtre avec la troupe Jankeen. «Kader a intégré la troupe Jankeen lorsqu’il avait 13 ans. C’est Ndiambé Séne qui l’avait recruté. Il était sérieux dans son travail et ne ratait jamais d’accomplir ses cinq prières quotidiennes. Quand le muezzin appelait à la prière, il demandait la suspension de la répétition pour aller prier», a soutenu Cheikh Seck, artiste comédien de la troupe Jankeen. Quant à Cheikhou Guèye alias Saa Nekh, d’une voix empreinte d’émotion, il a loué les qualités de son collègue. «C’est une surprise pour moi puisqu’on a communiqué par téléphone avant-hier vers 22h (vendredi). Dieu en a décidé ainsi. Kader était un artiste, il était un musulman. C’est tout ce que je peux dire», a-t-il déclaré avant de verser de chaudes larmes. L’artiste Paco n’a pu articuler un seul mot, noyé dans un fleuve de larmes.

MBAYE DOSE, COMPAGNON JUSQU’A LA FIN
Son éternel compagnon Ndiassé alias Mbaye Dosé, pieds nus, s’occupe à accueillir les nombreuses personnes venues présenter leurs condoléances. «Notre compagnonnage date de 1996, nous avons grandi ensemble. A 13 ans, il a intégré la troupe Jankeen. Aziz Niane dit El hadji Gora avait créé une troupe de vacances, Soleil levant junior. C’est ainsi que nous avons gagné la coupe de la convention régionale. En 2005, nous sommes allés au festival de Tamba. Nous avons fait le Festival du rire de Kaolack. C’est ainsi que El hadji Gora nous a trouvés un promoteur qui a produit la pièce Tolof Tolof, et nous avions invité Sa Nekh pour nous venir en appoint. Kader travaillait pour satisfaire les besoins de sa mère. Il était atteint de la drépanocytose. Il ne supportait pas de faire beaucoup d’efforts. Il ne trichait pas, c’est pourquoi il se donnait toujours à fond. De retour de son tournage à Dakar, il est allé à Touba pendant 4 jours pour voir son marabout. Il a attrapé le paludisme à la veille de la korité. Hier samedi, je suis allé à l’hôpital le voir. Nous avons longuement discuté. C’est vers 5h du matin qu’on nous a annoncé sa mort.»

Kader parti au printemps de sa vie était célibataire et père de jumaux. Il a été enterré aux cimetières de Diakham où tous les artistes ont marqué leur présence.
Aujourd’hui, les artistes explosent par leur talent. Malheu­reusement, ils vivent des conditions difficiles. Ibrahima Mbaye Sopé refuse de parler d’assistance. Il réclame une véritable politique culturelle. «Je ne suis pas de ceux qui pensent que les artistes doivent bénéficier d’une assistance. Toute la société rencontre des difficultés. Lorsqu’un artiste meurt, on parle d’assistance. Kader avait sa foi, son énergie et n’avait pas besoin d’aide. Ce qu’il faut déplorer, c’est le manque de politique culturelle dont fait preuve le gouvernement par rapport aux artistes comédiens. On nous donne des 100 000 et 200 000 francs alors que nous avons besoin d’une politique culturelle qui nous permette d’exister, de vivre paisiblement de notre art, à la sueur de notre front. Nous ne sommes pas des troubadours, nous sommes des artistes et nous méritons le respect», a martelé Ibrahima Mbaye Sopé.

Correspondant

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