INDICE DE PERCEPTION DE LA CORRUPTION (2016)
L’Organisation non-gouvernementale TRANSPARENCY INTERNATIONAL vient de publier, comme de coutume, son rapport sur l’indice de perception de la corruption (IPC), à travers le monde. L’indice donne indirectement une indication sur les performances de développement socio-économique des nations et reflète également le niveau de risque sur la conduite des affaires dans chaque pays. La carte (jointe) indique la performance des différents pays (qu’on se comprenne bien ! plus c’est jaune claire plus le pays est « propre», et plus c’est rouge foncée, plus le pays est corrompu. Sans surprise, la palme revient aux pays nordique-scandinaves, à la Suisse et à la Nouvelle Zélande, accompagnés d’autres du Continent nord-américain, notamment le Canada et les États-Unis (y excluant le Mexique).
C’est quoi le mérite de ces pays qualifiés de champions de la transparence et de l’égalité sociale et de l’opportunité d’épanouissement ? Possédèrent-ils une baguette magique pour en arriver là, sinon qu’est-ce qu’ils aient accompli de miraculeux ?
Allons y mettre la loupe, d’abord, sur les pays nordiques-scandinaves. Ces pays du Nord de l’Europe, ce sont le Danemark, la Suède, la Finlande et le Norvège. Le modèle de développement scandinave représente un exemple pertinent d’une réussite de l’état providence. À l’issue de la Grande récession, le cadre macro-économique de ces pays fut littéralement dévasté, avec une décroissance de l’ordre de 10 % de leurs PIB et des taux de chômages galopants qui avoisinent les 30 %. Cette situation a prévalu jusqu’à la fin de la seconde guerre, période après laquelle, des programmes d’introspection majeure, similaires à NOTRE FAMEUSE ASSISE NATIONALE furent élaborés, afin de créer un cadre propice au développement économique et à l’épanouissement social. De manière quasi-unanime, les modèles qui furent adoptés reposèrent sur la distribution équitable des revenus permettant de maintenir un niveau de vie standard et homogène, la démocratie économique, la transparence dans la gestion publique et la décentralisation (pour réduire les lourdeurs bureaucratiques et rapprocher les administrateurs de leurs administrés). Décidemment, ces politiques eurent porté leurs fruits, ces pays figurent aujourd’hui, parmi les plus prospères du monde. La Norvège occupe depuis des années la tête de peloton en termes de prospérité (santé, éducation, bien-être, liberté individuelle, sécurité, etc.). Leurs produits intérieurs bruts per-capita supérieurs à 50 Kilos $, font de leurs sociétés parmi les plus nanties. Leurs systèmes de protection sociale à l’opposé de notre BOURSE AUX PLUS DÉMUNIS, connus en Suède sous le jargon « L’État refuge du Citoyen » restent parmi les plus intègres du monde, et couvrent leurs citoyens du berceau jusqu’à la tombe.
Nous ne pouvons pas, non plus ne pas parler très brièvement du cas de la Nouvelle Zélande, la nouvelle Championne du libéralisme économique. Contrairement aux pays précédemment cités, la Nouvelle Zélande a depuis les années 1980 amorcé une transformation radicale de son système politico-économique en délaissant l’État-providence en faveur de l’économie de marché. Ce pays est devenu aujourd’hui un phare en termes de performance économique. Le modèle néozélandais est envié et tend à être reproduit dans de nombreuses chancelleries occidentales.
Une simple comparaison des systèmes politico-économiques entre ceux des pays nordiques (la démocratie sociale), et celui de la Nouvelle Zélande (Capitalisme pousse à la limite), montre, qu’il n’existe pas de bons et de mauvais systèmes. Ce qui importe, ce sont les modalités de leur mise en œuvre et les environnements politiques et institutionnels, en plus de la laboriosité et de l’honnêteté des peuples qui forment les nations. Nous allons revenir prochainement sur ces aspects particuliers des systèmes politico-économiques dans notre très prochain article :
[Les chemins truffés du développement :
quand les contrepoids du contre-développement compensent et neutralisent les perspectives d’émergence.]
En 2016, et depuis des années d’ailleurs, les seuls pays africains qui sortent, vraiment, du lot, selon leurs IPC, sont le Botswana (31e) et le Ghana (70e). Tous les deux, le Ghana en particulier, ont connu en 2016, des régressions en comparaison à leurs performances de l’année précédente (28e et 56e respectivement). Dans le cas du Botswana, il faudrait aller examiner les raisons sous-jacentes, du léger bond en arrière. Est-ce dû à une contre-performance ou bien ce serait plutôt que les autres pays qui aient amélioré les leurs. Dans le cas du Ghana, nous pouvons avancer comme argument plausible, le fait que l’année 2016 était une année électorale, avec tout ce que cela comporte comme ampleur en termes de transaction financière, et probablement de remodelage de l’échiquier politique.
Le Sénégal, se trouve dans le peloton du milieu (64e en 2016), marquant un léger recul par rapport à 2015 (61e). Globalement, le pays a accompli des avancées significatives depuis 2012 (année de l’alternance bleu/marron), en partant de la 101e place (en 2012) à la 77e puis à la 69e respectivement en 2013 et en 2014. On peut tirer, par-là le chapeau au gouvernement du Parti républicain, dans sa tentative d’assainir la gouvernance publique. Bien entendu, tout n’est pas rose comme ils veulent le prétendre, dans la mesure où des avancées restent encore à faire, en vue de se rapprocher aux deux Leaders africains (le Botswana et le Ghana). Mieux encore, essayer de faire que cette relative performance puisse booster notre indice de développement humain (cet indice nous classe parmi les 25 derniers pays du monde les moins nantis, bien que le Président SALL lui-même ait nié l’objectivité du rapport).
Ailleurs, dans le monde nos Compatriotes français, comparés à leurs autres homologues de l’OCDE, caracolent loin derrière à la 23e place, crises sociales et politiques obligent. En Amérique du Nord, le Canada se cristallise à la 9e place, sa position privilégiée vis-à-vis même des autres indices (IDH et autres), par contre le Mexique continue de figurer dans la zone rouge en raison de l’emprise du commerce de produits illicites (drogue) et tout ce que cela induit en termes de violence (contrebande d’armes et de personnes) et de corruption.
DJIBRIL FAYE ([email protected])