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Le Pds a-t-il encore toute sa tête* ?

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Les propos va-t-en-guerre répétés à satiété, les multiples tentatives de séduction tantôt en direction des élus locaux, tantôt en direction de la classe maraboutique avec en prime les récentes bourdes de la Cap 21 à Touba, participent tous d’une manœuvre globale visant à détourner l’attention de la cuisante défaite du 23 juin que l’on minimise à l’envi, et de la défense acharnée de la candidature annoncée du président de la République, objet de tous les rejets.

Ce branle-bas constitue en même temps la preuve que le chef de l’Etat et, solidairement, le Pds, ont choisi la politique de l’esquive devant l’insurmontable obstacle de l’inconstitutionnalité de sa candidature à un troisième mandat, en préparant un forcing tous azimuts lourd de conséquences pour notre cher pays, réputé être un havre de paix inexpugnable, héritage que la sagesse populaire attribue à nos chefs confrériques dont les familles s’emmurent dans un silence assourdissant à un moment où ce sont les fondements mêmes de République qui sont menacés.

En effet, les germes du chaos sont clairement inscrits dans les positions divergentes d’une opposition convaincue que Wade ne peut être candidat aux termes de la Constitution, et d’un pouvoir qui, après avoir été contraint à retirer le projet de loi de la dernière tentative de dévolution monarchique, ne fait plus mystère de son intention de sortir la grosse artillerie pour confisquer un pouvoir que seul le va-tout de la candidature de Wade à tout prix lui semble à même de sauver.

Il faut dire que le rejet/retrait de ce projet de loi scélérat, en nette rupture avec les innombrables coups de force que sont la loi Ezzan, la mise en accusation d’Idrissa Seck, le découpage administratif pour le moins intempestif, n’a pas suffi pour rasséréner la direction du parti qui continue de refuser le débat contradictoire, longtemps à l’ordre du jour, sans cesse renvoyé aux calendes grecques pour cause de loyauté au chef, la seule constante à qui on doit tout et qui ne doit rien à personne. Sordide raisonnement si l’on sait que le long et difficile parcours du Pds à lui seul suffit pour que, à un moment de basculement comme celui en cours, l’on ose revendiquer un droit d’inventaire sur le parcours de celui qui a été l’instigateur des infortunes d’autres constantes comme Doudou Ndoye, Fara Ndiaye, Serigne Diop, Jean-Paul Dias, Ousmane Ngom, Idrissa Seck, qui ont tous marqué d’une pierre blanche la tumultueuse histoire de ce parti qui n’a décidément pas besoin de mourir du mutisme de ses cadres.

Le problème de fond que pose la candidature de Wade, prématurément déclarée à dessein pour mieux tromper sur son but, c’est précisément de savoir si elle est destinée à parachever une œuvre emportant l’adhésion et l’approbation de la majorité des Sénégalais, ou est-ce une candidature par procuration pour un fils que tout marginalise. Le deuxième terme de l’alternative semble plus plausible. Et si tel est le cas, il est évident que les cadres du Pds ont mieux à faire que de jouer les moutons de Panurge devant les agissements égoïstes d’un secrétaire général national qui n’accorde aucune importance à la concertation, encore moins à un quelconque legs à la postérité.

En vérité, on va même se demander si le Pds a encore toute sa tête parce qu’aucun argument de taille n’a encore été avancé pouvant justifier la candidature de Wade à un troisième mandat, ni aucune garantie donnée quant au risque de se retrouver dans l’obligation de recourir à la violence si le Conseil constitutionnel arrivait à invalider sa candidature à la dernière minute, une forte probabilité s’il en est.

Il est donc grand temps que les cadres du parti, encore dans le sérail, prennent leur courage à deux mains pour exiger de leur mentor, qui sombre dans un rêve diurne, qu’il arrête sa valse névrotique qui ne mènera qu’à l’échec. L’opposition à la candidature de Wade ne doit pas être l’apanage des seuls acteurs des Assises nationales, ni des seuls mouvements citoyens ou de la société civile. Il doit surtout provenir des flancs du Pds dont les militants de la première heure, ravalés au rang de comparses au profit de courtisans mielleux qui prolifèrent autour du pouvoir comme dans toutes les fins de règne, doivent refuser la captation d’héritage qui s’opère à leurs dépens.

Dans la tentative maintes fois avortée d’installer son fils, mais toujours à l’ordre du jour, Wade a pratiquement fait feu de tout bois et le Pds, ayant perdu l’initiative historique, lui emboîte le pas comme si la réflexion s’y était estompée. La Cellule initiatives et stratégies (Cis) et autres structures de prise de décision ont du coup perdu leur vocation. Et pourtant, le salut ne peut venir que de l’intérieur. Il suffit simplement que les caciques du parti aient le courage de lui faire entendre raison, en mettant fin aux lubies de son fils qui ne cache plus son jeu malgré les dénégations. Même la sœur, réputée discrète, est entrée dans la danse.

Pire encore, le dogmatisme du chef suprême, son tempérament impérieux malgré l’âge avancé, le conduisent à préférer disposer d’une autorité sans partage, en favorisant sans s’en rendre compte l’isolement et la défaite dans ses propres terres où tout s’écroulera comme un château de cartes quand le déclic arrivera.

Comment ne pas s’inquiéter devant les errements et la marginalisation d’un chef d’Etat arrivé au pouvoir au moment où on le quitte habituellement, et qui pouvait tenir de bien meilleures promesses pour les militants qui l’ont porté au pouvoir au forceps, ainsi que pour le peuple sénégalais qui a toujours espéré qu’avec lui la démocratie allait se renforcer dans notre pays.

Le règne de Wade est arrivé à son terme.Aucune incantation ne saurait venir à bout de cette dure réalité.Il est clair que dans l’ordre nouveau qui se profile, il n’y aura plus de place pour les transhumants et autres opportunistes de toutes espèces qui n’ont d’ambition ni pour le pays ni même pour ceux à qui ils servent de courtisans. Dans tous les cas, une certitude demeure, le Sénégal ne sera plus jamais gouverné comme il l’est au lendemain du 26 février 2012.

Pour y parvenir, il faut rassembler toutes les fortes têtes du Pds autour de Idrissa Seck, l’héritier légitime, sinon l’héritage restera finalement entre les mains de ceux qui ont toujours combattu Wade et le changement, et ce serait un fourvoiement de plus de l’art de faire de la politique.

Papa Mandialbère MBOUP

* Avoir toute sa tête signifie avoir tout son bon sens

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