Les déclarations irresponsables des responsables libéraux ces temps derniers, Wade au premier chef, montrent si besoin en était combien les Sénégalais ont été bien inspirés de les avoir congédiés le 25 mars.
«Il a eu un parcours en dents de scie, tantôt se montrant calme et logique, tantôt adoptant un comportement exalté et tenant un langage irresponsable.» Telle est la description que Jacques Foccart, le géniteur de la Francafrique faisait de Abdoulaye Wade. Une description que le président déchu vient de confirmer par des propos aussi inélégants que méchants vis-à-vis de ses ex collaborateurs. Pourtant, l’homme s’est toujours singularisé pour son combat pour la démocratie, bravant intimidations et prison pour le triomphe du Sopi. Mais une fois élu, il s’est complètement métamorphosé au contact du pouvoir. Tous ses collaborateurs qui l’ont soutenu et aidé à accéder au pouvoir ont été remplacés par des laudateurs qui ont cautionné ses dérives et errements. L’essentiel étant de s’en mettre plein les poches. Les Sénégalais ont, douze ans durant, supporté ses lubies, ses improvisations, ses approximations. Pourtant, que n’ont pas dit les hommes de sa génération pour qu’il n’accède jamais au pouvoir ? Tellement ils connaissaient l’homme. Mais les Sénégalais, toujours prompts à combattre l’injustice et à compatir avec ceux qui en sont victimes, ont toujours estimé que le «pape» du Sopi était victime d’une campagne de diabolisation de ses rivaux du Parti socialiste qui étaient en manque d’inspiration. Aujourd’hui, le peuple s’est rendu à l’évidence. Et comme on a coutume de dire, «la vérité a beau être noctambule, mais elle ne passe jamais la nuit à la belle étoile». Wade s’est dévoilé au grand jour et les déclarations que le président déchu a faites n’honorent pas son rang et la République dans son ensemble. Tout d’abord, le seul fait d’évoquer l’éventualité de la lutte armée parce que se considérant victime d’une oppression montre à quel point Wade peut être dangereux pour la cohésion nationale. Voudrait-il instaurer la pagaille qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Ses propos à l’endroit de Pape Diop aussi sont tout aussi irresponsables surtout venant d’un ancien chef d’Etat. Non content de dire qu’il ne connaissait pas la véritable identité de son plus proche collaborateur malgré plus de trois décennies de compagnonnage, il vient encore d’en rajouter, l’accusant d’avoir importé et tué un albinos en guise de sacrifice. Dire qu’il a fait de cet homme dont il prétend ignorer la vraie identité et qu’il taxe de criminel, la deuxième personnalité du pays, qui devait le suppléer en cas de vacance du pouvoir. Pourtant en tant que président de la République, il disposait de tous les services de renseignements ; il lui suffisait de procéder à des enquêtes de moralité avant de nommer ses collaborateurs. Mais les compétences et la probité n’étaient pas privilégiées chez Wade. Ce qui lui importait, c’était de placer des hommes sans envergure qui lui obéiraient au doigt et à l’œil. Toute chose ayant une fin, les Sénégalais ont fini par se rendre compte de leur erreur en remettant les choses en l’endroit le 25 mars. Tous ceux qui chantaient les louanges de Wade ont été les premiers à quitter le navire bleu pour clouer au pilori sa gestion et former la coalition dénommée Bok Guis Guis. Le navire «bleu» prenant eau de toutes parts, le seul refuge de ces ex collabos demeure l’Assemblée nationale où ils pourront s’assurer une immunité parlementaire au cas où ils seraient élus. Mais le peuple a aujourd’hui atteint une certaine maturité qui lui permet de distinguer ceux qui défendront ses intérêts et ceux qui veulent une échappatoire. Après douze ans de pillage sans retenue, il faut qu’ils rendent compte. Et le président de la République a été bien inspiré de réactiver la Cour de répression de l’enrichissement illicite car les biens de la Nation ont été dilapidés pour enrichir un clan. Pourvu seulement que Macky Sall aille jusqu’au bout de la traque aux criminels et autres délinquants financiers comme il l’a promis.
xalima.com-Source : La Tribune