L’éminence grise des Frères musulmans, le prédicateur égyptien naturalisé au Qatar, cheikh Youssef al-Qaradaoui, est mort à 96 ans, annonce ce lundi 26 septembre son compte Twitter.
Saint pour les uns, démon pour les autres, le cheikh égypto-qatarien Youssef al-Qaradoui est décédé à 96 ans à Doha. Pour les islamistes, il était le grand théoricien de la modernisation de l’interprétation de la charia. Pour anti-islamistes, il était le théoricien justificateur du terrorisme au nom d’Allah.
Dès sa prime jeunesse, Youssef al-Qaradaoui a rapidement rejoint la Confrérie des Frères musulmans, rapporte le correspondant de Rfi au Caire, Alexandre Buccianti. Considéré comme l’un des pères spirituels de la confrérie fondée en 1928 en Égypte, il a été emprisonné à plusieurs reprises dans son pays où les Frères musulmans sont désormais considérés comme « terroristes » et encourent la peine de mort pour appartenance à leur organisation.
Cela lui a valu d’être emprisonné à 23 ans sous la monarchie puis trois fois sous le président Nasser. Le cheikh s’exile au Qatar au début des années soixante. Il y crée alors la faculté de charia, obtient la nationalité qatarienne et devient un des conseillers de l’Émir qui le place à la tête de l’Union mondiale des oulémas de l’islam.
Sermons retransmis sur Al-Jazeera
Le célèbre prédicateur, dont les sermons étaient souvent retransmis par la chaîne satellitaire qatarie Al-Jazeera, présidait l’Union internationale des savants musulmans, une association de religieux sunnites basée dans ce petit émirat gazier du Golfe. En 2012, il est déclaré persona non grata par le président français Sarkozy pour « son soutient aux thèses extrémistes musulmanes ».
En 2017, en pleine tension avec le Qatar, l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Bahreïn le mettent sur la liste terroriste en tant que Frère musulman. En 2018, il a été condamné à la perpétuité par un tribunal militaire égyptien.
Sa fille Ola al-Qaradaoui est elle-même poursuivie en Égypte pour « appartenance à une organisation interdite » et « participation à son financement ». Elle a déjà passé quatre ans et demi en détention préventive et, si elle a été libérée fin 2021, les charges retenues contre elle pèsent toujours.