Mépris. Tel est le mot qui suffit à caractériser le comportement des autorités de la République très prompte à recourir à la location des avions privés pour leurs déplacements à l’étranger. Et c’est à se demander si les ministres de la République ne se moquent pas des résolutions qu’ils prennent eux-mêmes en Conseil des ministres et s’ils se soucient de l’utilisation rationnelle des finances publiques. Sans conteste la réponse est oui pour la première interrogation et non pour la deuxième. Il n’est qu’à voir le coût exorbitant qu’ils consacrent à la location d’avions privés pour leurs déplacements à l’extérieur du pays. Bien qu’ils soient poussés dans le dos par une mesure adoptée en Conseil des ministres qui les oblige à emprunter les lignes commerciales, le président de la République et ses ministres ont dépensé la rondelette somme de 12,5 milliards de francs CFA entre 2007 et 2010 depuis que la pointe de Sangomar a été clouée au sol suite à une fissure dans le cockpit au moment où l’avion de commandement survolait l’Espagne. Incident qui avait nécessité un atterrissage en catastrophe à Palma de Majorque, en Espagne.
Depuis cette date, la location d’avions privés est devenu le sport favori de certains ministres et du président de la République qui semblent ignorer le souci de rationalisation dans l’utilisation des ressources publiques et narguent la volonté claironnée de réduction des charges de l’Etat. Un souci pourtant antérieur à l’incident de Palma de Majorque et exprimé lors du Conseil des ministres qui s’etait réuni en sa séance du mercredi 16 juin 2004 au palais de la République sous la présidence de Me Abdoulaye Wade. Dans le communiqué du gouvernement, il est clairement indiqué que : « l’Etat, a pris une importante mesure visant à réorganiser les conditions de déplacements à l’étranger des agents de l’État. » Ainsi, pour mettre un terme aux extravagantes sommes dépensées par les ministres, l’Etat avait entrepris de secouer la fourmilière en adoptant un projet de décret portant réglementation des déplacements à l’étranger et fixant les taux des indemnités de mission.
Sous ce rapport, le communiqué est sans équivoque, il indique que les voyages en première classe sont désormais réservés aux plus hautes personnalités de l’Etat. Selon le communiqué, « Désormais, à l’occasion des missions à l’étranger, seuls sont autorisés à voyager en « Première Classe » à bord des avions commerciaux, le Président de la République, le Président de l’Assemblée nationale, le Premier Ministre et le Président du Conseil de la République pour les Affaires économiques et sociales. »
PREMIERE CLASSE POUR LE PRESIDENT, CLASSE AFFAIRE OU TOURISTE POUR LES MINISTRES
La mesure a été aussi étendue aux ministres, et aux autres agents de l’Etat. Pour ces derniers, le conseil révèle qu’ils voyageront soit en « Classe Affaires », soit en « Classe Touriste ». Nulle part dans ce document il n’est indiqué la possibilité pour le président de la République encore moins pour les ministres la possibilité d’affréter un avion privé.
Seulement cette tentative d’optimisation des dépenses concernant les déplacements à l’étranger des agents de l’Etat semble tomber dans l’oreille de sourds, elle s’est plutôt heurter à la mauvaise volonté des autorités qui ont versé dans une politique d’affrètement outrancier sans précédent d’avions privés. A preuve l’affrètement de jets Falcon par les délégations sénégalaises qui se sont rendues à Charm El Cheikh, en Egypte lors du sommet Chine-Afrique et en Inde lors de la réunion de la commission Inde-Sénégal. Un recours à un rythme immodéré à la location d’avions privés qui a coûté au Trésor public, selon des sources logées au ministère du Budget, la somme de 12,5 milliards de FCFA en moins de trois ans.
En clair, l’objectif visé par ces mesures prises en Conseil des ministres de mettre fin aux dérapages a été vain. « Ces mesures de haute portée prises par le chef de l’Etat permettront au Gouvernement de faire de économies considérables sur les ressources destinées aux déplacements à l’étranger, qui pourront être consacrées à une utilisation plus judicieuse », renseigne le document. Mais à l’arrivée la montagne aura accouché d’une souris, car vraisemblablement rien n’a changé et la situation n’a fait qu’empirer. La politique frénétique d’affrètement d’avions privés et les dépenses somptuaires ont pris un tel relief que la dernière mission du Fonds monétaire international (FMI) en visite au Sénégal a jugé nécessaire de tirer la sonnette d’alarme et d’en faire état au ministre de l’Economie et des finances. Pour toute réponse, Abdoulaye Diop a expliqué qu’il s’agit là de dépenses de souveraineté indispensables à la marche de l’Etat. Une manière de laisser entendre que le confort des autorités vaut toutes les dépenses. Même les plus loufoques.
Mamby DIOUF
lagazette.sn
PS: titre choisi par xalima.com
please help le senegal et les senagalais